5- Anastasia

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Octobre 2003

Charlotte aimait beaucoup le nouveau look d'Avery. Il n'y avait pas a dire, elle portait le collier de chien mieux que personne.

En ce dimanche matin, où, comme elles en avaient l'habitude, elles avaient suivi leurs mères à l'ouverture de la nouvelle exposition de peintures du château de Val, elle pouvait reconnaitre son amie de loin. Il était très marrant de la voir déambuler avec son jean déchiré et son sweet offprings au milieu des costards cravates, faisant la conversation comme si elle était l'une des leur avec sa coupe de champagne remplie de jus d'orange. La blonde admirerait toujours sa capacité à faire la conversation avec n'importe qui, dans n'importe quelles circonstances. Comme là, où elle discutait d'harmonie des couleurs avec le patron de la plus grosse entreprise de la région comme si c'était un pote de collège. Charlotte se regarda dans le miroir de la galerie, affublée de son pantalon à pinces et de son chemisier parfaitement repassé et se dit que personne ne pouvait imaginer qu'elles étaient les meilleures amies du monde.

Vraiment, elle appréciait ce changement. Elle aurait juste préféré que Margot ne la glorifie pas autant. Etant une fan inconditionnelle d'Avery, sa petite sœur ne voyait maintenant plus que par le noir que son amie rendait si cool. Ah on pouvait dire qu'elle détonnait elle aussi à l'école, c'était la seule enfant de CE1 qui semblait revenir d'un enterrement.

Quand elle eu fait le tour de toutes les œuvres d'art deux fois, la joueuse de tennis attendit avec impatience que son amie arrête d'être aussi sociable pour venir la rejoindre. Elle se plaça a proximité d'une fenêtre pour regarder le lac s'étendre au pied du château.

Alors que son esprit s'égarait dans les souvenirs de toutes les aventures qu'elles avaient vécu entre ses murs, une voix familière résonna à ses oreilles.

— On se fait chier ici, on va jouer?

Charlotte se tourna vers une Avery tout sourire qui n'avait rien perdue de la joie qu'elle avait enfant. Elle lui répondit par un signe de tête et la suivi au premier étage dans la salle à manger du château. Ici, pas d'exposition de tableaux ou de buffet, tous les meubles présents étaient disposés là pour montrer aux visiteurs la vie qu'avaient mené les habitants de la bâtisse. La pièce était totalement déserte et un frisson parcourut la blonde en imaginant ce que les anciens occupants devaient y ressentir la nuit.

— Il faudrait me payer une fortune pour que j'accepte d'habiter une maison pareille, s'exclama-t-elle.

La brune, occupée à regarder si un humain pourrait passer dans le conduit de la grande cheminée n'était pas d'accord.

— Moi je supporterais bien la vie de château.

— C'est lugubre et froid.

— Ah bien sur, si je devais y rester seule, ce ne serait pas la même. Mais une famille entière vivait ici, avec des domestiques et tout. C'était un foyer. Si ça se trouve rempli d'amour. C'est ça qui compte.

Puis, après un instant d'hésitation, elle sortit de la cheminé.

— Attend, viens voir, je vais te montrer.

Avery se positionna au centre la salle a manger, face à son amie dont elle prit les deux mains dans les siennes.

— Imagine une soirée d'hivers où la pluie martel les vitres, la pièce éclairée de pleins de chandeliers, là, sur la table, sur le rebord de la cheminée.

— Pour l'instant ça m'évoque plus un film d'horreur qu'un foyer.

— Chut. Un feu bien chaud réchauffe la pièce, le couvert est mis sur la table, attendant d'être rempli. Les domestiques s'affairent en cuisine, les enfants s'amusent dans ce coin là bas. Le grand joue un air de violon pour nous distraire.

Ma personne préféréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant