14- musique triste

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15 aout 2007

Charlotte pouvait affirmer sans aucune hésitation que c'était l'été le plus triste de sa vie. Avery avait totalement coupé les ponts. Elle ne répondait plus aux sms, était systématiquement hors ligne sur msn, s'arrangeait pour ne pas être présente aux mêmes soirées qu'elle. Ses vacances se résumaient à jouer au tennis, à quelques après-midi baignade et des balades avec sa petite sœur. Ses soirées, elles, n'étaient que de longues heures passées à regarder le plafond de sa chambre avec pour seule compagnie la multitude de questions qui lui encombraient l'esprit. 

Le plus douloureux avait été le 14 juillet. D'ordinaire, les deux amies se rejoignaient sur le stade, allongées sur une minuscule couverture, à chanter faux sur la musique du spectacle en regardant le ciel se parer d'une multitude de couleurs. Cette année, elle avait regardé le feu d'artifice de la terrasse d'un ami de ses parents en écoutant les adultes médire sur des gens qu'elle ne connaissait pas. Mais cette douleur et cette solitude n'avait rien de comparable à ce soir de 15 aout. Pour ce jour férié, la ville avait rendu piétonne l'avenue principale pour que les bars et restaurants puissent créer de gigantesques terrasses sur la route. Presque chaque bar avait engagé un groupe de musique différent pour faire l'animation et bien sûr, celui d'Avery et Alison faisait partie du lot.

Charlotte aurait voulu échapper à ce spectacle, mais c'était sans compter sur Margot, fan incontestable de la guitariste, qui avait invité toutes ses amies en passe d'entrer en 6éme à venir voir la fille la plus cool du monde jouer avec son groupe de rock. Pour son premier concert, la jeune fille avait même fait une pancarte d'encouragement pour Avery. Et comme ses parents avaient insisté pour qu'elle les accompagne, la joueuse de tennis n'avait pas pu y échappé et devait rester là, devant son diabolo menthe, à subir la vision de sa personne préférée qui refusait de lui adresser la parole.

C'était insupportable pour elle. La brune était si proche et pourtant paraissait si inaccessible. Elle aurait tout donné pour pouvoir la prendre dans ses bras, lui demander pardon et lui jurer qu'elle ne recommencerait pas. Mais elle savait que ça ne résoudrait rien. Elle en était même venue à la réflexion que c'était à cause d'elle qu'Avery ne trouvait pas de copine, parce qu'elle la retenait d'une façon ou d'une autre sans le vouloir. Elle ne pouvait pas revenir comme une fleur, elle avait conscience que cette séparation était nécessaire. Mais qu'est-ce que ça pouvait être douloureux... 

Le pire, c'était que ça ne semblait pas lui faire du bien. A Avery. Cette dernière d'ordinaire joyeuse et généreuse qui ne se débarrassait jamais de son sourire lorsqu'elle avait une guitare en main semblait éteinte. Pire, elle semblait triste. Un spectateur non averti aurait pu croire qu'elle était concentrée mais Charlotte la connaissait par cœur. Pour son premier concert en public, elle aurait dû exploser de joie et la transmettre à tous ceux qui avaient la chance de l'écouter. Or là... Son regard était vide, ses pensées ailleurs, ses doigts bougeaient sur les cordes sans que son corps ne transmette quoi que se soit. Ça encore, c'était la faute de Charlotte. Non seulement la blonde s'apitoyait sur son sort, mais durant cette été, pas une seule fois elle s'était demandé si son amie était aussi affectée qu'elle de cette séparation. Se dégoutant elle-même, 

Charlotte finit son verre et demanda si elle pouvait rentrer à pied. Devant l'air qu'elle arborait, ses parents n'eurent pas la force de lui dire non.

Ma personne préféréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant