Chapitre 49 : Neiges éternelles

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NOUVEAU CHAPITRE

Point de vue d'Alejandro :

Je plantai avec force la pelle dans le sol et relevai la tête vers le ciel. Les premiers rayons de soleil commençaient à apparaître. La nuit n'avait pas apporter plus de fraîcheur à cet air déjà bien saturé par les effluves d'essence, de sang, et d'autre chose difficile à identifier. Je passai le dos de ma main sur mon front et pris une profonde inspiration.

Sebastian était appuyé contre le capot de la voiture. Sa silhouette se dessinait à travers le faisceau des phares qui illuminaient le tas de gravats. J'enfonçais à nouveau la pelle dans le sol. Le manche était devenu noir de sang. Je pouvais le sentir battre contre mes paumes déchirées par une nuit à creuser sans relâche. Je posais les yeux sur le tas de portefeuille à peine éclairé par la lumière blanche de la voiture et m'accroupis. Ils étaient au nombre de 6.
J'en attrapais un au hasard et l'ouvris. Le bruit des pas faisant remuer les cailloux se rapprochait à mesure que je passais en revue l'identité des gens que je venais de faire disparaître. Je connaissais leur identité, mais il fallait que je regarde à nouveau. Juste une dernière fois.

Sebastian s'arrêta à ma hauteur, une cigarette à peine entamée coincée entre les lèvres.

-Tout est bon de mon côté. Dit il en prenant une longue taffe de tabac. On peut bouger dès que t'es prêt.

Je me redressai et jetai le porte feuille que j'avais en main. Sebastian me tendit ce qu'il restait du bidon d'essence. Je versais les dernières gouttes sur le tas. Sebastian termina sa cigarette et lança le mégot.

Un feu jaillit dans l'obscurité.

Les yeux fixés sur les flammes dansantes, c'est comme si je pouvais me voir dedans. Le cuir se faisait rongé par le feu, puis le plastique des cartes d'identité, des cartes de crédit, jusqu'au sachet de cocaïne coincé dans une des poches du portefeuille.

Tout se faisait consumer à une vitesse qui me paraissait extrêmement lente. Ces derniers mois semblaient irréels, comme si j'étais coincé dans un cauchemar qui se répète, encore, et encore et encore. Mais cette nuit, cet inferno prend fin. 
Cette histoire avec les Mickelson a déterré d'anciennes rivalités au sein de mon organisation. Il a fallu faire le grand ménage dans mes rangs. Que ce soit du plus petit dealer qui tient un coin au fin fond de Flatbush au gouverneur qui laisse entrer mon produit. Le moindre doute s'est avéré être fatal.
Pourquoi ne pas avoir délégué le sale boulot ? Tout simplement parce que tout le boulot est sale. Qu'on soit celui qui vende, qui achète, qui découpe, qui fasse disparaître des corps en plein désert. C'est du pareil au même. J'ai été obligé de m'occuper personnellement du grand nettoyage. Je ne fais confiance à personne même à ceux à qui je fais confiance.

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Les yeux fixés sur la route longeant la côte, je me demandais ce que je foutais de nouveau au Brésil. A quelques kilomètres des Favélas, là où tout a commencé.

-Ils seront tous présents ce soir. Me confirma Sebastian.

Il prit une longue taffe et jeta le mégot par dessus la fenêtre avant d'accélérer. Une odeur d'herbe et de tabac planait dans l'air de l'habitacle.

Le coude appuyé contre le bord chaud de la vitre, je tapais le bout du canon de mon arme contre ma jambe. Mon beretta était chargé avec huit balles creuses, un seul mauvais mouvement et je pouvais m'exploser la rotule. J'essayais d'ignorer les aboiements de son clébard à l'arrière et de me concentrer sur la suite. Encore deux choses à voir, et j'en aurais terminé avec la maintenance. Il a fallu que je sois absent quelques mois seulement pour que ce soit le bordel total. Sebastian a fait le boulot mais les gens dans ce business, c'est comme des animaux sauvages, ouvre les cages, et ils se boufferont entre eux.

FAVELAS T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant