FAVELAS T2

Epilogue

13 ans plus tard. Londres, Royaume-Uni. 

Point de vue de Jade : 

Je réajuste mes lunettes de soleil sur mon nez et m'installe dans les gradins. Les bruits  d'encouragements accompagnés par les applaudissements des parents s'élèvent dès que l'arbitre siffle les dernières minutes du match. Une bourrasque de vent traverse le stade, je pose ma main sur ma tête afin d'empêcher ma casquette de s'envoler. Le soleil tape fort sur la banlieue Londonienne aujourd'hui. 

Un homme passe entre les rangs pour proposer des snacks aux couleurs des juniors de West Ham UFC. Depuis le dernier rang, mon regard parcours le terrain à la recherche du numéro 9. C'est là que je l'aperçois enfin. Il se détache des joueurs de l'équipe adverse et fonce comme une flèche le ballon au pied jusqu'à l'autre bout du terrain. Il aura suffit de quelques dribbles bien placés pour que le ballon finisse dans la cage adverse sous les cris de victoire du public. 

L'arbitre siffle la fin du match et la victoire de l'équipe au maillot rouge et blanc. 

Depuis mon perchoir, j'entends les jeunes scandés le nom Torres. Mes yeux suivent un jeune garçon au regard féroce et fier. Il lève le poing au ciel et célèbre son but. Julian se trouve entouré et porté par ses coéquipiers jusqu'au bord du terrain. Les autres garçons cherchent des yeux les membres de leurs familles venus assister à la rencontre amicale organisée par les clubs mais pas Julian. Une fois l'euphorie de la victoire redescendue, il se dirige droit vers son entraîneur. D'ici, je peux voir qu'il le félicite. D'un geste paternel, il pose une main sur son épaule. Julian accepte avec humilité les louanges de son entraineur puis lève la tête vers les gradins. Je sais qu'il m'a vu. Derrière mes lunettes de soleil, j'aurais aimé qu'il voit le regard fier de sa maman. Il attrape son sac et serre la main de son entraîneur avant de trottiner vers les vestiaires. Ses coéquipiers l'attrape plusieurs fois en chemin dans des gestes fraternels et joueurs.

Je finis par me lever et par regagner la sortie du stade avant que les gradins ne se vident entièrement et que je ne me trouve bloquée dans la foule. Je pousse la porte de l'entrée principale et me dirige vers le parking. Je m'arrête à hauteur d'un lampadaire et m'appuie contre en attendant Julian. Je scanne les environs, le parking est plein mais une voiture attire mon attention. Un 4x4 noir attend à l'ombre d'un arbre et surtout à l'ombre des caméras de surveillance. 

Je me suis faite à cette routine. Je mentirais si je disais que c'est une vie banale et simple. Julian n'est pas n'importe quel adolescent. C'est le fils d'un des hommes les plus puissants au monde et avec ce pouvoir viennent des responsabilités et un danger omniprésent. A l'époque je ne pouvais pas supporter que Julian grandissent dans cet environnement alors avec Alejandro, on s'est mis d'accord sur le fait qu'il grandirait parmi la jeunesse dorée londonienne. Son cercle social se résumerait à des fils et filles de CEO, de ministres ou de milliardaires étrangers. Cependant à Londres, Alejandro n'y a pas trouvé sa place. Il est resté dans le viseur d'interpole et de certains hommes politiques envieux d'en faire un exemple. Au fond de lui, il ne voulait pas infligé ça à Julian, l'étiquette du fils de narcos. On a réussi sur ce point là, je suppose. La relation que Julian a avec son père a toujours été bonne mais depuis quelques temps, Julian supporte de moins en moins l'absence de son père et lorsqu'ils se voient, il n'est plus autant réceptif. Un peu comme si passé du temps avec Alejandro relevait plus de la corvée qu'autre chose. 

Quelques minutes plus tard, j'entends à nouveau la porte s'ouvrir. Julian a troqué son maillot contre un jogging et un T-shirt noir. Il a maintenant la carrure de son père. Ses cheveux sombres ont des reflets châtains sous le soleil. Il fait grossièrement tenir sa tignasse avec une pince, passe son sac de sport autour de lui et se dirige dans ma direction.