[histoire terminée]
Enfer (nm. masc. sing.) : Lieu souterrain et séjour des morts.
》Il est difficile de s'intégrer à un groupe hostile. Pour Livaï, la vie dans les bas-fonds est synonyme de trahison, de mort et de désolation.
》Mais que se passe-t-il...
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Assis avec Furlan et Isabel, Livaï observait les alentours. Il avait perdu de vue la jeune femme depuis quelques minutes et commençait sérieusement à douter. Et si elle avouait tout à Erwin ? Ils seraient dans une belle merde. « Livaï ? » Il leva les yeux vers le brun sans rien dire. « Pourquoi tu fixes la sortie comme ça ? On a l'impression que tu cherches quelque chose. » Le noiraud souffla d'irritation et se leva. « Je vais faire un tour. Je dois vérifier un truc. » Furlan fronça les sourcils, parlant à voix basse. « Et le plan alors, Livaï ? On fait quoi ? » Il ne répondit pas et fila en vitesse dans les couloirs de la vieille bâtisse.
Ses yeux scannèrent les environs, cherchant inlassablement sa supérieure. Qu'espérait-il de toutes façons ? Depuis leur départ en expédition, elle avaiteu des tas d'occasions de parler à Erwin si elle l'avait voulu. Alors il était forcément trop tard pour cacher ses réelles intentions. « Beau travail caporal-chef. C'est un soulagement de vous avoir avec nous à chaque fois. »
Livaï s'arrêta. Bonne nouvelle, il l'avait retrouvé. Mauvaise nouvelle, elle était occupée avec le major. « Faut bien que quelqu'un vous sauve le cul. » Il reconnaissait bien là la voix de la jeune femme. Un demi-sourire prit place sur ses fines lèvres. « Ne me prenez pas pour un demeuré, petite garce. Vous êtes toujours en liberté parce que j'estime que vous êtes utile, mais vous pourriez aussi bien retourner croupir en prison. » Le noiraud déchanta rapidement. Ce sale porc osait menacer un soldat aussi compétent ? Avant même que son cerveau ne réagisse, ses jambes l'avaient fait avancer. Il se retrouva face à ses deux supérieurs et écarquilla les yeux de stupeur en voyant la scène devant lui. Le major tentait d'étrangler la jeune femme et avait une prise ferme sur son cou. La pauvre essayait vainement de retirer les mains de sa trachée mais, plaquée au mur et en manque d'oxygène, elle n'arrivait plus à réfléchir correctement. Ses yeux accrochèrent l'acier du soldat. Elle sauta sur l'occasion et prononça son nom, comme un appel à l'aide. « Livaï... » Le major se retourna comme une flèche, laissant sa subordonnée s'échouer au sol en toussant sauvagement. Et le regard noir du soldat suffit à effrayer son supérieur qui détalla sans un mot.
Ses yeux anthracites s'adoucirent considérablement lorsqu'ils se posèrent sur la pauvre femme au sol. Il l'aida à se relever et inspecta son cou en fronçant une énième fois les sourcils. « Ce salop a laissé de belles marques... » La caporal sourit doucement en se massant la trachée et lança sur le ton de la rigolade. « T'en fais pas. Et je voulais te dire, t'as géré tout à l'heure, c'était bien joué. Même Erwin a été impressionné. » S'il en fut gêné, il resta de marbre en raccompagnant sa supérieure vers des endroits plus peuplés. « Je voulais pas crever. » Sa remarque fut accueillie par un rire cristallin de la jeune femme. « Je vais sur le toit, tu veux venir ? »
Livaï oublia un instant sa mission et accepta d'un hochement de tête. « Suis-moi. » Ils traversèrent plusieurs couloirs, croisèrent Erwin que la caporal salua d'un sourire amical, et atteignirent une fenêtre. « Il faut escalader à partir de là. » Et le noiraud se retrouva de nouveau impressionné par les capacités de sa supérieure. Elle parvenait à escalader un vieux mur dont les pierres décalées offraient très peu de prises.
Arrivée quasiment en haut, elle lui lança un regard rieur. « Tu veux de l'aide peut-être ? » Livaï claqua sa langue sur son palet et s'attela à la tâche. Il la rejoignit rapidement en haut de l'édifice et se retrouva bouche bée face au spectacle qui s'étendait sous ses yeux.
« Le ciel est découvert ce soir. » Assise sur un rocher surélevé, la jeune femme invita le soldat à la rejoindre. Le noiraud préféra rester debout et se cala simplement sur le rocher en question. « Pourquoi a-t-il fait ça ? » Elle pouffa de rire à sa question. « Les hommes et femmes des Bas-fonds ne sont pas les bienvenus à la Surface. C'est comme ça. » Livaï fronça les sourcils. Comment faisait-elle pour passer l'éponge sur un tel affront ? « J'ai survécu jusqu'ici grâce à mes capacités et à mon amitié avec Erwin. » La mention de son prénom figea le noiraud sur place. Plus il y pensait, plus il avait du mal à se convaincre que tuer Erwin était la bonne solution. « Je n'ai rien dit. Ne t'inquiètes pas. » Sans un mot, elle dirigea son regard vers le ciel et adressa une prière aux étoiles.
*
Livaï claqua sa langue. « Cet enfoiré y a vraiment été fort. » Et il défit son foulard pour le sceller autour du cou de sa supérieure. Celle-ci l'effleura du bout de ses doigts bandés avant de sourire franchement. « Merci. »