-07- mais il n'eut pas la force

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De nouveau à cheval, les membres restants du Bataillon entamaient le retour vers les murs

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De nouveau à cheval, les membres restants du Bataillon entamaient le retour vers les murs. Une pluie torrentielle s'était abattue sur les soldats, rendant leur progression quasi-impossible. Le major et quelques chefs avaient alors décidé qu'il était plus sage de faire demi-tour.

Livaï, qui n'avait pas dormi de la nuit, savait que c'était sa dernière chance de mettre son plan à exécution. Il lança un regard à ses compagnons. Ni l'un ni l'autre n'étaient au courant de l'arrangement qu'il avait eu avec leur caporal, et il savait qu'il risquait gros s'il se loupait aujourd'hui. « Furlan, Isabel. » Les deux concernés se focalisèrent sur celui qu'ils considéraient comme leur chef. « Je vais profiter de la pluie pour avancer et buter Erwin. Vous deux, restez là. » Deux grimaces lui répondirent instantanément. « C'est trop risqué ! On y voit rien ! » Le brun, sûrement le plus logique du trio, sut qu'il n'arriverait pas à résonner son vis-à-vis et souffla de résignation. « T'as intérêt à revenir rapidement. » Le noiraud hocha la tête sous les plaintes d'Isabel et talonna sa monture pour accélérer.

La pluie et le vent battaient devant ses yeux gris. Ses pensées ne cessaient de se bousculer. S'il réussissait cette mission, lui et ses deux amis auraient la possibilité de quitter l'armée et de vivre tranquillement à la Surface. Mais s'il échouait... il ignorait comment Isabel et Furlan réagiraient. Il ignorait ce qu'il se passerait. Il était dans le flou complet. Et pourtant... pourtant, il fonçait tête baissée vers ce qu'il pensait être la bonne décision.

Son cheval trébucha sur une pierre, l'envoyant valser dans la boue. Il râla dans sa barbe et se releva difficilement. Il aurait des courbatures le lendemain, il en était certain. Mais ses yeux accrochèrent à un spectacle macabre. Devant lui, dans une mare de sang qui se diluait avec la pluie, des cadavres déchiquetés, broyés et dévorés gisaient mollement sur le sol.

Son cerveau se vida de toutes pensées inutiles. Il ne restait plus qu'Isabel et Furlan au fond de son esprit et un élan d'inquiétude traversa son corps. Il enfourcha alors sa monture et fit demi-tour en vitesse.

La pluie lui vrilla les yeux une nouvelle fois. Mais il était trop inquiet pour ralentir. Il ne voyait rien, n'entendait rien non plus, mais il ne pouvait pas s'arrêter. Il avait dû croiser un titan sans s'en apercevoir et celui-ci devait maintenant s'en prendre à son escouade. Il m'arrive que des merdes... Ce furent ses dernières pensées avant de finir de nouveau au sol. Un éclair zébra le ciel. Et avec lui de nouveaux cadavres.

Livaï observa ses alentours. La réalité le frappa de plein fouet. « Non... » Il avait beau le nier. Les corps de ses deux compagnons gisaient au sol, démembrés. « Livaï... » Il releva la tête à la hâte, écarquillant une nouvelle fois les yeux. Sous le cadavre de son ancien chef d'escouade, était coincée la jeune caporal, blessée.

Ce fut à cet instant qu'il remarqua le titan qui se trouvait à quelques mètres de là. Secouant la tête comme un chien qui joue avec un bâton, le monstre déchiqueta un énième homme.

Et la jeune femme, complètement éreintée, assista à un spectacle qui lui brisa le cœur. Le noiraud qui était arrivé trop tard s'était jeté sur sa cible avec tant de hargne qu'elle en frissonna. Il était brisé, en colère et perdu. Et il se défoulait sur le titan à l'origine de ce désastre.

Erwin vint aider sa caporal à s'extirper du corps qui la recouvrait et assista avec elle à la mise à mort du colosse. Et dans un silence olympien, elle clopina jusqu'au corps voûté du soldat pour poser une main faible sur son épaule. « Excuse-moi... je me suis faite avoir comme une conne. Et j'ai échoué. » N'obtenant aucune réponse, elle s'éloigna dans l'idée de lui laisser un peu de temps.

Le blond à ses côtés resta immobile devant le jeune homme. L'idée de le tuer sur le champs traversa le cerveau de Livaï mais il n'eut pas la force de lever sa lame. Il venait de tout perdre. Il ne pouvait pas retirer cet homme à quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui l'estimait. Et il savait que si Erwin mourait maintenant, de ses mains, il finirait sa vie dans les Bas-fonds, qu'il s'était juré de quitter.

Levant finalement les yeux sur le paysage qui l'entourait, il s'arrêta directement sur sa supérieure qui profitait d'un rayon de soleil pour se réchauffer. Le sourire qu'elle arborait était douloureux, mais elle s'était relevée une fois de plus après la bataille.

Livaï ne prononça plus un mot de la journée.

Highway to Hell | Livaï AckermanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant