Chapitre 9

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Elle était là, assise à une table, seule.

Soudain, je me demandais ce qu'elle faisait là. Pourquoi était-elle venue ici ? J'avais pris l'habitude de la voir avec Emma, c'était leur truc à elle de venir ici. Pourquoi était-elle toute seule cette fois-ci ? Et surtout pourquoi m'avait-elle fait venir, moi ? Que voulait elle me montrer ? Toutes ces questions se bousculèrent d'un coup dans ma tête et m'arrêtèrent net, comme s'il était impossible, simplement, qu'elle ait voulu que nous nous retrouvâmes seuls tous les deux, pour la première fois.

Alors que j'étais figé à l'entrée de notre bar favori, elle balaya la salle du regard, cherchant probablement quelque chose à observer en attendant que je daigne apparaitre. Ses yeux croisèrent les miens, et instantanément, elle me sourit, du plus beau des sourire qu'il n'est été donné de voir. Elle leva le bras et me fit signe de la rejoindre. À petits pas hésitants, je commençais à marcher dans sa direction. Elle se leva pour m'accueillir, je lui rendis son sourire et m'installa en face d'elle avant qu'elle ne se rassoit à son tour. Immédiatement, un serveur s'arrêta à hauteur de notre table. Je n'avais tellement pas l'habitude de ce fonctionnement qui était si différent de celui des soirs de week-end que j'en perdais tous mes moyens. Ou peut-être était-ce sa présence qui me faisait perdre pied ?

- Je vous sers quelque chose ? Demanda-t-il.

- Un coca s'il vous plait, répondit-elle.

- Aucun problème ! Et pour vous ?

- La même chose, ce sera très bien, dis-je.

- Je vous ramène ça immédiatement.

- Merci, exclamèrent nos voix, à l'unisson.

Élisa ne m'avait pas quitté du regard pendant ce très court laps de temps et le serveur s'éloigna de nous. Alors que nous nous regardions, je continuais à me poser ces mêmes questions qui tournaient en boucle dans ma tête. J'espérais qu'elle m'avait fait venir par envie ... par envie de me voir, de me parler ; mais je me voilais sans doute la face. Elle avait dit qu'elle avait quelque chose à me montrer. Mais quoi ? Elle éluda rapidement mes questions, qu'elle me forçait à mettre de côté pour le moment, en engageant la conversation, comme si de rien n'était.

Nous parlâmes longtemps. Comme à notre habitude, depuis que nous nous étions rencontrés, les choses se faisaient naturellement. Aucun moment ne resta blanc, aucun moment ne resta silencieux. Nous discutâmes de tout et de rien ... de nos vies actuelles, de nos vies futures, de ce qu'elles étaient, de ce qu'elles sont et de ce que nous aimerions qu'elles deviennent. Elle ne lâchait pas mon regard et ne cessait de me sourire et j'en faisais évidement de même. Non pas parce que j'en avais envie, mais parce que je n'en avais pas le choix. Mes yeux étaient rivés sur elle comme guidés par une force extérieure. Mon sourire, lui, accroché à mes lèvres comme s'il avait été fixé à l'aide d'épingles ou de colle forte.

Elle était toujours aussi jolie, voire encore plus jolie que la dernière fois que je l'avais vue, plus que dans mes souvenirs. Et sa façon d'être me désarmait totalement. Elle avait cette facilité à communiquer avec moi ... comme si nous nous connaissions depuis des années, des siècles maintenant. Comme si nous avions toujours marché l'un à côté de l'autre. Et moi ... moi je buvais ses paroles comme si elles constituaient une drogue pour moi ... une drogue dont je ne pouvais plus me passer désormais, une drogue qui m'était devenue vitale.

Je disais très peu de chose, pour plusieurs raisons. Parce qu'elle aimait parler mais surtout parce que j'aimais l'écouter. J'aurais pu rester des heures là à tendre l'oreille. J'avais l'impression que ses mots, progressivement, recollaient tous les morceaux à l'intérieur de moi. Tous ces morceaux de bonheur qui avaient volés en éclat petit à petit au fil des années à cause de toutes ces peines, de toutes ces désillusions, de toutes ces déceptions. J'avais été déchiré, détruit de l'intérieur et j'avais l'impression, à ce moment précis, qu'elle commençait à rassembler et raccommoder les gravats de ce qu'il restait de moi. Elle pourrait tout réparer, elle en avait la force et les moyens. J'en étais sûr maintenant que je l'avais là en face de moi.

La fin de journée fila à la vitesse de l'éclair. Si vite que j'avais l'impression de ne pas en avoir profité assez de nous. Si vite, que j'aurais pu donner n'importe quoi pour nous accorder quelques minutes de plus. Et, contre ma volonté, ensemble, nous nous dirigeâmes vers l'extérieur.

Nous venions de passer quelques semaines à discuter... de tout et de rien, sans jamais nous lasser l'un de l'autre, mais rien ne valait ces moments passés en sa présence. Son prénom sur mon téléphone me faisait sourire mais je pouvais remplacer volontiers ces conversations virtuelles par des conversations réelles. J'avais besoin toujours plus de son visage, de sa voix, d'elle tout simplement.

Alors que nous nous dirigeâmes lentement vers nos voitures, elle attrapa ma main et la serra dans la sienne. Tout s'éclaira soudain au fond de moi. À ce moment précis je le savais ... Je savais avec certitude que c'était le bon moment et qu'elle venait de me donner le feu-vert. Sans que je n'arrive à le réaliser, elle venait de me montrer par ce simple geste que les choses étaient en train de changer entre nous et que tout ce que j'avais pu imaginer jusqu'alors pouvait prendre vie.

Je l'attirai rapidement vers le côté. Nous nous arrêtâmes lentement, sans un mot sur le bord du chemin. Je lui fis face, toujours sans un mot et attrapai son autre main pour la forcer à se rapprocher de moi. Sans hésitation, elle fit un pas vers moi et me regarda intensément. Ce fut à ce moment que je libérai mes mains de l'emprise des siennes malgré le froid. Et s'il était temps d'écrire le premier chapitre de cette histoire d'amour que je rêvai de vivre avec elle ? Elle me questionna du regard et attendit.

Je glissai mes mains dans le creux de son dos pour la rapprocher encore un peu plus de moi. Je ressentis tous les battements de mon cœurs, marqués, solitaires comme s'ils étaient les derniers. Elle me sourit alors que plus aucune distance n'existait entre nous. Je fixai ses yeux vert émeraude comme s'il me serait enlevé à tout jamais l'occasion de les revoir. Comme s'il ne me serait plus jamais donné la chance de les admirer, de me plonger dedans, éperdument, aveuglément.

Elle en fit de même et le monde s'écroula autour de nous. Tout, absolument tout partit en éclat à cet instant, tout devint flou, inexistant. Désormais, plus rien n'avait autant d'importance que ce moment présent.

Je me penchai doucement vers elle. Elle semblait vouloir grandir pour m'atteindre plus vite. Et ce fut lorsque nos lèvres se frôlèrent pour la toute première fois, que mon cœur partit en éclat, lui aussi. Elle encercla mon cou de ses mains et je ne voulus plus jamais la lâcher. En cet instant, je ne souhaitais qu'une chose : m'encrer à jamais en elle, lui appartenir à tout jamais ; qu'elle me possède pour toujours, jamais plus sans elle.

Ces quelques minutes semblèrent être des secondes. Tout passait beaucoup trop vite en sa présence. Je sentis son corps s'éloigner du mien bien que je refusasse que cela s'arrête, alors je la retins, la ramenant vers moi. Et, contre toute attente, elle accepta cette étreinte supplémentaire, cette pause que nous imposions au monde entier à travers ce premier baiser.

Nous nous éloignâmes ensuite doucement et je repris ses mains dans les miennes dans l'espoir de ne plus jamais avoir à les lâcher. Je n'en oubliais pour autant pas les questions que je me posais en arrivant ici et une me revint rapidement à l'esprit

- Qu'est-ce que tu voulais me montrer au fait ?

Elle sourit, franchement et se mordilla la lèvre dans un grand moment d'hésitation.

- En vérité, rien. C'est la seule excuse que j'ai trouvée pour te faire venir. Je craignais que tu refuses ou que tu ne trouves pas la motivation de venir me retrouver.

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Jamais plus sans toi - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant