Chapitre 2 : en chair et en os

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Tony appelle tous les trois jours ses « petits monstres » comme il aime si bien les nommer avec affection sur le téléphone fixe de la chambre de Steve, généralement le soir et c'est toujours ce même rituel qui le rend si attendrissant aux yeux de l'étudiant.

Des petits mots doux rien que pour ses chats, à tour de rôle et Steve n'est pas du tout mais alors pas du tout jaloux de toute cette attention exclusivement réservée à ces cinq boules de poils, non, absolument pas, ce serait carrément ridicule, non ?

Ce jeudi-là, monsieur Stark n'a pas appelé et c'est bête mais Steve commence à tenir à ces coups de fils même si lui et son patron n'échangent que quelques mots rapides, c'est la moindre des politesses.

C'est sur les coups de deux heures du matin qu'il entend un bruit monstre provenant du grand salon principal, au même étage où se trouve sa chambre.

Des gens crient et chantent plus ou moins juste dans la pièce et c'est foutu, Steve n'arrive plus à refermer l'œil alors que la musique résonne fort dans toute la tour Stark à présent.

Steve ne tient plus, sa curiosité est trop forte et emporte tout sur son passage, il veut savoir si parmi tous ces fêtards invétérés se trouve son patron, non, il DOIT savoir, c'est plus fort que lui.

Ni une, ni deux, il quitte sa chambre avec un pantalon de jogging sur lui ainsi qu'un hoodie du RIT, le Rochester Institute of Technology.

Alors que la fête bat allègrement son plein sans qu'on lui prête la moindre attention, Steve balaie la pièce avec intérêt dans le but de repérer monsieur Stark mais c'est peine perdue, il y a beaucoup trop de monde.

Déçu, il va se servir un verre d'eau dans l'immense cuisine de son patron et alors que quelques mètres à peine le séparent du couloir le menant directement à sa chambre, il entend une voix enjouée dans son dos.

- HEY STEVEN !

Oh mon dieu, est-ce que c'est son patron qui vient de s'adresser directement à lui ? Le cœur de l'intéressé cogne fort dans sa poitrine à l'occasion de leur première rencontre en chair et en os. Ça veut dire que son patron l'a reconnu ?

Pffff mais quelle question, bien sûr qu'il l'a reconnu, il n'y a vraiment personne d'autre qu'un pauvre étudiant comme Steve pour parader à une fête organisée chez Tony Stark en jogging et hoodie, non mais quel idiot, vraiment.

- VIENS FAIRE LA FÊTE AVEC NOUS !

Il a à peine le temps de se retourner et de réaliser que c'est bel et bien Tony Stark, LE Tony Stark que ce dernier lui colle une coupe de champagne à la main, il parie que c'est du Moët & Chandon.

- allez, vas-y, profite, éclate-toi ! T'as quel âge ?

Les pupilles du génie milliardaire sont dilatées, il est clairement éméché mais encore plus séduisant en vrai que sur les photos ou à la télé et il sent extrêmement bon qui plus est.

La cravate de son costume trois-pièces est desserrée, le col de sa chemise blanche un brin ouvert et Steve est d'avis que la couleur anthracite de sa veste lui va à ravir, à n'en pas douter.

- heu 24 ans, monsieur.

- oh non pitié, épargnons-nous ces formalités, monsieur Stark c'est mon père, moi, c'est Tony.

- Tony, ok.

Steve acquiesce dans la foulée avant de tremper ses lèvres dans la coupe de champagne offerte généreusement par son patron afin de se donner une contenance.

- allez, raconte-moi, je veux tout savoir, comment vont mes petits mons...

L'étudiant se réjouit déjà à la perspective d'avoir une conversation de visu avec son patron mais comme tous les mecs plein aux as, un de ses nombreux amis vient se l'accaparer et hélas, Steve ne le revoit plus de la soirée, enfin du moins, pas pendant les quinze longues et interminables minutes qu'il a passé à cette fête bien trop flashy et où il a fait acte de présence en tant que pot de fleurs.

Il a vite fait de regagner fissa sa chambre, ce n'est clairement pas son élément, il n'appartient tout simplement pas à ce monde.

Sous les coups de sept heures du matin, il quitte sa chambre et constate avec effroi que la fête a toujours lieu même si la moitié des invités est partie ou dort allongée à même le sol à l'exception de quelques personnes qui dansent un slow ou plutôt en profitent pour se peloter et s'embrasser sur une musique au rythme franchement lent.

Les yeux bleus de Steve sont irrémédiablement attirés comme deux aimants par son patron qu'il retrouve affalé sur le grand canapé avec une pétasse blonde allongée à ses côtés et qui s'amuse à lui murmurer sûrement des conneries à l'oreille dont l'étudiant se contrefout, mais alors d'une force, personne ne peut se l'imaginer.

Préférant effacer rapidement cette image de son esprit, Steve compte se faire le plus discret possible mais quand il passe devant le canapé en question, son patron se dresse tout à coup devant lui.

- hey, tu t'en vas déjà p'tit ?

Comment ça, p'tit ? Steve sait que monsieur Stark a 32 ans, enfin, selon Wikipédia donc leur différence d'âge n'est pas si énorme, ça va, ça passe, ce n'est plus un gamin non plus.

Et puis il mesure quand même un mètre 63 et pèse 43 kil... oui, bon ok, son gabarit n'a rien d'impressionnant et alors ? Le physique ne fait pas tout, n'est-ce pas ?

- je dois aller en cours, je vais louper mon bus sinon.

- oh oublie-ça, Happy te conduira directement à la fac. Crois-moi, ça le fait à mort pour ta réputation d'arriver en Rolls Royce Phantom avec chauffeur. Alors, vas-y, raconte-moi, comment se portent mes petits monstres depuis lundi !

Son patron pause sa main sur son épaule pour le guider jusqu'au canapé, toujours un brin éméché mais il peut tenir une conversation, ce qui réjouit Steve plus que de raison.

Ses yeux chocolats pétillent quand on lui parle de ses petites merveilles, Steve le trouve carrément irrésistible et il n'en revient pas d'avoir son attention pleine et entière pendant autant de temps. 

Des perles de sueur perlent sur son torse visible grâce à sa chemise déboutonnée à moitié et pourtant, l'odeur de son eau de toilette est toujours aussi divine.

L'étudiant lui raconte alors les diverses activités de Monty, Dart, Tom, Jerry et Lily en faisant bien attention de n'omettre aucun détail important, quitte à broder un peu autour, et vu l'expression du visage de son patron, il a l'air aux anges et friand de ses petites anecdotes.

Mais Steve est lucide, il ne se fait aucune illusion. Monsieur Stark ne lui pose jamais de questions personnelles sur lui, ils ne parlent que de ses chats ensemble, il n'y a que ça qui intéresse le génie milliardaire et c'est très bien ainsi, cela convient parfaitement au frêle blond, il sait rester à sa place, c'est aussi pour ça qu'on le paie après tout, et grassement, en plus.

Le cat-sitterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant