Chapitre 13

1.5K 65 9
                                    

"On se demande parfois si la vie a un sens et puis on rencontre des êtres qui donnent un sens à la vie."

J'étais assise en silence, inquiète de manière irrationnelle que l'enquêteur puisse entendre les battements de mon cœur. Le silence semblait s'étirer à l'infini et finalement, il parla.

« Pourriez-vous me parler de votre première rencontre ? »

Je m'éclaircis la voix. « Hé bien, euh, il dirige la compagnie où je travaillais. Mais il ne met pas vraiment... la main à la pâte concernant la gestion du personnel. Donc je l'ai vu dans le coin pendant des années avant de vraiment le « rencontrer » ». J'inspirais, doucement. Respirer. Rester maître de moi-même. « Ensuite, il y a environ trois mois, il a envoyé son avocat me chercher. Il m'a dit que Harry voulait me rencontrer.

- Et qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite ?

- Harry voulait me parler d'un projet spécial. Un nouveau logo pour l'entreprise. Une redéfinition complète de l'image. Il voulait garder ça secret, c'est pourquoi il m'en parlait directement. Enfin c'est ce qu'il disait.

- Ce n'était pas vrai ? »

Je souris. « Il avait tout inventé, juste pour avoir une chance de me parler. J'imagine qu'il avait été en quelques sortes... intéressé par moi depuis un moment.

- Est-ce qu'il vous a fait part de son intérêt au premier rendez-vous ? »

Je déglutissais. Nous n'avions pas révisé ça. « Non... pas de manière explicite. »

L'enquêteur me regardait, faisant cliqueter son stylo.

« Je... le suspectais, dis-je enfin. De la façon dont il me regardait. Mais je pensais que je devais m'imaginer des choses.

- Donc. » Il regarda ses papiers. « Où viviez-vous à ce moment-là ? »

Je récitais l'adresse de mon ancien appartement.

« À votre première rencontre, avez-vous échangé vos numéros ? Est-ce que vous vous êtes arrangés pour vous revoir ? »

J'hésitais. « Je... je crois, dis-je. Mais je ne me rappelle pas exactement du nombre de fois qu'on s'est vus avant qu'il ne me donne son numéro. »

Jusque là, je suivais la ligne directrice de Harry aussi fidèlement que possible. Je me disais qu'il était préférable d'être vague, mais trop vague et je risquais de paraître suspecte. Je devais conserver un équilibre fragile.

Et respirer.

« Pouvez-vous me raconter la première fois que vous avez réalisé que vous aviez quelque chose en commun. »

Je riais un peu, regardant au loin, comme si je me rappelais un heureux souvenir. « Je ne sais pas comment c'est venu exactement mais... les films de Woody Allen. Il s'est avéré que nous avons grandi en regardant ses films. Nous avons commencé à en parler à chaque fois que nous étions ensemble, simplement bavarder... de moins en moins à propos du « projet », et de plus en plus à propos de choses personnelles. Finalement, il me dit qu'ils mettaient le projet en stand by, mais... qu'il voulait toujours me voir.

- Et vous ressentiez la même chose.

- Oui »

Une part de moi commençait en fait à croire à ma propre histoire, et ça me faisait mal au cœur.

« Donc, diriez-vous que c'est à ce moment là que votre relation est devenue plus romantique ? »

J'acquiesçais.

« Où êtes-vous allés à votre premier rendez-vous ?

- Nous avons mangé à son bureau de nombreuses fois, dis-je. Mais... officiellement ? L'Auberge à Grenarnia, dis-je. C'était très joli.

J'ai épousé un millionnaire. H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant