Tentative

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ATTENTION: Je déconseille aux âmes sensibles de lire ce chapitre qui porte sur le sujet du suicide. Ce n'est jamais la bonne décision et si vous êtes en détresse n'attendez pas et cherchez de l'aide.

PDV: Stiles

Je ne sais pas exactement où je suis, ni même de l'heure qu'il est et j'ai oublié de prendre mon cellulaire avant de partir. Je pensais me diriger vers l'école, j'ai pensé attendre là-bas que la journée commence, profiter de ce petit moment de calme auquel j'aurai eu droit. Et je commence sincèrement à regretter d'avoir changé d'avis lorsque mon regard s'est porté vers la forêt, je n'aurai pas dû tourner les talons.

Le soleil est levé depuis un petit moment déjà et le chemin que je suis depuis l'entrée de la forêt devient de plus en plus clair grâce à la lumière qui passe entre les arbres et je me dis que ce serait l'occasion idéale pour rebrousser chemin j'aurai plus de facilité à reprendre le même chemin, mais je continue, malgré les douleurs à la taille qui me rappelle que je suis toujours en train de guérir, malgré mes sens qui me jouent des tours tellement je me sens étourdis. Malgré mon ventre qui me tiraille et me hurle de me nourrir.

Je ne sais pas ce que je vais découvrir au bout de ce chemin qui zigzague un peu partout dans la forêt qui entoure la ville, mais la curiosité peut être un vilain défaut et c'est cette curiosité qui me force à continuer mon chemin. Des cymbales s'amusent à me torturer la tête depuis un moment déjà et je ferme un instant les yeux sans m'arrêter de marcher. Pour un moment j'ai la sensation de flotter, je me sens léger, mais la douleur revient dès que j'ouvre de nouveau les yeux. Je frappe un arbre sur mon chemin de mon poing avant de le regretter aussitôt en enlaçant mon poing de mon autre main.

"Mais quel con!" m'exclamai-je, ma voix écho autour de moi dans la forêt.

Je tourne sur moi-même impressionné par ce phénomène et je me replace au centre du sentier, mon corps dirigé vers l'inconnu. De nouveau je laisse sortir ma voix et à nouveau la forêt me fait écho. Je ne crois pas m'être enfoncé si loin de la civilisation que ma voix soit la seule chose que je puisse entendre alors il n'y a qu'une seule autre possibilité qui me vient à l'esprit. Je suis arrivé à l'endroit dont avait parlé Simon comme étant le seul endroit potable de la ville. Excité face à cette possibilité, je me mets à courir curieux mettant de côté toute la douleur qui m'assaille. De toute façon ce n'est pas comme si je n'avais pas déjà l'habitude de l'endurer, non?

Je ne sais pas depuis combien de temps je cours, le souffle court, lorsque je tombe sur un énorme mur de pierre et de terre. Je laisse échapper un petit cri victorieux d'avoir réussi à me rendre jusqu'ici et j'observe les alentours. Je découvre trois chemins, le premier indique qu'il s'agit d'un long chemin calme qui prend une cinquantaine de minutes à se rendre au sommet du ravin. Je n'ai pas envie de prendre autant de temps pour aller y découvrir la vue. Je balayais la pancarte du second chemin des yeux et laissa tomber l'idée de monter 500 marches jusqu'en haut. Je pris donc le chemin qui me prendrait une bonne vingtaine de minutes, mais au point où j'en étais je n'allais pas faire demi-tour maintenant.

Je manquais de tomber à quelques reprises dû au mauvais entretien de ce sentier et de nouveau je commençais à me demander ce que je venais faire là. Ce qui me poussait à me rendre jusqu'en haut. Je me convaincs d'avoir simplement l'envie de découvrir la vue magnifique qui surplombe la ville et je me vois sur le point d'y renoncer lorsque je m'enfarge dans une racine d'arbre et tombe de tout mon long sur le sentier poussiéreux. Je reste là, sur le sol tout en laissant ma vue s'embrouiller de larmes. J'ai la sensation d'avoir une enclume dans le bas du dos et cette sensation me rappelle la raison qui m'a poussée à me diriger vers la forêt. J'ai voulu fuir, comment j'ai pu laisser mon trouble de l'attention m'éloigner de cet état de fait?

J'agrippe la roche sur laquelle ma main droite a atterrit en tombant et la serre à m'en blanchir les jointures alors que j'essaie de retenir cette vague de panique qui s'étend en moi tandis que les images de la veille se forment dans mon esprit. Je n'en peux plus de cette situation, qu'on me frappe, qu'on me force à tout faire dans la maison, mais ça, je ne peux plus... Je déteste cette drogue qui me fait perdre tout libre arbitre, je ne veux plus jamais revivre ça, j'avais vainement espéré que cette putain de secte se désagrégerait avec notre départ...

Je me relève difficilement et me remet en route. J'atteins le sommet après plusieurs minutes et la vue me coupe littéralement le souffle. La scène qui me fait face est presque surnaturelle, magnifique. Le ciel est parfaitement bleu avec à peine quelques nuages qui ne font qu'embellir le tableau. La ville se tient fière et de là où je me trouve, je peux tout voir. L'école, la maison... Je n'avais pas réalisé à quel point je ne connaissais qu'une petite partie de la ville.

Alors que j'avais espéré me sentir mieux grâce à cette vue magnifique, mon cœur se brisa. Je me sentais soudainement plus seul que jamais, j'étais là, debout surplombant la plus belle ville dans laquelle je n'ai jamais vécu, et je suis seul. Je me laisse tomber sur mes genoux et frappe le sol de mes poings. Je laisse sortir un cri de surprise en laissant tomber la roche que je n'avais pas remarqué avoir gardé avec moi et je venais de m'écraser les doigts avec. J'observe cette roche un moment avant de sortir un petit rire hystérique, entre deux reniflements, en réalisant que le rouge que j'y aperçois n'est pas de la peinture, mais mon sang. Je ne m'étais même pas rendu compte que ma plaie s'était rouverte, probablement lorsque je suis tombé.

J'enlève le bandage et observe l'état lamentable de ma main, j'ai mal, énormément mal et pourtant ce n'est rien comparé à toute la douleur qui s'est emparé de mon cœur un moment plus tôt. Je tente de me bander la main avec une partie qu'il n'a été souillé par mon sang, mais le bandage n'est plus du tout adhésif et je perd rapidement patience le traitant de stupide. Je réalise seulement maintenant à quel point c'est moi qui suis stupide de traiter un objet de stupide... j'ai vraiment pensée trop souvent au mot stupide.

Je m'approche du ravin pour y lancer mon bandage et l'observe tranquillement tomber plusieurs mètres plus bas. Je frissonne ayant soudainement le vertige et je me laisse tomber sur les fesses pour m'éloigner du bord. J'ai le cœur qui palpite en imaginant ce que serait la sensation si, ce bandage, c'était moi.

Je m'arrête soudainement de penser lorsqu'une idée se plante dans mon esprit et je tente de chasser les bourgeons qui éclosent lentement. Il n'était pas question que j'ai ce genre de penser, pas maintenant, pas ici... Pourtant mon regard se porta de nouveau sur la fin du ravin. Je fermais les yeux essayant d'imaginer la sensation de tomber, non, sauter dans le vide. Est-ce que j'aurai mal? Pendant combien de temps?

Ce bourgeon d'idées fleurit à la pensée que peu importe la souffrance, elle en sera que passagère et que tout sera terminé très vite alors qu'à la maison, c'était tout le contraire. Je me sentis sur le point de vomir tandis qu'une partie de moi me disait que ce n'était pas la peine d'utiliser une solution permanente pour un problème temporaire... encore deux ans et je serai majeur.

Tout mon corps tremblait alors que, sur mes genoux, je me rapprochais un peu plus du ravin. Il devait bien y avoir une centaine de mètres, peut-être que je ne souffrirais pas, peut-être que je ne souffrirais plus jamais. Ce serait bien non, de ne plus souffrir?

Je fermais les yeux, je ne sais toujours pas si c'est la bonne décision, mais cette fleur d'idée est si tentante que je ne peux m'empêcher de la cueillir et je tends ma main vers le vide pour en prendre la tige et je l'arrache du sol, laissant mon corps tomber vers l'avant. Fini la torture qu'était devenu ma vie depuis trop longtemps.

Je fermai les yeux, je partais serein...

J'ouvrai soudainement les yeux, sentant au plus profond de moi que j'ai fait une erreur, tout mon être me hurlait que je n'ai pas prit la bonne décision, que j'allais mourir et cette réalisation me fit hurler de terreur alors que je voyais le sol se rapprocher de plus en plus. Je fermais à nouveau les yeux conscient que j'allais mourir dans les prochaines secondes.

Je pouvais entendre la montagne crier pour moi.

La vraie familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant