Chapitre 22

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Alors que je savais Élisa en route pour mon appartement, le stress commença à s'installer. Je n'avais aucune idée de la manière dont elle allait réagir. Même le doute, prit peu à peu une place importante. J'avais peur d'en avoir trop fait, d'avoir été trop loin. Après tout, cela ne faisait que deux mois que nous étions ensemble. Nous avions vécu beaucoup de choses, il est vrai ; sûrement plus de choses que la plupart des couples, mais rien n'empêchait le fait que notre relation n'était qu'à ses prémices. Je tentais de me rassurer en me rappelant qu'Élisa était une fille simple. Je me persuadai qu'à ma place, elle, ne se prendrait pas autant la tête, ne se poserait pas autant de questions pour rien. Elle savourait sûrement le moment sans que toutes ces idées ne lui passent par la tête.

Alors pour éviter de me compliquer la vie davantage, je décidais de refaire le tour de mon organisation. Je repassais rapidement devant la glace pour faire le point sur ma tenue, mes cheveux. Je n'avais pas changé grand-chose à mes habitudes, si ce n'est que j'avais enfilé cette veste de costume que j'avais achetée pour l'occasion. Ensuite, je fis le point sur la table : les couverts, le dessous de plat, les verres, les fleurs ; tout était en place. Pour ne pas aller contre nos habitudes, j'avais choisi les musiques que nous avions en commun, celles qui nous avaient rapprochés, celles qui nous avez fait danser et tomber amoureux l'un de l'autre, toutes ces musiques latines que nous aimions tant. Et enfin, je vérifiai le repas ; le dessert et les boissons se trouvaient dans le réfrigérateur et mon plat principal, un poulet au curry accompagné de légumes verts, dont j'étais particulièrement fier, était tranquillement en train de mijoter sur le feu, probablement plus sereinement que moi.

Je pris l'initiative de m'asseoir sur mon canapé afin de me calmer quand j'entendis des pas sur le palier. Ne la connaissant que trop bien, je compris immédiatement que c'était Élisa qui approchait. Je fis un bond et atterris très maladroitement sur mes deux pieds. Je me précipitai vers la porte d'entrée de mon appartement le cœur qui battait la chamade, à tel point que je l'imaginai exploser d'une minute à l'autre. J'hésitai. Ne voulant pas me montrer trop pressé, ne voulant pas qu'elle suspecte quoi que ce soit, j'attendis qu'elle toque. Quand sa petite main entra en collision avec le seul objet qui nous séparait encore, un son creux se fit entendre dans l'appartement. Il résonna quelques secondes, en rythme avec mes pulsations cardiaques. J'ouvris enfin, à deux doigts d'imploser.

Elle était là, face à moi, toujours aussi belle, plus belle que jamais. Un grand sourire malicieux dessiné sur son visage. Pour la première fois depuis notre rencontre, elle avait abandonné ses fidèles baskets blanches pour des escarpins noirs à talons hauts. Une jupe courte à volants bleu roi lui enlaçait sa taille accompagnée d'un débardeur noir sur lequel les fines bretelles habituelles avaient été remplacées par de petites chaines argentées. Une longue veste noire lui protégeait les épaules et faisait un rappel évident à la veste de costume dans laquelle j'avais investi cette semaine. Et pour terminer, ses mains jointes devant elle, tenaient un petit sac de la même couleur que sa jupe. J'avais pris l'habitude de toujours la voir extrêmement bien habillée ; mais ce soir, comme si elle se doutait de quelque chose, elle avait sorti le grand jeu. Et son sourire confirmait bien mes suspicions. Elle savait très bien ce qui se préparait.

Elle pénétra dans l'appartement rapidement. Je remarquai immédiatement qu'elle était à son aise dans cet espace qui était pourtant le mien, contrairement à moi. Aucune timidité, aucune gêne ne transparaissaient. Elle fit quelques pas, aperçu le porte manteau et y déposa sa veste. Elle s'aventura encore un peu plus dans la pièce principale et observa tout ce qu'elle pouvait observer, sa nature curieuse ayant pris totalement le dessus. Elle n'était jamais venue ici encore. Nous n'en avions pas eu l'occasion. Et soudainement, j'avais l'impression qu'il était possible qu'elle m'évalue, qu'elle me juge même. Je tentai de me rassurer en me rappelant que ce n'était pas du tout le genre d'Élisa. Comme en écho à mes pensées, elle se tourna vers moi et me sourit.

Jamais plus sans toi - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant