-14- une longue histoire

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Une tasse fumante devant son nez, la jeune femme somnolait légèrement

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Une tasse fumante devant son nez, la jeune femme somnolait légèrement. Elle venait de passer sa nuit à faire des rapports pour une bourgeoisie qui ne comprenait rien à rien. Et contrairement à Livaï, qui l'avait aidé au maximum qu'il avait pu, elle n'était pas insomniaque et aurait apprécié quelques heures de sommeil supplémentaires.

« Caporal ? » La pauvre leva des yeux fatigués vers la porte du réfectoire, Livaï s'y tenait. « Ah c'est toi... qu'est-ce que tu fais ici, si tôt ? Tout le monde dort encore. » Le noiraud s'avança jusqu'à la table qu'il utilisait d'ordinaire avec son escouade. « Je suis venu chercher à boire. Et je reste insomniaque. » Un demi-sourire s'afficha sur les lèvres de la jeune femme. « Je vois. Tu peux y aller si tu veux. » Mais il préféra s'asseoir pour le moment. L'état de sa supérieure était désolant. « Vous ne devriez pas dormir ? Vous avez des cernes assez impressionnantes. » La pauvre pouffa de rire, il n'avait pas vraiment tort. « Ce n'est qu'un coup de fatigue, rien de plus. »

Livaï n'était pas dupe. Sa supérieure se tuait au travail, mais il ne pouvait rien y faire. Pas tant qu'elle restait aussi butée. Il décida de changer de sujet. « Vous ne m'avez jamais dit pourquoi vous étiez rentrée dans la Bataillon. » Oui, c'était carrément indiscret. Mais il était curieux. Et la pauvre faillit s'étouffer avec sa gorgée de café. « C'est... une longue histoire. » Elle posa sa tasse sur la table et contempla les vaguelettes que faisaient le liquide. « Je ne suis pas née dans les Bas-fonds. » Livaï fronça les sourcils. Si elle n'y était pas née, pourquoi avoir dit qu'elle venait du même monde que lui ? « Je suis née à la Surface dans une famille aimante. Mon père travaillait pour subvenir aux besoins de la famille pendant que ma mère s'occupait de moi. Mais ça, c'était avant que tout parte en couille. » Le noiraud observa l'expression de sa supérieure devenir nostalgique. Il se rappela le soir où ils avaient discuté sur le toit du bâtiment. Un soir où il s'était senti en paix avec lui-même. « J'ai surpris mon père avec une femme noble. Et deux jours après, mes parents divorçaient. » Désormais, le noiraud comprenait la haine viscérale que la jeune femme portait à la bourgeoisie. « Comme ma mère ne pouvait pas travailler, on s'est rapidement fait jeter dans les Bas-fonds... j'avais cinq ans. »

Livaï écarquilla les yeux d'effroi. Lui qui était né sous terre imaginait à peine le choc que ça avait dû être à cet âge. C'était même un miracle qu'elle ai survécu. « Ma mère a commencé à offrir son corps pour nous aider à survivre et j'ai commencé à voler les autres. » Elle prit une autre gorgée de café avant de continuer. « Et puis un jour, quelques années plus tard, elle est morte. Un client non-satisfait l'a frappée à mort. » Un éclair de colère traversa ses yeux, elle serra les poings. « Quand je suis rentrée ce soir-là, je me suis jurée de retrouver ce salop et de le tuer. »

Quelque part, Livaï comprenait l'état désolant de sa supérieure. Dès le début de sa vie, elle n'avait pas été gâtée. Et les choses n'allaient pas en s'arrangeant. « Une semaine après la mort de ma mère, à mes quinze ans, j'ai tué cet enfoiré. C'était pas compliqué de le retrouver, il se vantait de tout ce qu'il faisait. » La jeune femme finit sa tasse d'une traite avant de continuer son histoire avec un léger sourire. « Après son meurtre, j'ai commencé à réunir de l'argent pour payer le droit de passage aux escaliers. Ça m'a pris trois ans. Et à dix-huit ans, je suis sortie et suis partie voir mon cher paternel. Il a pas apprécié ma visite. » Elle émit un petit rire amer. « Je me souviendrai toujours de la tête qu'il a fait quand il s'étranglait dans son propre sang. » Passant une main lasse sur son visage, elle fit tourner la tassa dans ses mains. « Je sais pas ce qui m'as pris ce jour-là... mais j'étais tellement en colère que lorsque j'ai vu qu'il avait eu un autre enfant avec cette femme...tout mon monde s'effondrait une nouvelle fois. » Livaï, qui s'était assis face à sa supérieure, se leva et prit place à sa droite pour la réconforter. « C'était un connard. » La pauvre échappa un rire à sa remarque. « Quand je suis sortie de la maison de mon père, je suis tombée sur Erwin. C'est là qu'il m'a parlé du Bataillon. Il m'a couvert pour le meurtre de la noble famille et m'a aidé à rentrer dans les brigades d'entraînements. Ensuite, j'ai intégré les rangs de l'armée sous son nom de famille. » Le noiraud fronça les sourcils. « Vous portez le nom Smith ? » Face à l'expression de son visage, la caporal pouffa de rire. « Nous ne sommes pas mariés, idiot. J'avais besoin d'une nouvelle identité pour rentrer dans l'armée. » Elle fouilla sa poche et tendit deux emblèmes au soldat. « Au fait, c'est à toi. J'aurai dû te les donner plus tôt, mais je voulais savoir si tu comptais rester ou pas. » Entre ses doigts gisaient les emblèmes d'uniforme de ses amis défunts. Livaï l'observa quitter le réfectoire pour retourner s'enfermer dans son bureau. « Ils seraient fiers de toi, Livaï. J'en suis certaine. »  

Highway to Hell | Livaï AckermanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant