15- Au bord de la piscine

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1 septembre 2007

Allongée sur son matelas gonflable dans la piscine d'Alison, un jus de fruit à la main, les lunettes de soleil sur le nez, Avery profitait de son dernier jour de vacances.  

— Je pense que la rentrée devrait être interdite tan qu'il fait beau, commenta-t-elle.

Alison, très occupée à repeindre ses ongles de pied sur le rebord de la piscine confirma. 

— Bronzer, jouer de la musique et dormir une a deux semaines de plus ne serait pas pour me déplaire. 

Tout à coup, le portable de la propriétaire des lieux s'alluma.

— Merde, souffla-t-elle. C'est Charlotte. Elle me demande si elle peut passer.

Avery sortie de l'eau aussi vite que si elle s'était mise à bouillir. Elle commençait déjà à se rhabiller sous le regard blasé d'Alison par-dessus ses lunettes de soleil. 

— Tu pars déjà ?

— Ouais, j'avais oublié, faut que j'aille aider mes parents au magasin.

— C'est ça, prend moi pour une conne. 

La guitariste posa un bisou sur sa joue en la remerciant pour l'après-midi avant de prendre la fuite pour rejoindre son scooter garé dans la rue. Au moment d'ouvrir le portail, elle se retrouva nez à nez avec celle qu'elle aurait voulu fuir. 

Elle déglutit. 

— Salut.

— Salut, lui répondit Charlotte d'une voix rocailleuse.

Ses yeux étaient rouges et sa gorge semblait nouée. Il n'y avait pas de doute, elle avait pleuré. Avery mourait d'envie de la prendre dans ses bras pour lui demander ce qui n'allait pas mais elle s'abstint. Non. Prendre ses distances. Voir comment les choses évoluaient et surtout, surtout, ne pas succomber à la tentation. C'était les limites qu'elle s'était fixé pour tenter de sauver son amitié avec la jeune fille. Elle mit son casque et démarra son véhicule pour partir de là avant de mettre à mal toutes ses résolutions. 

La blonde pénétra dans le jardin et traversa la pelouse en tentant de ravaler ses larmes. Elle rejoint son amie et s'assit sur un transat. Alison continua sa pédicure sans la regarder. 

— Vous savez les filles, je vous adore, dit la brune. Et dieu sait que j'aime les dramas. Mais là va falloir trouver une solution parce que je sais plus comment vous gérer.

 En guise de réponse, elle entendit son interlocutrice renifler. Paniquée, la batteuse releva la tête vers elle et enleva ses lunettes de soleil. 

— Ben, qu'est-ce qu'il se passe ma puce ?

Charlotte prit son courage à deux mains pour avouer ce qu'il en était face à Alison qui avait pris place sur le bout du transat adjacent. 

— J'ai couché avec Julien.

 Les sourcils de la brune remontèrent au milieu de son front. 

— Vu la tête que tu tires, ça ne devait vraiment pas être la joie. 

— Si. Enfin... Je veux dire qu'il n'a rien fait de mal. C'est moi qui ait initié le truc. Il a été doux et tendre mais...

— Mais t'as pas pris ton pied. En même temps, tu sais la première fois c'est jamais ouf. 

— Le problème, c'est que si. Ma première fois, c'était un truc de fou. 

Cette fois, Alison se recula pour mieux l'observer. 

— Attend, quoi ? C'était pas ta première fois ? 

— C'était la troisième en vérité.

 La propriétaire des lieux ne tenait plus en place. 

— Ne me dit pas que... Oh putain. Mais c'est pour ça que vous vous parlez plus toutes les deux ! Mais comment j'ai pu passer à côté de ça ! Après la danse ultra sexy que vous nous avez fait à ma fête ! 

Voyant les larmes de Charlotte menaçaient sérieusement de se remettre à couler, elle calma son euphorie. 

— Donc, je suppose qu'avec Avery, c'était mieux...

— Plus que mieux... Ali... C'était parfait. J'étais en confiance, on était en osmose dans nos envies, dans nos besoins... C'était fort et intense... Jamais je n'avais vécu un truc pareil. Alors je m'étais dit que c'était parce que c'était la première fois. Mais on a recommencé, et c'était encore mieux ! Et maintenant, elle veut prendre du recul, parce que les copines ne font pas ça. Alors je me suis dit que moi aussi je devais passer à autre chose et le faire avec Julien, mon copain, que j'aime. Et... ça n'avait rien à voir... C'était comme si on était des automates qui suivaient le protocole décrit dans le manuel. Physiquement, c'était cool. Emotionnellement... Le Néant.

Consciente que chaque mot qu'elle prononcerait maintenant serait déterminant pour l'avenir de ses deux meilleures amies, Alison prit son temps. Elle se redressa, attrapa doucement les mains de Charlotte dans les siennes pour lui montrer son soutient, encra son regard dans le sien et déclara d'une voix douce. 

— Ma chérie, les amies ne font pas ça. Et les amies ne ressentent pas ça... As-tu envisager que, peut-être, l'amour passionnel qui vous lit depuis... toujours, n'était pas amical. 

L'intéressée essuya ses joues avec sourire triste. 

— Oui. Plus d'une fois à vrai dire. Mais Avery est catégorique. Dans sa tête, je suis hétéro, ça ne pourra pas fonctionner et notre amitié en pâtirait. 

— Et toi, t'en penses quoi ?

— Je pense qu'au point où on en est, notre amitié en pâtie déjà. 

La brune n'ajouta rien, laissa l'idée faire son chemin dans la tête de son amie et lui offrit un câlin.

Ma personne préféréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant