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Aujourd'hui je l'avais attendu. Hier aussi. Tout comme la semaine dernière.

Mais il n'avait plus montré le bout de son nez.

Peut-être se cachait-il ? Ou avait-il simplement honte de notre dernière rencontre.

Après tout, je conçois que les sentiments puissent être angoissants, voire même effrayants. Cependant, à deux, c'est plus simple à surmonter. Non ?

Un soupir me tailla la commissure.

Les ailes d'un papillon frôlèrent ma vision.

La mi-août enveloppait le monde tandis que la nuit chaude réduisait au silence les rues commerçantes.

La brise caressait ma peau de manière taquine. Quelques frissons me dévalèrent l'échine, me décrochant un léger rictus.

Les étoiles s'étaient assoupies derrière les nimbus. La nuit s'ennuyait et mes pieds s'amusaient à marcher en pointe sur la bordure du trottoir. C'était vide mais les réverbères, eux, ne m'avaient pas quittée.

Pour être franche, j'appréciais ces moments de libertés qui m'étaient inconsciemment accordés. La Terre redevenait elle-même et les plus fragiles ne se cachaient plus.

Chantonner ne dérangeait plus personne, aussi bien que mes vulgaires pas de danse qui berçaient mon ombre.

J'écrasai sans le vouloir quelques végétaux. J'aurais dû m'excuser, cependant, dans un souffle, mon dos heurta quelqu'un.

Le vent avait cessé de siffler laissant le silence manger notre entourage

J'étouffai un cri lorsque je sentis des doigts enlacer mon poignet resté levé.

Ne te retourne pas et continue de regarder ton ombre.

La folie de la nuit m'avait chuchoté d'obéir.

J'étais finalement en train d'apprendre à danser dans une pensée irréelle. Il avait les mains douces et la gestuelle gracieuse. Ses conseils, qu'il me murmurait, glissaient comme nos silhouettes toujours accolées.

Puis lorsque la chouette, posée dans l'arbre de la place, s'envola, les néons s'éteignirent et le froid embrassa ma main.

Il avait déserté.

L'instant qui suivait m'avait fait prendre conscience que mon souffle avait été retenu en apnée.

Un rire s'évada de mes poumons heureux.

Malgré un court instant,

Jamais le manque ne nous avait fait sentir aussi vivants.

𝗼𝘆𝗮𝘀𝘂𝗺𝗶 [j.yunho]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant