-03- à une heure pareille -commencement-

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Apposant sa signature sur un énième rapport de mission, la jeune femme souffla de fatigue

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Apposant sa signature sur un énième rapport de mission, la jeune femme souffla de fatigue. Voilà des heures qu'elle remplissait des papiers administratifs à n'en plus finir et sa patience venait d'atteindre sa limite. Ses yeux accrochèrent à l'horloge murale et se fermèrent en constatant l'heure tardive qui se profilait sous son nez. « Deux heures du matin... » Soufflant une deuxième fois, elle s'étira quelques muscles en se levant et sortit de son bureau.

Le lendemain se déroulait une nouvelle expédition extra-muros, et elle avait terriblement besoin de sommeil, mais elle refusait d'aller se coucher avant d'être aller prier les étoiles de la laisser en vie. Elle n'était pas férue de religion, mais juste observer le ciel étoilé avant chaque sortie des murs arrivait à la détendre.

Ses pas la conduisirent alors silencieusement vers le toit du bâtiment. Mais au lieu d'admirer la beauté du ciel dégagé de cette nuit fraîche, la jeune femme s'attarda sur le soldat présent devant elle. Avec ses cheveux noir corbeau et son regard d'acier, il était facile de le reconnaître, même de nuit.

Le jeune femme sourit doucement et s'avança en silence. « Tu ne devrais pas être ici à une heure pareille, soldat. » Bien qu'elle le réprimandait sur son comportement, le sourire qu'elle arborait montrait à Livaï que cela l'amusait plus qu'autre chose. Après un léger silence, il se décida à parler. « ... J'avais besoin de réfléchir. » Avec un regard curieux, elle s'assit non-loin de lui pour profiter du paysage. « Et j'avais besoin d'admirer ces étoiles comme si je ne les verrai plus jamais. »

Livaï apprécia le fait que sa supérieure ne cherche pas à en savoir plus. Il détailla sa silhouette baignée de lumière lunaire et se surprit à éprouver un peu de plénitude. « Vous pensez que vous allez mourir demain ? » Bien qu'elle ait eu un léger sourire en disant devoir admirer le ciel comme si c'était sa dernière fois, Livaï n'aimait pas entendre parler de la mort aussi facilement.

La caporal posa sur lui un regard doux. « C'est possible. Je suis dans l'armée depuis trois ans et je n'ai jamais cessé de prier les étoiles avant chaque expédition. » Son regard s'accrocha aux astres et s'illumina d'une lueur que le noiraud ne comprit pas réellement. Comme si elle éprouvait un sentiment qu'il ne connaissait pas encore. « Tous les soldats pensent qu'ils vont mourir avant de partir en expédition. C'est humain. » Livaï posa son regard sur la voûte céleste.

Étrangement, malgré tous les coups-bas qu'il avait pu faire dans sa vie et tout le malheur qui semblait s'abattre continuellement sur ses épaules, il se sentait en paix. Il ignorait si c'était à cause du vent frais qui agitait ses cheveux, des étoiles qui éclairaient sa voie, ou si c'était sa supérieure qui le calmait ainsi.

Dans un souffle, il la questionna. « Avez-vous peur de la mort, caporal ? » La jeune femme sourit mystérieusement. « J'imagine. » Sa réponse ne satisfit pas le brigand qui cherchait à en savoir plus sur cette femme qui l'intriguait tant. « Vous n'avez peur de rien ? » Elle baissa son regard sur le terrain d'entraînement, en contre-bas. « Si. » Elle prit une inspiration avant de continuer à s'ouvrir à un soldat qu'elle connaissait à peine. « Et pour quelqu'un comme moi, avoir cette peur n'est pas acceptable. »

Livaï fronça les sourcils. De quoi parlait-elle ? De son point de vue, tout chez cette femme était acceptable. De son vocabulaire acerbe à son humour parfois déplacé, elle était un tout qu'il fallait accepté sans broncher. Et il était ravi de l'avoir rencontré.

Il retira ses yeux gris du ciel nocturne pour les poser sur sa supérieure. « Je ne comprends pas. » La jeune femme pouffa de rire mais reprit ses explications. « Je suis un officier haut-gradé, ce n'est un secret pour personne. Cependant, les officiers comme moi doivent être toujours à la hauteur. Je n'ai pas le droit de pleurer ou de m'emporter devant mes soldats. Je dois toujours avoir la tête haute et être la petite caporal espiègle que tout le monde connaît. » Elle ferma un instant les yeux avant de les ouvrir sur la voûte éclairée. « C'est fatiguant d'être coincé dans un rôle. Mais ce qui m'effraie sincèrement, c'est qu'en brisant cette étiquette que les gens ont de moi, je perde mes proches et finisse seule. » Elle dirigea finalement ses yeux lumineux sur le noiraud avec un sourire mélancolique. « J'ai peur d'être seule. » Et Livaï sembla comprendre ce qu'elle ressentait. Il l'ignorait avant qu'elle ne mette des mots sur ce qui l'effrayait mais lui aussi avait peur de se retrouver seul. Il tenait à ses deux amis plus qu'à sa propre vie et il venait d'en prendre conscience.

Mentalement, il remercia la jeune femme de lui avoir ouvert les yeux sur ses propres sentiments.  

Highway to Hell | Livaï AckermanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant