Chapitre 8

48 6 0
                                    

Nous avions passé une excellente soirée et la semaine qui suivit ne fit pas redescendre la pression. Un sourire accroché constamment et inlassablement à mes lèvres ne me lâchait plus désormais. Mes mains toujours accrochées à ce petit appareil dans l'espoir de recevoir un énième message de sa part, m'indiquant qu'elle aussi pensait à moi. Mon cœur, battant, vivant comme jamais, attendant de frôler la crise cardiaque à chaque fois que son prénom apparaitrait sur l'écran de mon téléphone. Tous les moments de ma journée étaient camouflés derrière son regard. Son visage ne parvenait pas à sortir de mon esprit. Quoique je sois en train de faire, elle m'obsédait, à chaque heure du jour comme de la nuit. Elle était celle qui occupait toute mes pensées où que je sois.

Une semaine aussi intense et rapide que la précédente. Et pourtant ? Une semaine qui parut tout de même interminable à mes yeux. Il m'était insupportable de devoir attendre le vendredi suivant pour qu'il le soit donné de nouveau l'occasion, la possibilité de la voir de nouveau. Encore une fois, nous n'avions pas pu nous voir de la semaine. Nos emplois du temps ne nous le permettaient sans doute pas pour le moment, et surtout ... Aucun de nous deux n'osait faire le premier pas pour inviter l'autre. Nous nous contentions de nous croiser, par hasard, les soirs de week-end, entourés de nos amis, dans notre endroit favori, où je ne pouvais m'empêcher de jeter des regards furtifs, dans toutes les directions, toutes les trente secondes, afin de constater ou non son arrivée. Quand j'allais là-bas, je n'attendais plus qu'elle désormais.

Mon envie de la voir tous les jours était pourtant bien présente, pesante, pressante, envahissante. Je m'étais vu des milliers de fois oser. Oser lui demander de sortir, oser lui demander de se voir, rien que tous les deux, comme nous l'avions fait le week-end de notre véritable rencontre. Mais je n'y parvenais pas. Je ne trouvais pas le courage de le faire. Malgré tous les signaux positifs qu'elle m'avait envoyés lors de cette dernière soirée, je continuais à croire qu'elle ne voulait pas de moi de la même façon que je voulais d'elle. Elle s'amusait sans doute, m'appréciait probablement. Mais il m'était impossible de penser qu'elle en attendait plus de nous deux.

Dans cette histoire, je ne me faisais absolument pas confiance. Je ne me pensais absolument pas capable de l'avoir séduite ou de pouvoir le faire dans un avenir proche. En tout cas, pas dans l'état dans lequel je me trouvais actuellement. Je savais pertinemment que l'un de nous deux détruirait tout. Et il était fort probable que ce soit moi, sans aucun doute. Soit par fierté, soit par incertitude, soit par manque de confiance. En tout cas, à ce moment précis, j'étais sûr d'une chose. Elle ne m'aimerait jamais comme je pourrais l'aimer, comme je l'aimerais si je laissais les choses se faire de mon côté, si je me laissais aller une bonne fois pour toute.

Et pourtant une certitude c'était encrée en moi ces derniers temps : elle était la bonne malgré tout, elle était celle avec qui je voulais être. Et Tom ... Tom qui ne m'aidait absolument pas dans cette histoire. Il ne faisait que m'encourager. Il passait son temps à ne voir que le positif, à ne voir que les bons côtés. C'était tout lui ça ! Il ne voyait qu'une histoire qui pouvait bien finir alors que moi je ne voyais que le contraire, quelque chose de triste et de sombre. Je me voyais, à la fin d'une éventuelle relation, au fond du gouffre, ne vivant plus et ne voulant plus de rien. Je savais déjà aujourd'hui qu'elle avait le pouvoir de me détruire, définitivement cette fois-ci, sans aucune possibilité de retour en arrière, sans aucun espoir de guérison ou de rémission. Tout finirait mal. Inévitablement.

Malgré tout, j'étais sûr que je me laisserais aller si elle m'en donnait l'occasion. Malgré toutes ces craintes et ses peurs... Même avec tout ce qui me pendait au nez. Je n'arrivais pas à faire la part des choses. Je me retrouvais pour la première fois le cul entre deux chaises avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Il fallait que je fasse un choix : rester, l'adorer, l'aimer, tomber amoureux et ne plus vouloir me détacher d'elle, jamais ... Au risque de n'être plus rien à la fin. Ou ... la fuir, la détester, la haïr, m'éloigner à jamais de ses bras ... Au risque de n'être plus rien à la fin.

Ce choix, j'étais aujourd'hui incapable de le faire. Encore dans l'euphorie des débuts, de la première rencontre, des premiers émois. Il m'était impossible de ne voir que le positif. Il m'était impossible de ne voir que le négatif. Je virevoltais constamment entre des émotions tellement opposées que je pensais commencer à devenir fou.

Et c'est elle qui me rappela à la réalité, au milieu de ces pensées aussi joyeuses que moroses, elle apparut soudainement.

J'étais allongé sur mon canapé, les yeux dans le vague quand la sonnerie de mon téléphone retentit. Un appel. Son nom s'affichait sur mon écran alors qu'il ne l'avait jamais fait de cette manière-là encore. Jusque-là, nous nous contentions de message. Hésitant et le cœur battant, ratant quelques battements, je glissais mon doigt sur l'écran pour lui répondre. Elle ne me laissa pas le temps d'en placer une.

- Hey ! Dis, tu fais quoi là ?

Dans sa voix, mille émotions apparurent. La joie, la malice, l'envie. Rien de négatif n'avait sa place à ce moment précis. Cette énergie m'envahit moi aussi et un sourire douloureux s'imisça au creux de mes lèvres. Elle avait l'air d'avoir préparé un mauvais coup ; mais pas le genre de mauvais coup qu'on aimerait éviter à tout prix. Plutôt ce genre de mauvais coup que l'on aime recevoir de la part des gens qu'on aime. Un mauvais coup malicieux, qui finirait par des sourires puis des rires.

- Euh, rien d'extraordinaire. Je viens de rentrer du taff, je suis affalé sur mon canapé. Pourquoi ?

- Tu me rejoins ?

- Te rejoindre ?

- Oui, j'ai un truc à te montrer.

- Ok ... même endroit que d'habitude ?

- Oui, j'y suis déjà alors dépêche-toi !

- Ça marche. À tout de suite.

- À tout de suite.

Malgré le ton qu'elle avait pris, je ne me méfiais plus. J'étais trop curieux de savoir ce qu'elle voulait me montrer et surtout vraiment pressé de la voir encore une fois. Y compris dans mes souvenirs les plus lointains, je ne m'étais jamais levé aussi rapidement de ce canapé. Tout simplement, je n'avais jamais traversé mon appartement en courant. Arrivé dans la salle de bain, je pris une douche et me prépara à la vitesse de l'éclair, manquant de tomber un bon nombre de fois. Si bien, qu'en vingt minutes, j'étais déjà devant la porte en train d'enfiler mes baskets et en vingt-cinq minutes, déjà sorti du parking de l'immeuble.

L'impatience prenait toute sa place à l'intérieur de moi. Toujours au maximum de la limitation de vitesse autorisée, frôlant l'excès de vitesse, je me rendais le plus rapidement qu'il m'était donné à notre point de rendez-vous favori. Comme toujours, le sourire aux lèvres. Si bien, que je devais paraitre complètement con, à sourire tout seul dans ma voiture, au point de m'en décrocher la mâchoire. Même l'espèce d'abruti qui n'avançait pas une cacahuète alors que j'étais si près du but ne réussit pas à m'énerver bien longtemps.

Je ne mis que très peu de temps à trouver une place pour garer ma voiture. Encore une fois, j'étais garé à côté de la sienne, le hasard peut-être ? Je coupais le contact, détachais ma ceinture, ouvrait la porte-conducteur, sortais ... puis, dans un élan de grande impatience, à grands pas, à la limite de courir, je me dirigeais vers elle, le bonheur me submergeant.   

https://www.instagram.com/theana.autrice/

Jamais plus sans toi - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant