☆ CHERRY FLAVOR

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CHERRY FLAVOR  ;  1

— Collés pour notre dernière heure de cours, c'est pour ressusciter nos ancêtres ?

Il était dix-sept heures trente, les couloirs étaient de plus en plus déserts. La lumière du soleil traversait les carreaux poussiéreux et sales, s'écrasant sur les murs opposés. Leurs chaussures crissaient sur le sol en vinyle, leurs ombres s'allongeaient à côté d'eux. Ils rejoignaient la salle dans laquelle devait se dérouler leur sanction.

— C'est grave de ta faute Seungmin, marmonna le plus jeune.

— HEIN ? Y'a pas à mentir comme ça, t'abuses ?! s'empressa de répondre le brun.

— J'ai juré tu parles trop mec, toujours tu gueules dans nos oreilles ?

— Attends attends, carrément je m'arrête tellement j'suis oûtré. Donc tu brailles chaque minute pour dire que les profs te cassent les couilles, que tu veux bouffer, que t'as envie de pisser ou que tu veux que Chris te casse en deux, et c'est moi qui gueule dans les oreilles des gens ? Dose sur le mensonge Jeongin.

— Euh pour Chan c'est grave pas vrai.

— Ravale ta mauvaise foi, personne te croit ici.

   Le blanc gloussa tandis que son aîné lui assénait un coup derrière la tête. Ils tournèrent dans un autre couloir, plongé dans l'obscurité, qui s'éclaira quand ils s'avancèrent. La porte la plus proche était entrouverte. Seungmin toqua, et un « Entrez ! » tonitruant s'échappa de la pièce.

   — J'en ai déjà marre... souffla Jeongin en poussant la porte.

   La salle de classe était baignée de la chaude lumière du soleil de juin. À cette heure-ci, le ciel commençait seulement à se teinter de beaux dégradés orangés, donnant une touche de charme à cette pièce pourtant dénuée de beauté et de couleurs.

   Cinq lignes de tables étaient disposées dans la longueur de la pièce, face au long tableau blanc. À droite de celui-ci se trouvait un petit bureau, sur lequel trônait l'écran et le clavier de de la vieille tour d'ordinateur glissée sous la table. Derrière le bureau, une grande armoire dont les portes étaient ouvertes. Un homme farfouillait à l'intérieur, et il finit par s'intéresser aux deux adolescents.

— Ah, vous voilà enfin. Je commençais à croire que vous n'alliez pas venir.

Les jeunes hommes écarquillèrent les yeux et froncèrent les sourcils, surpris.

— Monsieur Kang ? Qu'est-ce que vous faites là ?

— Bah, Monsieur Park ne vous a pas prévenu ?

Jeongin hocha la tête, ce qui fit souffler l'homme devant eux.

— Toujours pareil, pas foutu de s'occuper de ses élèves... dit-il dans un soupir. Votre professeur de philosophie a eu un sois-disant empêchement, il a dû quitter le lycée en urgence hier. Il n'est pas revenu depuis, mais il avait l'air bien content de se sauver. Tout naturellement, il a demandé au principal de m'assigner le statut de remplaçant, alors que je termine à onze heures le vendredi.

   Jeongin pouffa, ce qui lui valut un coup de coude de la part de son aîné. Le professeur, lui, arqua un sourcil, avant de sourire à son tour.