Jamais plus sans toi - Tome 1

Chapitre 17

Les minutes qui suivirent me semblèrent durer une éternité. Tom dû tambouriner de toute la force de ses points pendant un long moment pour que je sorte enfin de ma tétanie. Lorsque j'arrivais enfin à me lever et lui ouvrir, je le découvris en sueur, essoufflé d'avoir tapé de toutes ses forces pendant de longues secondes sur ma porte.

- J'ai cru que tu étais déjà parti. Tu m'as fait flipper. Tu as eu le message d'Emma ?

Je ne répondais pas, simplement parce que je n'en étais absolument pas capable. Tout se mélangeait tellement dans ma tête qu'aucune pensée claire ne m'apparaissait. Si bien qu'aucune des questions que je voulais poser à Tom n'avait la capacité de sortir de ma bouche, de passer la barrière de mes lèvres

- Maxime ? Tu as toujours là ? Ça va ?

Il agitait sa main devant mon visage afin de me faire réagir, mais ce n'était simplement pas possible. Réagir alors que je m'imaginais le pire était simplement au-dessus de mes forces.

- Prépare-toi. On y va.

Comme un robot, je le suivais. Machinalement, j'enfilais mes chaussures, ma veste et je fermais la porte essayant de me convaincre personnellement que je ne devais pas m'imaginer le pire sans savoir réellement ce qu'il s'était passé. Pendant ce trajet qui paraissait interminable jusqu'à l'hôpital, Tom ne dit pas un mot. Il se contentait de conduire, concentré sur la route.

Finalement, son téléphone sonna dans l'habitacle de la voiture et le nom d'Emma apparu sur l'écran de navigation. Je sentis instantanément qu'il hésitait à répondre puisque cela aurait impliqué d'utiliser le haut-parleur. Son visage se crispa et je compris à quel point lui aussi était inquiet. Il appréhendait autant que moi ce que la meilleure amie d'Élisa pourrait nous apprendre. Il appréhendait surtout que je puisse entendre et comprendre ce qui était en train de se passer, ce qui était en train de se jouer.

Je lui fis un signe de tête pour l'encourager à répondre. J'étais prêt à entendre, à savoir. Il fallait que je sache. Trop de questions sans réponses se bousculaient dans ma tête et s'en était trop. Il fallait que j'obtienne des réponses, que j'apprenne ce qui lui était arrivé, ce qu'elle avait. J'avais besoin qu'on m'informe sur la gravité de la situation. La voix d'Emma retentit alors dans l'habitacle de la voiture.

- Max est avec toi ?

- Oui, je suis là. J'entends ce que tu dis.

Je n'avais pas laissé le temps à mon meilleur ami de répondre. Et ces mots furent les premiers à sortir de ma bouche depuis que j'avais appris la nouvelle.

- Élisa est au bloc. Je n'ai pas trop compris le baragouinage des médecins. Tout ce que j'ai retenu c'est qu'ils tentent de stopper plusieurs hémorragies depuis qu'elle est arrivée à l'hôpital. Ses parents sont là. Ils attendent d'avoir des nouvelles des médecins. Nous n'en savons pas plus pour le moment... Je suis vraiment désolée Max.

Un long silence suivit, durant lequel personne ne parla. Personne ne savait quoi dire. Nous avions tous les trois besoin d'être rassurés et aucun n'avait le pouvoir de le faire. Aucun de nous trois ne voyait le bon côté de la situation. Nous n'étions d'aucun secours les uns pour les autres. Nous étions tous les trois paniqués, là, à anticiper et imaginer le pire. Ce fut alors que j'entendis des voix au loin. Derrière Emma, des adultes étaient en train d'échanger sur l'état d'Élisa. Finalement, mon amie brisa le silence qui s'était installé entre nous de la pire des façons possibles. Dans un sanglot, elle annonça le diagnostic qu'elle venait d'obtenir de la part des docteurs.

- Son pronostic vital est engagé. Je suis désolée.

Mon monde s'effondrait. J'avais l'impression d'être en train de tout perdre. De perdre le plus important, tout ce qui comptait maintenant, la seule chose qui me faisait tenir debout et me motivait à me lever de mon lit le matin. Soudain, les questions que je m'étais posées plus tôt dans la journée me semblèrent dépourvues de sens. Elles n'avaient plus aucune importance. Mon pressentiment avait été correct : quelque chose allait arriver. Mais je m'étais trompé sur la manière dont Élisa allait me quitter. Contrairement à tout ce que j'avais pu penser, elle n'allait pas le faire de son plein gré. Rien n'était voulu, conscient, anticipé...