-18- la confiance des Bas-fonds

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Le lendemain matin, alors que Livaï se préparait mentalement à rédiger des lettres aux familles des membres de son escouade, il décida d'aller voir l'état de sa supérieure

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Le lendemain matin, alors que Livaï se préparait mentalement à rédiger des lettres aux familles des membres de son escouade, il décida d'aller voir l'état de sa supérieure. Elle était restée inconsciente durant tout le voyage de retour au Q.G. et devait rester alitée à l'infirmerie pendant quelques temps.

Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit son lit vide, l'infirmière lui disant qu'elle était partie le matin même. « Je lui ai dit de ne pas bouger, mais elle a insisté et est partie comme une flèche. » Le noiraud remercia tout de même la vieille femme et fit demi-tour directement.

Décidément, sa supérieure était un cas. Elle est sûrement dans son bureau.

Livaï prit alors la direction de l'aile des officiers. Il ne croisa pas un soldat en route, surpris du silence des couloirs. Mais il ne s'y attarda pas, trop préoccupé par la santé de sa supérieure.

Il vit bientôt la porte menant à son bureau et frappa le bois trois fois avant d'entendre sa voix l'autoriser à entrer. Obéissant platement, il fronça directement les sourcils à l'agitation que la jeune femme produisait. « Caporal ? Vous partez quelque part ? » La pauvre se stoppa net et serra la boîte en bois dans ses mains bandées. « ... je dois prendre mes responsabilités et aller voir leurs familles. » Le noiraud comprit aussitôt qu'elle se sentait coupable de ce qu'il s'était passé la veille et sentit son cœur se serrer à cette idée. Il souffla en fermant les yeux et les rouvrit pour les fixer dans ceux de son vis-à-vis. « Vous devriez vous reposez. J'allais leur écrire des lettres d'excuse. » Surprise, elle détailla le sérieux du soldat, une larme roulant sur sa joue. Pourquoi lui était-il aussi dévoué ? Elle ne parvenait à le comprendre. Un sourire triste germa ses lèvres alors qu'elle posait sa précieuse boîte sur la table. « C'est gentil à toi d'y penser mais... ils étaient sous ma responsabilité. C'est à moi de m'excuser. » Elle essuya sa joue d'un geste vif, honteuse de montrer ses faiblesses à un soldat.

« Sortez avec moi. » Un silence presque divin suivit sa déclaration. La jeune femme ne réussit qu'à rire intérieurement au tact légendaire de son vis-à-vis. Ne cesserai-t-il jamais de l'étonner ? « Vous avez besoin de vous changer les idées et je connais un très bon endroit pour ça. » Décidément, cet homme allait de surprise en surprise. « Faites-moi confiance. » La pauvre, qui n'avait réussi à prononcer aucun mot, fondit en larmes. Au diable son image d'officier, elle voulait juste se sentir humaine une journée. Elle s'approcha du noiraud et, sur un coup de tête, le serra dans ses bras blessés. « Comment tu fais pour tout comprendre ? » Sa voix brisée heurta Livaï de plein fouet. Il lui rendit son embrassade avec force. « Je suis passé par là aussi. Et c'est grâce à vous que j'ai su passer au-dessus de tout ça. » Un petit rire accueillit sa remarque, suivi d'un reniflement peu élégant. « Et je t'ai déjà dit de me tutoyer. » Le noiraud sourit doucement et souffla sa réponse en resserrant son étreinte. « Plus tard peut-être. »

La jeune femme rit de nouveau avant de mettre fin à leur petit moment d'intimité. Elle leva des yeux rouges sur le soldat et sourit légèrement. « Où allons-nous alors ? » Livaï sourit à son tour. « Vous devriez vous changer en quelque chose de plus discret. »

*

« J'ignorais qu'il existait des salons de thé dans les Bas-fonds. Moi qui y ai vécu... » Pénétrant un petit bâtiment à l'abri des regards, les deux soldats s'assirent confortablement dans un coin. « Je venais ici avec Isabel et Furlan. » Flattée que le noiraud s'ouvre à elle, la jeune femme sourit doucement. Elle devait avouer que la confiance qui les liait tous les deux la rendait heureuse.

« Tiens, Livaï ! Ça faisait un bail ! » Un homme blond, qui semblait être le patron du petit restaurant, s'approcha du duo. Il adressa un grand sourire à la jeune femme et leur demanda ce qui les amenait dans un endroit pareil. « On voulait être au calme, sans l'agitation de la Surface. » Le blond hocha positivement la tête et ordonna qu'on leur serve de quoi boire.

En attendant leurs boissons, les deux soldats discutèrent du passé du noiraud. Ce dernier lui raconta le concours de bras de fer auquel il avait participé quelques années plus tôt. Ce fut ainsi que sa supérieure comprit réellement le penchant qu'avait le combattant pour le thé.

« Au fait, Livaï... » Apportant sa tasse à ses lèvres, le noiraud émit un son quelconque pour l'inciter à continuer. « Merci de me comprendre. »

Sans un mot, il l'observa à son tour prendre une gorgée de thé et sourire lorsque le goût lui plut.

Highway to Hell | Livaï AckermanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant