04/02/22 • Enfermée, covidée...

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Bon, voilà, tout est dans le titre... J'ai le covid.


Perdue entre les mouchoirs, les masques et le gel antibactérien, je n'en peux plus. J'ai envie d'aller au lycée, revoir tout le monde, je ne vois même presque plus ma famille. Je mange à l'écart, je tousse, je tousse beaucoup. Je me mouche toutes les minutes, crache du sang depuis ce matin, parfois j'ai mal à la tête, et ma gorge continue de me faire mal. Rien que d'avaler sa salive peut s'avérer être une épreuve.


En soi, j'ai plutôt de la chance. 𝓟𝓪𝓻𝓲𝓼, elle l'a eu trois fois, ce foutu covid, et à chaque fois, c'était bien pire que moi. Mais le problème avec le covid c'est que c'est un peu une pochette surprise: tu ne sais pas sur quoi tu vas tomber. Est-ce que ça va s'arrêter là ? Ou bien j'en suis qu'au début ? J'en sais rien. On n'en sait rien. Personne n'en sait rien. On est là, à attendre, à voir comment ça évolue.


Ça ne doit pas évoluer. Il faut que lundi je revienne en cours. Il faut que ça s'arrête, que je guérisse. Je veux passer à autre chose. Avancer, faire quelque chose. Mais j'ai surtout l'impression d'être immobile, impuissante, tandis que le monde poursuit sa route.



~ ♣ ~



Tout a commencé mardi, le 1er février. Je m'étais réveillée avec un léger mal de gorge. Je suis allée en cours, pensant que j'avais juste attrapé froid la nuit tsss j'aurai du me couvrir un peu plus... J'avais fait des tresses, j'avais mis mon nouveau haut, j'étais toute mimi et contente de mon look. C'était vraiment une bonne journée, la prof d'allemand nous avait rendu les compréhensions orale et écrite. J'avais eu 20. Dans les couloirs, on me complimentait sur ma coupe et mon haut. Le soir (c'était le nouvel an chinois) j'allais mangé un bon repas. De plus j'étais de bonne humeur, 𝓔𝓵 𝓟𝓸𝓽𝓸 𝓭𝓮 𝓛𝓪𝓼 𝓥𝓮𝓰𝓪𝓼 et moi, on s'était plus que réconciliés.


Mais il y avait ce mal de gorge, ce foutu mal de gorge qui ne me quittait pas. En Allemand, ça commençait déjà à être très embêtant. Je feignais partir me moucher (la prof nous donne l'autorisation de sortir de la classe pour se moucher), pour enlever mon masque et essayer de respirer de l'air frais par la bouche pour calmer la douleur. Je sais que ça peut aggraver le truc mais j'avais besoin de calmer la douleur.


Le pire ça a été le soir. Je n'osais même plus parler. Ce repas de famille, où l'on était censé partager un moment en commun, je n'y étais qu'à moitié. Manger me faisait du bien mais à chaque fois que j'avalais, je n'étais pas bien. Mon père l'a remarqué.


Il faut savoir que je me plains très rarement. Souvent quand j'ai mal au ventre, je prends sur moi et me dis que ça va passer. Mon père dit que je tiens de ma grand-mère. Il m'a grondé sur le fait que j'aurai du leur dire si je n'allais pas bien. 



J'ai fait deux autotests. En fait, personne n'y croyait. On en avait fait un vraiment au cas où mais on ne s'y attendait vraiment pas. Au bout du deuxième, il n'y avait plus de doute... J'avais le covid. J'ai du prévenir ma classe sur le groupe snap, le lendemain je devais faire un test antigénique, et pendant que les autres allaient revenir à l'école, j'allais rester chez moi. 


Je me rappelle avoir eu peur, peut-être un peu trop peur. J'avais écrit sur un bout de feuille ce jour-là. Avec le recul, je me rends compte que je dramatisais un peu (beaucoup) , sous le choc et la fatigue surement...


Ça me fait peur. Ça me fait peur parce que je dois être confinée à un moment où j'étais peut-être la meilleure version de moi-même. Je vais être confiné alors que je trouvais enfin ma place, une place solide dans la classe. Ça n'a pas été toujours facile mais je l'ai fait et là, on voudrait m'enlever du tableau. Ne plus pouvoir faire quoi que ce soit. En fait ça me rappelle juste le premier confinement. J'étais au top de ma forme, au top mentalement, au top avec les autres, j'étais moi, libre, je ne craignais pas le regard des autres, j'en étais libérée, je vivais juste ma vie librement. Et puis, du jour au lendemain, plus rien. Non, c'est faux. Ça allait bien en vérité, tout ce passait bien au début. Les premiers mois, c'était génial même ! Mais la fin m'a laissé des traces... De grosses traces qui aujourd'hui me font peur. En fait, c'est ce mot, c'est ce mot qui me fait peur: confinement. Ça fait écho à tellement de choses, tellement de souvenirs. Ça me rappelle aussi 𝓚𝓮𝓽𝓬𝓱𝓾𝓹. Beaucoup trop d'ailleurs. J'ai peur qu'on m'oublie. C'est peut-être enfantin comme réaction mais c'est vrai. Les gens continuent à vivre, c'est normal. Mais c'est dur d'admettre qu'ils peuvent continuer de faire tout ce qu'ils faisaient, sans vous. En même temps, ça serait prétentieux d'imaginer le contraire.  Ceux qui ont été confinés avant moi, les gens avaient presqu'oubliés qu'ils étaient dans notre classe. Alors ok, ils n'étaient pas non plus très actifs en cours et ne se faisaient déjà pas beaucoup remarquer quand ils étaient là mais je ne sais pas. J'ai peur. Peur aussi de ce virus, je ne sais comment va réagir mon corps. Tiens bon, princesse, tiens bon. Enfin... nous verrons.


𝕃𝕖 𝕧𝕣𝕒𝕚 𝕁𝕠𝕦𝕣𝕟𝕒𝕝 𝕚𝕟𝕥𝕚𝕞𝕖 𝕕'𝕦𝕟𝕖 𝕧𝕣𝕒𝕚𝕖 𝕝𝕪𝕔é𝕖𝕟𝕟𝕖#2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant