Chapitre 10 : la goutte d'eau

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Tony marche toujours devant Steve d'un pas décidé et une fois qu'il pousse la porte de son bureau, il s'adresse à lui sans même daigner tourner la tête dans sa direction.

- entre et ferme la porte derrière toi s'il te plaît.

Piqué dans sa curiosité, Steve s'exécute et se tient très loin du bureau de son patron qui, lui, se tient debout juste derrière ce dernier.

- alors c'est lui je suppose ?

La voix du milliardaire est toujours aussi métallique et quand il relève la tête vers lui, son regard est noir. C'est simple, si ses yeux étaient des lance-flammes, Steve serait déjà brûlé au sixième degré.

- lui qui ?

- ne me prends pas pour un con, Steven ! J'te parle du mec avec qui tu comptais venir ce soir ! Fallait le dire tout de suite au lieu de vous donner en spectacle comme ça ! Vous avez gêné tout le monde dans la salle avec vos effusions publiques, moi le premier ! Si je peux me permettre, je m'attendais à un peu plus de tenue de ta part !

Les yeux bleus du cat-sitter s'écarquillent, il n'en revient pas de ce qu'il entend, non mais quel toupet de la part de son patron.

- excuse-moi ? Tu peux répéter ? Je crois que j'ai dû mal entendre. C'est vraiment toi qui oses me parler de règles de bienséance en public ?

- oui, c'est bien moi, pourquoi? Ça veut dire quoi exactement ce genre de commentaire ? Si t'as quelque chose à dire, vas-y, exprime-toi, ne te retiens pas surtout, je t'écoute Steven, dis-moi le fonds de ta pensée !

- non, je crois que pour notre bien à tous les deux, il est préférable que je m'arrête là. Mais sache qu'on a fait que danser un peu collé-serré avec Brock, c'est tout. Et que contrairement à d'autres, MOI je ne travaille pas ce soir je te signale, je ne me trouve donc pas dans l'obligation de me montrer à la hauteur parce que je représente une entreprise côtée en bourse qui vaut des milliers de dollars et surtout, je ne fricote pas avec la première journaliste bien foutue qui veut bien m'interviewer !

Et vlan, dans ses dents ! Ça fait un bien fou à Steve de lâcher tout ce qu'il a sur le cœur à propos de cette pétasse blonde, enfin !

- fricoter ? Sérieusement ? C'est quand la dernière fois qu'on a utilisé ce verbe devant toi, Steven ? Les années 50 ? Et c'est vraiment toi qui est entrain de me donner des leçons de professionnalisme, j'ai pas rêvé ? Non mais on marche sur la tête !

- tu sais Tony, quand on en arrive à critiquer le vocabulaire d'une personne, c'est qu'on est vraiment à court d'arguments et pas la peine de mentir, tu sais que je me suis toujours montré très pro dans mon boulot, tu ne peux pas dire le contraire.

- ouais, c'est très pro de coucher avec le patron, t'as raison.

C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase pour l'étudiant. Comment Tony ose-t-il lui reprocher leur nuit ensemble alors que leur envie était mutuelle et partagée ?

Steve est tellement hors de lui qu'il sent les larmes perler au coin de ses yeux, sa voix est tremblante d'émotion.

- tu sais quoi ? Vas au diable ! À partir de maintenant, je reste en dehors de ta vie privée et tu restes en dehors de la mienne, point !

- Steven, attends...

Alors que sa main est déjà sur la poignée de porte, l'intéressé se retourne tout à coup, il est remonté à bloc, il hausse la voix dans la foulée.

- STEVE ! Mon prénom c'est Steve, bon sang ! Tout le monde m'appelle comme ça et contrairement à ce que tu crois Tony, tu n'as rien d'une exception même si tu te prends pour le nombril du monde !

Le cat-sitterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant