Chapitre 1

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 REPRISE DU LIVRE "J' ai épousé un millionaire." DE MELANIE MARCHANDE.    

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''Je vie la nuit car on m'a dit que j'allais mourir un jour.''

Quand l'avocat de votre patron vous contacte tout d'un coup, votre premier instinct suppose que quelque chose d'horrible est arrivé et que vous êtes sur le point d'en payer le prix. Je me souviens encore la façon dont ma gorge s'est serrée, dont mes mains sont devenues moites – de quoi s'agissait-il ? J'étais sûre de n'avoir rien fait de travers, mais si Mr Styles décidait du contraire, il n'y avait pas vraiment de recours.
Mon boss avait la réputation d'être quelqu'un de difficile au travail. Heureusement, je le voyais rarement. Tout au plus, il était une vague présence menaçante au coin de mon œil ; une bouffée d'eau de Cologne lorsqu'il passait près de mon bureau. Pour lui, je n'étais sûrement qu'une ligne sur le registre des effectifs qu'il signait aveuglément tous les trimestres ; je n'étais même pas convaincue qu'il connaisse mon nom.
Et ça m'allait très bien comme ça. J'avais eu des patrons trop impliqués et ayant eu le nez un peu trop dans mes affaires avant, et je préférais de loin quelqu'un de froid et distant à qui je n'avais même pas besoin de parler. Je travaillais dur – je n'ai jamais eu besoin de quelqu'un regardant par-dessus mon épaule pour vérifier si je faisais les choses correctement.
En tant qu'une des designers graphiques, je m'en remettais directement à Lisa, responsable créatif. Elle était assez sympa, mais je n'ai jamais eu de retour de sa part qu'un simple acquiescement quand je lui montrais mes maquettes et mes plans. Quelques-unes d'entres elles ont été utilisées sur le marché et en guise d'outils pédagogiques, donc je supposais que Mr Styles appréciait mon travail.
Donc quand un homme s'est approché de moi dans le couloir et s'est présenté comme étant l'avocat de Mr Styles, la seule pensée qui m'est venue à l'esprit était que d'une façon ou d'une autre j'avais dû enfreindre les règles du copyright ou d'une marque déposée, coûtant des millions de dollars à la compagnie, et je serais virée sur le champ. Ou peut-être que j'avais incorporé accidentellement quelque chose d'obscène dans un de mes plans...
« Mr Styles voudrait vous voir à propos d'un projet spécial. »
Je sortis du mode panique.
« Un... projet ? »
J'avais dû sembler sceptique, parce qu'il continua : « C'est très important. Un redesign du logo de la compagnie. Il veut garder ça secret pour le moment, mais il a demandé à vous parler spécifiquement. »
J'étais déchirée entre la flatterie, et une curieuse appréhension. J'étais fière de moi, bien sûr, pour réussir à attirer son attention. Mais encore une fois, l'attention d'un homme comme ça pouvait être quelque chose que je regretterais d'avoir attirée dans le futur.
« Maintenant ? », était tout ce que j'avais pu formuler, avec toutes les pensées qui se chamboulaient dans mon cerveau.
« Oui, dit l'avocat, maintenant. »
Je le suivis le long du couloir qui menait jusqu'au bureau de Mr Styles. Il était séparé du reste par une distance assez conséquente pour qu'il semble intouchable. Je me demandais s'il avait appris ça dans l'une de ses nombreuses conférences managériales.
J'hésitais à la porte. Je n'avais jamais été dans son bureau avant. Hormis Lisa, je ne connaissais personne qui y soit allé. J'avais l'impression que l'avocat allait bientôt me demander d'enlever mes chaussures ou faire une sorte de révérence.
Au lieu de ça, il poussa simplement la porte et entra, me faisant signe de le suivre.
Le bureau n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais. Je l'aurais imaginé comme spartiate et froid, avec plein d'espace vide, pas une touche d'humanité. Au contraire, la première chose qui attira mon regard quand j'entrai était la variété de plantes tropicales prospères autour de Mr Styles. Certaines étaient groupées près de la fenêtre, d'autres disposées sur une petite alcôve contre le mur du fond et d'autres vivaient sur son énorme bureau en acajou. La multitude de lumières donnaient au bureau une douce lueur accueillante. Le plafond, lui aussi, était juste à la bonne hauteur – pas trop haut pour ne pas donner l'impression de se perdre dans l'espace, mais pas trop bas pour ne pas se sentir étouffé et à l'étroit.
Mr Styles lui-même se tenait au centre de la pièce, près d'un groupe de fauteuils et d'une petite table basse. Il souriait prudemment. Ou peut-être que c'était son sourire naturel. Je ne pense pas que je l'avais vraiment regardé en face avant, et je ne l'avais certainement jamais vu sourire. Il semblait plus jeune. Ce n'est pas qu'il semblait vieux avant, mais on pouvait remarquer la différence. Je n'avais en fait aucune idée de son âge, mais j'ai toujours supposé qu'il avait la trentaine.
« Je vous en prie Mlle Wainwright, dit-il en indiquant un des fauteuils, asseyez-vous. Je peux vous offrir quelque chose à boire ? Café ? Eau ? Jus de fruit ? »
Je secouai la tête.
« Avant que nous commencions, je tiens à vous assurer que vous n'avez absolument pas à vous préoccuper à propos de cet entretien. Je n'ai pas de problème avec votre travail ici. J'ai une proposition à vous faire, qui je crois serait bénéfique pour nous deux. Mon avocat est là pour superviser les négociations et nous assurer un accord équitable à tous les deux. Vous suivez jusque là ? »
J'acquiesçai, déglutissant difficilement. Je soupçonnais qu'il était sur le point de me proposer quelque chose qui était contre tous les séminaires d'éthique professionnelle auxquels j'avais dû assister.
Il prit un siège en face de moi, déboutonnant sa veste de costume. « Je veux que vous compreniez que si vous refusez, votre emploi ici ne sera pas mis en danger d'une quelconque façon. »
L'avocat faisait tourner son stylo entre ses doigts, fixant le sol. J'avais le sentiment qu'il n'était pas vraiment ravi de la situation, mais qu'il ne dirait rien du moment qu'il recevait son chèque.
« Mlle Wainwright, je suis certain que vous le savez, j'ai vécu et travaillé dans ce pays pendant très longtemps. Cet endroit est ma maison. C'est ici que j'ai construit tout ce qui est important pour moi. Mais, ça arrive, je suis né de l'autre côté de la frontière à Toronto. Malheureusement, j'ai fait confiance en la mauvaise personne pour gérer la paperasse qui aurait dû me permettre de vivre et travailler légalement ici. Il m'a volé beaucoup d'argent, mais pire que ça, il a échoué à organiser correctement mes papiers. Je n'étais pas au courant de cela jusqu'à ce que je reçoive une lettre du Service d'Immigration et de Naturalisation m'indiquant que je n'étais plus le bienvenu ici. » Il fit une pause, tripotant ses boutons de manchette. « Vous êtes une femme intelligente, je suis sûr que vous voyez où je veux en venir. »
Hé bien. Il est certain que ça avait pris une tournure intéressante.
Je me forçai à penser de manière rationnelle, si une telle chose était possible. Il était plutôt beau garçon, bien sûr – pas question de ça – en fait, je ne pouvais pas m'empêcher de penser que j'aurais l'air minable en comparaison, à son bras. Mais apparemment, il ne le pensait pas. Ou il ne s'en souciait pas.
Je m'éclaircis la voix. « Mr Styles... Monsieur... puis-je vous demander pourquoi vous m'avez choisie ? »
Il me regarda pendant un moment. « Votre superviseur, dit-il finalement, Mme Anderson. Lisa. C'est une des rares personnes à être au courant de mon... problème. Quand elle est venue me voir et m'a dit qu'elle et vous aviez eu plusieurs conversations où vous disiez détester l'institution du mariage, j'ai pensé que vous seriez peut-être intéressée.
- C'est... plutôt logique », dis-je fronçant les sourcils. Si j'avais su que Lisa était aussi proche de Mr Styles, je n'aurais jamais eu autant de conversations aussi personnelles avec elle. Elle venait de partir en congé maternité, donc je n'aurais même pas l'opportunité de la prendre dans un coin et lui demander à quoi elle pensait. Ce n'est pas que j'oserais. J'essayais de penser aux autres choses que je lui avais dites, mes oreilles commençant à rougir au fur et à mesure.
Mr Styles se mordit les lèvres. « Je vous ai offensée, dit-il en se levant. Je m'excuse.
- Attendez, dis-je. Vous êtes sérieux à propos de ça ?
- Oui, dit-il. Bien sûr.
- Vous n'êtes pas en train de me faire une sorte de farce élaborée ? »
Son sourire revint. « Quel genre de personne pensez-vous que je sois ? »
L'avocat fit un petit bruit, se redressant sur sa chaise.
« Je suppose que j'aurai une compensation ? » dis-je en essayant de paraître détendue et posée. Je ne connaissais pas la meilleure façon de réagir dans ce genre de situation – bon sang, je ne savais pas s'il y avait une meilleure façon – mais j'essayais de faire semblant qu'il ne m'avait pas complètement désorientée avec cette offre. Un mariage de convenance ? Qui fait ça dans la vraie vie ?
« Bien sûr », répondit Mr Styles, se rasseyant et prenant une liasse de papiers sur la table. « C'est plutôt simple, une fois que vous passez tout le jargon juridique. Vous devrez vivre avec moi un an, au moins, pour sauver les apparences. Pendant cette période, je vous soutiendrai et subviendrai à tous vos besoins. Après que cette période soit passée, vous aurez une compensation de deux millions de dollars U.S., payable en cash ou en chèque. »
Mon cœur s'arrêta pendant un instant.
Mr Styles ne broncha pas. « Vous devrez mettre fin à votre emploi ici, évidemment – encore une fois pour sauver les apparences. Mais je m'assurerai que vous trouviez un meilleur poste dans une autre entreprise, une fois que les termes du contrat seront accomplis. Dans le cas de problèmes légaux, vous serez toujours rémunérée, tant que vous faites un effort raisonnable pour garder la façade intacte.
- En quoi consiste un effort raisonnable ? » Je voulais savoir.
Il tourna quelques pages. « C'est expliqué ici. Vous acceptez de passer un minimum de dix heures pour revoir les détails de notre relation fictive afin de préparer l'entretien avec le SIN. Quand nous sommes en public, vous agirez comme si nous étions un couple. Cela peut inclure des interactions physiques, qui... », il baissa les yeux, fixant le tapis. Était-il gêné ? Sûrement pas. « ...Je l'espère vous trouverez... agréable... »
L'avocat soupira bruyamment. « Je me sens contraint de mettre en avant qu'un contrat pour un arrangement illégal ne peut pas être retenu à la Cour. »
Je n'avais même pas pensé à ça, mais évidemment il avait raison.
Mr Styles acquiesça. « Le contrat est une formalité. Juste pour clarifier les obligations que nous avons tous les deux.
- Ça sonne... » Je n'étais pas sûre de la manière dont ça sonnait. « Puis-je avoir un peu de temps pour y réfléchir ?
- Excellent », dit Mr Styles, subitement, son attitude professionnelle reprenant aussitôt le dessus. Je remarquais qu'il avait quelques couleurs sur le visage cependant.
« Vous pouvez lire attentivement le contrat autant que vous voulez, mais j'ai bien peur que je ne l'autorise pas à quitter cette pièce. Pour des raisons évidentes.
- Bien sûr », dis-je. Je feuilletais les pages, mes yeux scannant les mots comme s'il était possible de leur donner un sens. J'avais la tête qui tournait et j'avais l'impression d'être dans une sorte de rêve. Une part de moi était convaincue que je me réveillerais à tout moment.
« Vous pouvez prendre quelques jours, si vous le souhaitez, ajouta Mr Styles. Venez dans mon bureau dès que vous voulez y jeter un coup d'œil. Je le garde dans mon tiroir.
- Merci, répondis-je. Je pense revenir demain. »
Il acquiesça, me prenant les papiers des mains et les remettant en ordre. « Je vous vois demain alors. »
Je passai le reste de ma journée de travail sur un nuage. Deux millions de dollars ? Si je jouais bien mes cartes, avec le train de vie auquel j'étais habituée, je pourrais vivre de cet argent pour toujours. Probablement. Je pourrais ? Je n'en avais aucune idée en fait ; je n'avais jamais envisagé la possibilité d'avoir quelques millions de dollars me tombant dans les bras. J'en ai rêvé bien sûr. Comme tout le monde ? Mais je n'y ai jamais vraiment songé sérieusement.
Je suppose que je pouvais embaucher quelqu'un pour gérer l'argent. Mr Styles connaissait sûrement des conseillers financiers réputés – des gens qui feraient en sorte que je n'ai plus jamais à travailler de ma vie. Je pourrais poursuivre mon art, au lieu de travailler dur comme un robot d'entreprise pour le reste de ma vie professionnelle.
Whoa, Maddy. Prends du recul une minute.
Mon cerveau s'agitait déjà vigoureusement comme si j'avais l'argent sur mon compte en banque.
Mais si je décidais de faire ça – et c'était un grand si – ce ne serait tout de même pas avant longtemps que je verrais un centime. Et pendant ce temps, en vivant avec Mr Styles, je me serais habituée à un niveau de vie plus haut. Même pour quelqu'un comme moi, qui n'ai jamais été gâtée dans sa vie, ce serait difficile de revenir à la normale. Ce serait mieux si je pouvais consulter une tierce partie neutre à propos de tout ça – un professionnel.
Quelqu'un qui me donnerait de solides conseils. Mais j'étais plutôt sûre que j'aurais à payer des montagnes pour ça, et je n'avais pas vraiment l'argent de Harry Styles.
Encore.

J'ai épousé un millionnaire. H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant