-15- encore un aveu à me faire ?

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Marchant dans les couloirs déserts du quartier général, Livaï cherchait sa supérieure

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Marchant dans les couloirs déserts du quartier général, Livaï cherchait sa supérieure. Il avait vérifié dans son bureau, avait respectueusement toqué à la porte de sa chambre et fait le tour des terrains d'entraînements, elle restait introuvable. La cheffe Hanji lui avait conseillé la bibliothèque mais même dans un dernier espoir, la jeune femme s'était volatilisée. Le noiraud avait alors pensé au toit de l'établissement. Le lendemain se déroulait une expédition, la deuxième à laquelle il participerait, et son cerveau s'était souvenu de ce qu'elle lui avait dit. Je viens observer les étoiles comme si c'était la dernière fois.

Il ouvrit alors la porte menant au toit et sourit presque en reconnaissant la silhouette de sa supérieure. Elle était assise sur les combles, les yeux fixés sur la voûte étoilée. En entendant la porte craquer, elle s'était retournée et avait souri au soldat. « Je me doutais que je vous trouverai ici. » Un éclair mystérieux traversa le regard de la jeune femme. « Tu me cherchais ? Tu as encore un aveu à me faire ? » Fidèle à elle-même, elle embêtait n'importe qui dès qu'elle le pouvait. « Tu ne vas pas me tuer quand même ? » Un fin sourire perça les lèvres du noiraud. « Non. Je ne suis même pas sûr de pouvoir le faire. » Un sourire curieux mua les croissants de chair de la jeune femme. « Comment ça ? Tu as toutes les capacités nécessaires à me vaincre. » Livaï vint se poster à côté de sa supérieure. « Peut-être. Mais aucun être humain ne peut tuer quelqu'un s'il ne le souhaite pas. » La surprise qu'il lut sur les traits de la jeune femme ne l'étonna pas. « Et je ne souhaite pas vous tuer. » Cette dernière pouffa de rire avant de poser une main sur l'épaule du soldat. « Tu peux me tutoyer maintenant, tu sais ? Mon escouade y est autorisée lorsque nous sommes entre nous. »

Livaï hocha la tête, se laissant aller à la contemplation des étoiles. Le ciel était parsemé de légers nuages mais l'ensemble restait à couper le souffle. « Est-ce que vous... » Il s'arrêta pour reformuler sa phrase et reprit. « Est-ce que tu as déjà perdu quelqu'un qui t'es cher ? » Le noiraud souffrait encore de la disparition de ses deux amis et la jeune femme le savait parfaitement. Même après des mois, ou même des années, il en souffrirait toujours.

Elle posa sur lui un regard compatissant et expira un souffle difficile. « J'ai perdu des membres de mon escouade, l'an dernier. Mais je sais que ce n'est de ça dont tu souhaites parler... » Il était vrai qu'ils avaient déjà discuté du passé de l'escouade de la caporal-chef. C'était à ce moment-là qu'elle lui avait révélé l'intérieur de la boîte en bois qui trônait dans sa bibliothèque. Tous les emblèmes de ses anciens compagnons y résidaient sans exception.

« Quand j'étais dans les Bas-fonds, avant de perdre ma mère, j'ai connu quelqu'un. » Un voile de nostalgie traversa son regard alors qu'elle tentait de chasser les souvenirs qui se rappelaient à elle. « Il s'appelait Shawn et on adorait passer du temps ensemble. » Une légère brise se leva. « C'est lui qui m'a appris à voler les autres. Sans lui, je serais morte de faim au bout de quelques semaines. » Livaï plongea à son tour dans ses souvenirs. Il savait qu'il devrait faire son deuil, mais c'était impossible. Pour lui, ça a avait été de sa faute. Il était responsable de leurs morts et ça le hanterait toute sa vie. « Shawn représentait pour moi ce que Furlan et Isabel étaient pour toi. » Un pincement lui serra le cœur, il se força à détacher son regard de sa supérieure. « Et t'as réussi à l'oublier ? » Malgré la maladresse flagrante dont il faisait preuve, la jeune femme savait que sa réponse déterminerait leurs futurs à tous les deux.

Avec un sourire triste, elle posa une main sur son cœur. « ... non. » Elle savait qu'avec une réponse pareille, ni lui ni elle n'arriverait à avancer mais elle ne pouvait pas lui mentir. Shawn lui manquait beaucoup, bien qu'ils n'aient pas passé une éternité ensemble, et elle ignorait même s'il était toujours vivant.

Livaï expira à son tour un souffle difficile en fermant les yeux. Ça lui faisait mal mais il devait l'admettre. « Moi non plus. Et j'ai l'impression que j'y arriverai jamais. » Mais quelque part, il se sentait soulagé de savoir qu'il n'était pas seul dans sa souffrance.

Chaque soldat du Bataillon avait connu cet événement, et certains ne s'en remettaient jamais.

Highway to Hell | Livaï AckermanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant