Chapitre 24.

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Sur les coups de vingt heure trente, nous nous installâmes autour de la table pour manger le repas que mes parents avaient soigneusement préparé tout le long de l'après-midi. Ma mère fut fière de nous expliquer qu'elle et mon père avaient passé de nombreuses heures à confectionner le diner main dans la main. Pendant un bref instant, je nous retrouvais, Élisa et moi, à travers mes parents et l'amour indéfectible qu'ils pouvaient se porter. Nous aussi, nous avions pris l'habitude de cuisiner ensemble à chaque fois que l'occasion se présentait. Il était hors de question que l'un de nous deux s'attelle seul à la tâche après une longue journée de boulot, nous avions décidé de tout partager.

Nous discutâmes de tout et de rien pendant un long moment avant que ma mère ne relance le sujet de l'accident malgré moi. Depuis, nous en n'avions jamais reparlé ; ni tous les deux, ni même avec Tom et Emma. Élisa entreprit de lui expliquer tout ce qui s'était passé. Elle commença avec l'accident et ce fou-furieux qui lui avait coupé la route à de nombreuses reprises avant de l'envoyer valser sur le bas-côté, la voiture retournée sur son toit. Elle expliqua se souvenir de tout, le choc brutal, les tonneaux de la voiture, l'odeur d'essence alors qu'elle se trouvait dans le fossé de la nationale quatre à quelques minutes de Vitry-le-François, les sirènes des pompiers arrivant. Les pompiers étaient en train de sécuriser la zone lorsqu'elle perdit connaissance. Elle expliqua aussi que ce fut une délivrance pour elle de s'endormir enfin, tant elle souffrait de ses multiples blessures. Ensuite, elle ne se souvenait absolument de rien, si ce n'est, son réveil à l'hôpital entourée de ses meilleurs amis.

Pour une fois, ma mère préserva une attitude calme et sérieuse. Elle écoutait avec beaucoup d'anxiété le récit d'Élisa, ses yeux et ses oreilles au maximum de leur concentration. Elle se montra ensuite réconfortante en se levant de table pour prendre Élisa dans ses bras. Cette marque d'affection me gêna davantage. Pour moi, il était délicat de prendre une inconnue dans ses bras. Élisa n'avait sûrement pas envie de cette étreinte et devait se sentir aussi mal à l'aise que moi. Mais contre toute attente, Élisa se leva et prit ma mère dans ses bras. Elle accueillit cette accolade avec plaisir et un grand sourire.

Au fil de la soirée, je fus rassuré pas l'ambiance. L'atmosphère était légère et la discussion autour de l'accident avait été mise de côté. Ma mère et Élisa continuèrent à discuter de tout et de rien. Elles partagèrent leurs petits secrets autour de la lecture. Elles échangèrent sur leurs livres préférés et sur les raisons pour lesquelles elles aimaient lire. Elles furent d'accord que des auteurs français les plus lus, elles avaient un réel coup de cœur pour Michel Bussi ou Bruno Combes qui, évidemment, n'avaient rien à envier à Guillaume Musso qu'elles adoraient tout autant. À l'issue de cette discussion déchainée autour de bouquins, Élisa me demanda d'aller fouiller dans son sac pour lui ramener l'ouvrage sur lequel elle était en ce moment. Je m'exécutai rapidement et traversai le salon pour atteindre le vestibule dans lequel elle l'avait laissé. Son petit-sac à main noir trônait fièrement à côté des pivoines marquant un joli contraste de couleurs avec les fleurs pâles de ma mère.

J'ouvris son sac pour saisir Hadès et Perséphone de Scarlett St Clair. Au moment où ma main entrait en contact avec la couverture froide du livre, une lumière scintilla au fond du sac. Je perçus tout de suite d'où elle venait. Le téléphone d'Élisa venait d'accueillir une nouvelle notification. Pendant quelques secondes, je menai un combat intérieur entre la curiosité de regarder qui lui envoyé un message à cette heure si tardive et le souhait de préserver son intimité et de lui donner une confiance aveugle. La curiosité l'emporta, et surtout mon manque de confiance en moi prit le dessus. Je posai le précieux livre sur la table, vérifiai qu'Élisa était toujours imprégnée dans sa discussion avec ma mère et saisis le téléphone de ma main droite. Jetant un dernier coup d'œil dans le salon pour être sûr qu'Élisa ne se dirigeait pas dans ma direction, je déverrouillai son téléphone à l'aide de la date de notre premier baiser. Quand je vis son prénom s'afficher sur l'écran, je vis rouge. Je ne pris même pas le temps de réfléchir que j'ouvrai déjà le message.

Jamais plus sans toi - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant