Chapitre 6 : sujet tabou

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Steve sort tout juste de la douche quand son téléphone sonne, il voit le nom de Bucky s'afficher sur l'écran et prend peur, c'est vraiment rare que son frère l'appelle, généralement c'est le contraire.

- hey, ça va, rien de grave ?

- non, t'inquiète pas, tout le monde va bien. Devine d'où je t'appelle.

- pfff mais j'en sais rien moi, Buck. Vas-y. Dis.

- de chez le coiffeur. Sam m'a dit qu'il demanderait le divorce si je ne me débarrassais pas de je cite « cette crinière dégueulasse qui me sert de cheveux » alors j'ai pas eu trop le choix. Il m'a sorti du lit même, non mais tu te rends compte ?

- désolé pour toi, je compatis. Je connais ta passion pour la grasse matinée. Mais t'es sérieux, c'est pour ça que tu m'appelles ? T'aurais pas pu me raconter tout ça dimanche chez maman ?

- du calme, Stevie. Laisse-moi en venir au fait. Tu sais que le fiancé de ton boss, le fils Hammer là, il fait la couverture de US Weekly, enfin je devrais plutôt dire son ex-fiancé vu comment il le déglingue dans l'article.

L'intérêt de Steve est piqué au vif, son frère a désormais toute son attention. Pleine et entière.

- tu l'as lu ?

- bien sûr, je l'ai dévoré même. Et laisse-moi te dire que ça sent vraiment très bon pour toi, Stevie. Ton crush va te tomber tout cuit dans les bras si tu te déclares, il n'y a plus aucun obstacle pour vous barrer la route désormais.

L'étudiant ne peut réprimer un soupir de frustration, son frère croit vraiment qu'il peut séduire quelqu'un comme Stark, non mais on marche sur la tête, c'est n'importe quoi.

- bon sang, il faut que je te le répète combien de fois pour que ça imprime dans ta petite tête ? Tony n'est pas mon crush. C'est mon patron. Et il n'y a absolument rien entre nous !

- ok très bien, donc pas la peine que je t'envoie l'article en photo alors ?

- tu m'énerves.

Malheureusement, Bucky le connaît bien et il a beau nier son attirance pour son patron, son frère n'est pas dupe. Loin de là.

- je le savais. Tu es vraiment trop prévisible, Stevie. Allez, je t'envoie la photo dès que j'ai raccroché. Bonne lecture, frérot.

Oui bon, ok, Steve l'admet volontiers, il lit la presse people sur Internet et surtout tous les articles en ligne qui peuvent concerner Tony de près ou de loin.

Lors de leurs fameux échanges téléphoniques, ils parlent de tous les sujets avec son patron, d'art surtout, mais pas que.

Et jamais, ô grand jamais, de leurs vies privées respectives, comme un sujet tabou, comme si aucun d'entre eux n'a envie de trop en savoir sur l'autre.

Steve le reconnaît aisément, il est jaloux à chaque fois qu'il apprend une énième escapade nocturne voire incartade de Tony, l'animal est clairement un oiseau de nuit qui enchaîne les conquêtes comme il enchaîne les shots, et peut-être encore plus maintenant qu'il est officiellement de retour sur le marché des célibataires s'il en croit les propos de son frère.

Lorsqu'il ouvre le SMS de ce dernier, il ne s'attend pas à ce que l'article contienne une photo en pleine page du fils Hammer avec un titre aussi accrocheur que « c'était supposé être moi la personne la plus importante dans sa vie ».

À la lecture de cet interview, Steve en tombe des nues. Justin Hammer raconte en détail le déroulé d'un récent dîner dans un restaurant huppé de New York avec son père, celui de Tony et Tony lui-même dans les termes suivants :

« Tout se passe bien, l'ambiance est bon enfant, on rigole tous les quatre quand tout à coup, Howard se tourne vers moi et se met à me remercier parce que c'est soi-disant grâce à moi que ce dîner a pu se faire. Au début, je ne comprends pas trop et je réponds que non, que c'est l'idée de Tony ce dîner et là, son père s'adresse directement à Tony en lui demandant s'il se souvient que la dernière fois qu'ils se sont vus tous les deux, juste père et fils, Tony lui a dit qu'il avait accepté de le revoir et qu'il fasse encore partie de sa vie seulement parce qu'une personne très importante à ses yeux l'avait encouragé à le faire et Howard supposait donc que c'était moi qui étais à l'origine de leur réconciliation... »

Steve déglutit difficilement, son cœur bat la chamade à cet instant, il se souvient de cette conversation avec Tony comme si c'était hier.

Le père de Steve est décédé d'un cancer fulgurant à l'âge de 48 ans alors que lui et Steve n'étaient pas vraiment en bons termes alors forcément, il a encouragé cette réconciliation, il a conseillé à Tony de ne surtout pas couper les ponts avec le sien pour ne pas avoir de regret, tout naturellement.

Et vu qu'il n'avait pas l'air très chaud quand il lui a suggéré cette idée, il est plus que surpris d'apprendre ce revirement à 180 degrés de la part de Tony.

« Et là, c'est la douche froide pour moi, tout mon monde s'écroule et je prends conscience que contrairement à ce que Howard pense, cette personne si spéciale dans la vie de mon fiancé, ce n'est clairement pas moi ! »

Ça veut dire que c'est Steve alors ? Il est LA personne importante dans la vie de Tony ? Son cœur s'agite, les hypothèses se bousculent toutes dans sa tête, son cerveau tourne à cent à l'heure à présent quand le bip de son téléphone lui signale un SMS et interrompt sa réflexion. C'est son frère à nouveau.

« Alors, cet article ? Tu l'as lu ? »

« Oui. Tu crois vraiment que j'ai la moindre chance ? »

« bien sûr. Et au pire, si vraiment ce n'est pas réciproque (ce dont je doute fortement), au moins, tu seras fixé. Et tu pourras faire une croix sur lui une bonne fois pour toutes. Ça te permettra d'aller de l'avant. Donc c'est tout bénef'dans un sens comme dans l'autre »

« ouais, c'est pas con ».

« je sais, je suis de bon conseil. Mon mari me le répète tous les jours ».

« il te parle de ta vantardise aussi ? »

« ça s'appelle pas de la vantardise quand c'est la vérité ».

Les lèvres de Steve s'étirent dans un sourire. Décidément son frère et l'humilité, ça fait deux.

Puis rapidement, c'est son patron qui hante à nouveau toutes ses pensées. L'étudiant pèse encore le pour et le contre dans sa tête au sujet de Tony et lui. Y a t-il seulement un Tony et lui ? Cette question l'obsède au point que le cat-sitter ne peut plus reculer. Il a besoin de réponses. Pas plus tard que tout de suite.

Mais Tony ne rentre qu'en fin de soirée de son voyage en Indonésie alors ça veut dire qu'il a largement le temps de se dégonfler. 

Il est 23 heures passées. Son patron n'est pas encore rentré et le cat-sitter se tourne et se retourne dans son lit mais c'est peine perdue, il est bien trop nerveux pour trouver le sommeil.

Il est minuit moins dix quand la lumière du couloir de l'étage l'interpelle. Son cœur s'emballe. C'est sûrement Tony qui vient de rentrer et Steve ne réfléchit pas une seconde de plus.

Avec son pantalon de jogging et son simple tee-shirt sur lui, il prend la direction du bureau de ce dernier et pousse la porte dans la foulée.

Debout derrière son bureau, Tony a les mains dans ses dossiers et il relève la tête vers lui avec un sourire radieux aux lèvres.

- hey Steven, ça va ? T'es pas encore couché ?

Au seul son de sa voix, son patron a l'air heureux de le retrouver et prenant cela pour un encouragement, Steve s'arrête juste à quelques centimètres de Tony.

- j'espère que c'est pas mes petits monstres qui t'empêchent de d...

Trop tard. Steve ne connaîtra jamais la fin de cette phrase car il vient d'agripper la chemise de Tony pour mieux le faire venir à lui et coller spontanément sa bouche contre la sienne...

Le cat-sitterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant