Les cheveux dans le vent, je me dirige vers un endroit que je connais beaucoup trop bien, à mon goût. D'un pas incertain mais rapide, j'entre dans le cimetière de mon village d'enfance. Je viens rendre visite à ma mère. Cela fait environ deux mois que je viens ici, chaque jour. Je parle, raconte ma journée, mes sentiments, ce que je pense. Et j'attend, à chaque fois, une réponse, qui, bien évidement, ne vient jamais. Du moins, techniquement, parce que pour moi, elle me répond avec toute l'attention dont elle possède.
Une fois arrivée devant sa tombe, peinte des couleurs de l'arc-en-ciel par les soins de ma sœur et de moi même il y a quelques jours de cela, je pose délicatement un bouquet de roses rouges. Ses préférées. Ainsi que celles de son papa. Et les miennes également. Elle me manque, bien évidement, mais depuis sa mort, je n'ai toujours pas pleuré. Je n'y suis tout simplement pas arrivée, pourtant j'ai vraiment essayé, me demandant si j'étais un monstre de ne pas verser des larmes le jour de l'enterrement de sa maman. Je pense que j'ai juste été trop choqué.
J'ai été là. J'ai été présente lorsqu'elle a quitté le monde des vivants. Juste nous deux. Dans sa voiture noire, nous étions entrain de rigoler à gorges déployées, nos cheveux emmêlés emportés par le vent, écoutant de la musique et chantant à tue-tête, lorsque soudain, une voiture surgit de nulle part. J'étais au volant. C'est moi qui conduisait. Je venais d'avoir mon permis de conduite accompagnée. Et il a suffit qu'un chauffard nous coupe la priorité pour que ma mère meurt sur le coup. J'ai, malheureusement, survécu. Certes, avec quelques séquelles, mais mon esprit et mon corps sont toujours là. J'aimerai tellement pouvoir revenir en arrière. Pouvoir lui dire tous les jours que je l'aime très fort. Pouvoir lui faire un câlin pour la dernière fois. Pouvoir l'embêter sur son âge. Pouvoir la voir sourire, et chanter avec moi. Mais c'est impossible. Et elle ne reviendra pas. Jamais. Je le sais, et c'est bien pour cela que je viens la voir, ici, tous les jours depuis deux mois.
Ma petite sœur, plus jeune que moi de deux ans, a juste été dévasté lorsqu'elle a apprit nos états critiques. Mon père ? Il a pleuré toute la nuit à l'hôpital, pensant sûrement que je dormais. Mais je n'y arrivais pas, alors je l'ai observé, pleurant pour sa défunte femme qu'il aimait toujours autant après quinze ans de mariage, et pour sa fille qui a faillit également y passé.
Deux mois. Deux de mois que ma mère a rejoins ses parents. Ma sœur, Sophia, continue de pleurer tous les soirs dans son lit, pensant que je ne l'entends pas. Avant, j'allais la réconforter, mais je me suis rendue compte que seul le temps pourra l'aider. Mon père, quant à lui, au début, ressemblait a une épave, mais il s'est repris en main pour nous deux, ses « anges », comme il adore nous appelé. Et puis, moi, je traverse cette dure épreuve en écrivant ce que je ressens, et en comptant sur mes amis.
Comme je l'ai déjà dis, je suis dans mon village d'enfance, situé dans le Sud Est de la France. Plus précisément, dans l'arrière pays de la côte d'azur. Étant enfant, je venais ici chaque été. Deux mois complets, non stop avec les mêmes personnes, tous « enfermés » dans le même village. En grandissant, et suite aux problèmes de santé de ma sœur, qui a eu le cancer pendant de longues années, nous sommes montés de moins en moins. Ce village, c'est une énorme partie de ma vie, quiconque veut apprendre à me connaître devra passer par ici. Beaucoup de bruits, d'odeurs, de sensations me refont penser à mon enfance dans ce petit village. Lorsque j'arrivais, en juillet, je retrouvais tous mes amis, que je n'avais pas vu de toute l'année. Mais c'est comme si on ne s'était jamais quitté, comme si nous nous étions tous vu durant l'année qui venait de s'écouler. Et même en grandissant, lorsque je venais de moins en moins souvent, ce ressentiment a persisté. Et c'est comme ça, que je me suis retrouvée avec deux meilleurs amis sur le dos. Dylan et Cassidy. Des jumeaux. Des faux, bien sûre. Nos parents se connaissaient déjà bien avant nos naissances. Nos grands parents étaient amis.
J'ai tellement de souvenirs dans ce petit village, qui pour certain pourrait être un fardeau, un endroit maudit, mais qui pour moi, est l'endroit le plus calme, le plus merveilleux au monde. Les jumeaux ressentent la même chose que moi, ils me l'ont dis.
Cet été, au lieu d'arriver en juillet, comme c'était prévu, nous sommes arrivé deux mois plus tôt, en mai, suite à l'accident. Et nous avons alors enterré ma mère ici, elle aimait encore plus que moi cet endroit. Durant deux mois, j'ai été seule avec ma famille puisqu'aucun de mes amis ne sont encore arrivé, la plupart avait leurs examens en fin juin. Je les attends vraiment avec impatience, pour qu'ils puissent un peu me divertir. Je suffoque. Littéralement.
Lorsque je raconte à ma maman à quel point mes amis me manquent, je sens alors une présence derrière moi et entend des pas sur le gravier encore humide. Deux bras m'enlacent. Confuse, je ne bouge pas.
-Je sais ce qui est arrivé Abby, je suis vraiment désolé. Pour tout. Et surtout, de ne pas avoir pu venir plus tôt. Murmura-t-il.
Soulagée qu'il soit enfin arrivé, je ferme les yeux, et resserre son étreinte.
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Juste, dis le.
Roman pour Adolescents"-Dylan, tu es mon meilleur ami d'enfance, on ne peut pas se permettre d'avoir des sentiments l'un pour l'autre. Tu comprends ? -Non, absolument pas, mais si tu le désires, je m'éloignerai de toi. -Non, ce n'est pas du tout ce que je veux. Si ça ne...