J'ai épousé un millionnaire. H.S

Chapitre 6

Il devint normal pour Harry et moi de déjeuner ensemble au bureau. Ça avait atteint le point où il n'avait plus besoin de m'appeler ; habituellement je me levais et je marchais vers son bureau tous les jours à 11h30, et une Alice fronçant subtilement les sourcils prenait nos commandes. Il avait dû manger dans tous les restaurants à dix kilomètres à la ronde. Il avait toujours quelque chose à me recommander, et c'était toujours bon. Peu de temps après, il m'accueillait avec un bisou sur la joue, juste devant Alice. Je pouvais pratiquement la sentir m'étrangler avec son esprit. Bizarrement, tout ce que je ressentais c'était du triomphe.

« Tu sais, lui dis-je un jour, devant un plat de falafel et shawarma, toutes les femmes du bureau me détestent maintenant. » Il releva la tête. « Et quelques hommes aussi. »

Il ria tout simplement. « Hé bien, ce n'est pas très charitable de leur part.

- J'ai hâte de voir leur réaction une fois qu'on sera... fiancés. » J'avais encore beaucoup de difficultés à cracher le mot. « Je vais avoir besoin d'une garde rapprochée juste pour aller à la photocopieuse.

- Les yeux qui te fusillent du regard ne sont pas mortels en réalité, tu sais. » Il déchira un morceau de pain pita et le trempa dans un petit bol de hummus. « Peu importe s'ils sont perçants.

- Je suppose.

- Tu vas le dire à tes parents ? »

On y était. Je n'arrêtais pas de repousser la question dans mon esprit, mais j'allais devoir y faire face à un moment. « Je ne suis pas sûre », admettais-je, poussant la salade dans mon assiette. « Nous n'avons pas vraiment parlé depuis un moment. Si je sors de nulle part en les appelant, et que je leur dis que je suis fiancée...

- Ils vont bien le découvrir un jour, tu ne penses pas ? D'une façon ou d'une autre. Ce n'est pas mieux qu'ils l'apprennent de toi ? »

Il avait raison. Le contrat stipulait que je devais changer mon statut sur tous les réseaux sociaux - ce qui était la moindre des choses - et j'étais « amie » sur internet avec une poignée de personnes qui connaissaient mes parents. Il n'y avait aucune chance que j'esquive ceci.

La vérité, c'était que je gardais la plupart de mes relations secrètes de mes parents. Ils étaient tellement investigateurs et critiques sur tout ce que je faisais, et je n'avais jamais voulu passer à travers l'embêtement d'essayer de leur présenter quelqu'un, juste pour revenir plus tard et leur dire que nous avions rompu. « Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce que tu as fait ? Est-ce que tu lui as dit quelque chose qui lui a fait peur ? Peut-être que si tu perdais quelques kilos... Je veux dire, tu es une fille attirante, mais la compétition est féroce dehors... »

Je frissonnais un peu. L'idée de leur dire que j'allais épouser un millionnaire seulement pour leur dire un an après que nous divorcions... c'était terrifiant. Mais je n'avais pas le choix, si je voulais faire tout ça. Deux millions de dollars valent surement la peine d'endurer quelques coups de téléphone embarrassants.

Nous mangions le reste du déjeuner en silence ce jour-là. Harry savait qu'il avait touché un nerf sensible, et il ne voulait pas remettre le sujet sur le tapis.

Tard le vendredi après-midi, il vint à mon compartiment alors que je rangeais mes affaires. Dieu merci, Florence avait déjà fini sa journée.

« J'aimerais t'inviter à diner ce soir », dit-il, et ses yeux étaient plein de sens. Oh, mon Dieu. Ça y est, n'est-ce pas ? Il allait me faire sa demande. En public, j'en étais sûre. Il devait en faire tout un show.

« Ok, dis-je, mon cœur palpitant déjà dans ma poitrine.

- Sois prête à sept heures. »

La robe bleue nuit était toujours dans le sac en plastique du pressing, accrochée au fond de mon armoire. Je ne pensais pas en avoir encore besoin aussi tôt. Je la sortis une fois arrivée chez moi, pris rapidement une douche et me séchai les cheveux, et l'enfilai. C'était toujours aussi fantastique, même combiné à un regard hanté et perdu à des années lumières.