Le cat-sitter

Chapitre 11 : la prunelle de ses yeux

Steve passe la journée la plus longue de sa vie en cours, il bombarde Pepper de messages pour avoir des nouvelles de Lily, en vain.

 C'est seulement sur le chemin du retour, dans le bus qu'il reçoit ENFIN les infos qu'il attendait désespérément depuis des heures entières.

« Elle a été renversée par une voiture. Tony est avec elle chez le vétérinaire. »

Steve s'attend au pire. Son patron doit être dans un état lamentable vu son amour incommensurable pour ses précieuses petites boules de poils.

Sous les coups de vingt heures, il reçoit un nouveau message de Pepper, « Lily a été opérée, on en saura plus sur son état demain matin », le cat-sitter n'hésite pas une seconde, il a envie d'être là pour Tony, de répondre présent pour lui.

Il prend ainsi une profonde inspiration avant de toquer tout doucement à la porte du bureau du génie milliardaire et de pousser la poignée sans attendre une seconde de plus.

- Tony ?

La pièce est plongée dans la pénombre, seule une silhouette d'homme assis de dos sur un siège tourné vers la fenêtre est à peine visible alors qu'un léger reniflement se fait entendre au passage.

Steve n'a pas besoin de percevoir le visage de Tony pour deviner qu'il est entrain de sécher ses larmes depuis qu'il a entendu quelqu'un faire son entrée dans le bureau.

L'étudiant avance à pas de loups jusqu'à ce dernier et pose une main réconfortante sur l'épaule de son patron, sa voix n'est plus qu'un doux murmure dans la pièce à présent.

- je suis sûre qu'elle va s'en sortir. C'est la seule femelle de toute la  bande. C'est une battante. Elle est coriace.

Encore un reniflement. Pas de réponse. Une seconde passe. Puis deux. Puis dix. À dire vrai, Steve n'en sait rien. Il ignore si Lily va survivre. D'ailleurs, il aurait mieux dû se la fermer, non ?

- merci.

Il y a des sanglots longs dans la voix de Tony quand il lui répond, sa main droite vient chercher la main gauche de Steve sur son épaule, ses doigts se nouent aux siens en retour et une chaleur diffuse se répand dans le creux du ventre de l'étudiant.

Une seconde passe. Puis deux. Puis dix. La voix du frêle blond est empreinte d'émotion à son tour.

- si tu as besoin de quoique ce soit, Tony. Je suis là.

Tout en douceur, il sent qu'on imprime un petit bisou sur sa main avant de la lâcher tout aussi délicatement.

- c'est gentil.

Encore ces sanglots longs dans la voix de son patron. Puis le silence. Un silence d'or. Parce qu'il n'y a plus rien à dire d'autre, pas vrai ?

Parce que la vérité toute nue, la vérité pure et simple c'est que tout est de sa faute. Steve est un monstre. À cause de lui, à cause de son affreuse négligence, Lily se trouve entre la vie et la mort, cette précieuse petite boule de poil à laquelle Tony tient comme à la prunelle de ses yeux, c'est sûr, ce dernier ne lui pardonnera jamais et il aura bien raison.

Les larmes aux yeux, l'étudiant quitte la pièce pour mieux regagner sa chambre. Il s'assoit ainsi à son bureau, se saisit d'un stylo et d'une feuille volante, il sait à présent ce qu'il lui reste à faire, sa décision est arrêtée et rien ne le fera changer d'avis, c'est certain.

Le lendemain matin, Steve est entrain de siroter tranquillement son café dans la cuisine de son appartement avec son téléphone en main, il lit et relit indéfiniment le sms que Pepper lui a envoyé une heure plus tôt pour le prévenir que l'opération de Lily était une réussite totale et qu'elle était sauvée pour de bon.