Chapitre 12

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- Emma, dis-moi où elle est, s'il te plait.

- T'as fait le con Max. Elle ne veut sans doute pas te voir en ce moment. Elle ne prend même plus la peine de répondre à mes messages.

- Oui, mais tu sais où elle est.

- Oui, je le sais. Mais elle m'a demandé de ne rien te dire ... et c'est ma meilleure amie. Puis, t'as vraiment merdé pour le coup.

- Je sais. Et je regrette tellement. S'il te plait ! J'ai besoin de savoir où elle est. J'ai besoin de la retrouver et de tout lui expliquer.

- Lui expliquer quoi ? Elle t'a surpris avec une autre fille hier soir. Certes, il ne s'est rien passé d'extraordinaire entre vous. Tu me l'as expliqué je ne sais combien de fois. Mais ce qu'elle a vu a suffi. Et elle a raison, c'était largement suffisant. Tu veux quoi de plus ?

- Elle comprendra, je t'assure. Je ferai en sorte qu'elle comprenne. Une dernière fois, je te le demande une dernière fois. S'il le faut, je me mets à genoux, je te supplie. Mais s'il te plait, dis-moi où elle est partie ? Si tu ne me le dis pas, Tom me donnera l'info.

- Ok! Ok! Elle est partie dans un petit village des Alpes. Saint-Rémy de Maurienne, il me semble.

- Tu peux me donner l'adresse exacte.

- Oui, je vais te chercher ça tout de suite. Il faut que je retrouve ça dans mon téléphone.

Sept heures de route... voilà ce qui me séparait d'elle maintenant. Sept heures infernales pendant lesquelles je ne m'arrêterai pas. Sept heures à rouler au maximum de la vitesse autorisée pour la retrouver le plus rapidement possible ... pour tout lui expliquer le plus rapidement possible. Sept heures de stress intense à espérer qu'elle me pardonne ce moment d'égarement.

J'avais été stupide... Stupide de croire qu'elle ne voulait plus de moi. Stupide d'avoir bu plus qu'il n'en fallait. Stupide d'avoir cru qu'il y avait quelque chose entre ce mec et elle. Mon Élisa. Stupide d'avoir voulu me venger de la pire des manières qu'il soit pour quelque chose qu'elle n'avait même pas fait. J'étais en colère contre moi-même et contre le monde entier. En colère de lui avoir fait subir ça. En colère d'avoir été la source de ses larmes. Même si elle acceptait de la faire, je ne pourrais jamais me pardonner tout cela. Je n'étais qu'une vermine qui avait eu le culot de blesser la plus belle personne que cette planète ait connue.

Tout mon monde s'était écroulé en un dixième de seconde. Persuadé qu'elle avait passé la journée avec cet autre gas, j'avais dragué la première fille jolie rencontrée dans notre bar. Avec tellement de haine en moi, que j'avais attendu impatiemment, de longues minutes qu'elle fasse enfin son entrée et me trouve dans les bras de cette fille dont je ne connaissais même pas le prénom. Elle avait enfin fait surface aux côtés d'Emma quelques dizaines de minutes plus tard. Instantanément, comme si elle sentait ma présence, elle avait tourné le regard dans ma direction. Sans se faire attendre davantage, des larmes étaient apparues sur ses joues roses. Et avec la même rapidité, elle s'était détournée et était partie en courant sans même que je ne puisse faire quelque chose, parce que j'avais trop bu, mais aussi parce que Tom s'était immédiatement interposé. Il avait eu les mêmes paroles qu'Emma. Il n'avait pas hésité à me traiter de « gros con » et il avait raison ... je savais qu'il avait raison. Je n'en pensais pas moins de moi actuellement. Et Emma ... qui était resté quelques secondes, plantée là à me regarder avec autant de dédain que celui avec lequel on regarde un insecte répugnant. Elle avait finalement fini par hocher la tête en signe de désapprobation et avait rejoint sa meilleure amie en courant.

Cela faisait des semaines que j'attendais une trahison de sa part. Parce que j'avais tellement l'habitude de me retrouver dans des situations dans lesquelles on m'avait pris pour un abruti et parce que cette fille était trop bien pour moi. Il fallait forcément qu'un malheur me tombe dessus à un moment donné. Et je cherchais tellement la petite bête, que j'avais fini par être l'auteur de mon propre malheur ... tout seul, comme un grand. J'avais vu le mal, là où il n'y avait rien. Tom m'avait soutenu pendant des heures qu'il n'y avait rien avec ce garçon. Qu'Élisa était folle amoureuse de moi et qu'elle n'aurait rien pu faire avec quelqu'un d'autre. Il m'avait maintenu que ce n'était qu'un garçon, un ami qui ne l'avait jamais attirée. Avec la pression redescendue et l'alcool dissipé, j'avais fini par admettre ma défaite, admettre ma stupidité.

Sept heures de route interminables pendant lesquelles je m'étais posé tant de questions. Emma m'avait-elle donné la bonne adresse ? Élisa, avait-elle donné la bonne adresse à Emma ? Allait-elle être là quand j'arriverai ? Accepterait-elle de me voir tout simplement ? Puis de me pardonner ?

Il était dix-sept heures quand j'arrivais enfin. Elle avait élu domicile dans un petit village entre deux montagnes. Le soleil était déjà passé derrière ces dernières et les lumières du village étaient désormais allumées. Le cloché de l'église, dominait tout, coloré par des spots lumineux formant un halo de couleurs variées. D'après Emma, Élisa avait choisi pour destination un petit camping composé de chalet en bois, près d'un lac artificiel reflétant ces majestueuses montagnes qui lui servaient de voisines. Il ne me fallut pas longtemps pour trouver le seul camping du village. Un parking me permit de garer cette voiture qui n'avait pas fait de pause depuis de nombreuses heures maintenant. En courant, je me précipitais vers la réception. Haletant, je franchis le seuil de la porte. Je fus accueilli par un homme d'une soixantaine d'années, les cheveux grisonnants accompagnés d'une barbe de trois jours, les yeux aussi bleus qu'usés par le temps. Il avait levé la tête de son livre en entendant le brouhaha créé par mon arrivée fracassante dans les locaux, avec pourtant un sourire consolant aux lèvres, comme s'il avait détecté tout le mal-être qui s'était emparé de moi aujourd'hui, toute cette détresse.

- Vous avez besoin de quelque chose jeune homme ? Un endroit où crécher peut-être ?

- Euh ... non. Je cherche une personne.

- Dites-moi. Si je peux vous aider, je le ferai avec plaisir.

- Elle s'appelle Élisa. Élisa Thomson. Normalement, elle est arrivée ici il y a quelques heures. Très tôt ce matin probablement.

- Oui, mademoiselle Thomson. Très charmante. Elle est arrivée ce matin vers neuf heures en effet. Elle avait roulé une bonne partie de la nuit et n'avait pas de réservation. Ce qui est très surprenant ici. Vous êtes ?

- Un ami. Un très proche ami. Elle est partie au beau milieu de la nuit. Je m'inquiète.

- Vous êtes la raison de son départ ?

- Non ... Enfin oui, peut-être. C'est pour ça que je suis là. Je dois lui parler. Elle est où s'il vous plait ?

Il semblait vouloir la protéger. Comme s'il la connaissait depuis des années. Un vieux monsieur protecteur. Comme un grand-père qui aime et chérit sa petite-fille depuis si longtemps.

- Elle se trouve dans le chalet quatorze. À quelques mètres sur la gauche. Je compte sur vous pour ne pas empirer les choses. Faîtes-lui du mal et je vous expédie chez vous à l'aide de coups de pied.

- Oui monsieur. Je vous promets que je suis là pour arranger les choses.

- Je connais bien mademoiselle Thomson et je vous promets que je ne vous laisserai pas lui faire du mal.

- Oui, monsieur.

Ma première impression était donc la bonne. Il connaissait Élisa, bien assez pour vouloir la protéger, bien assez pour en arriver aux mains avec moi. 

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Jamais plus sans toi - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant