Chapitre 10

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L'appel du muezzin annonçait la prière du crépuscule ,ma copine s'était levée pour retourner dans la concession. A cette heure là , si elle n'est pas chez elle , son père râle car il dit que c'est l'heure où rôdent les mangeurs d'âmes rendus invisibles par la nuit naissante.
Pour rentrer chez moi cependant , j'avais eu la flemme de faire un grand détour . je pris donc la ruelle que tous les villageois évitent parce qu'elle débouche sur la case de Dimba la sorcière : une femme qui a vécu dans le village il y a une dizaine d'année .
On raconte qu'elle s'est installée dans notre bled , toute seule , sans mari ni enfants, et qu'elle avait fui son village après avoir dévoré le fils de sa coépouse.
Ici , entre de corvées ménagères , on s'occupe à faire circuler des histoires plus ou moins extravagantes et l'on ne sait jamais d'où elles viennent ni jusqu'où elles peuvent aller .
De toute façon , même sans cette rumeur , on se suspecterait l'étrangère installée parmi nous , parce qu'il n'est pas dans nos coutumes de voir une femme vivre seule .
Dimba avait des yeux d'un rouge insoutenable et des lèvres étonnament noires . Personne ne lui adressait la parole , mais on n'arrêtait pas de parler d'elle . A son passage , les vieilles personnes récitaient des litanies pour se protéger de son pouvoir maléfique et les enfants se cachaient derrière les pagnes de leurs mères en pleurant .
Dimba marchait comme une reine , indifférente aux commentaires qu'elle suscitait .

LA NUIT  EST TOMBÉE SUR DAKAROù les histoires vivent. Découvrez maintenant