Salut ; finition

32 8 1
                                    

– Mais, est-ce qu'un jour, tu te crois vraiment complet ?

– Oui. Les jours où tu vois de réels sourires sur les visages de tes professeurs. Par exemple, c'était la fin de mon année de cinquième, j'allais passer les auditions pour passer sur pointes l'année suivante et ma professeure, que j'avais donc pour la dernière année – si je réussissais – nous faisait travailler sur notre chorégraphie pour le concours. On revoyait tout, les bases, les positions, on se penchait sur les petits détails insignifiants pour tout autre personne extérieure mais pour nous, c'était en fonction de ces imperfections qu'on allait être jugés. Alors on s'entraînait, sans relâche, le sourire aux lèvres, de grands rêves dans l'esprit. Tout était réfléchi et calculé, enfin presque tout.

– Tu gardais la passion spontanée ?

– Tu commences à bien me connaître. C'est totalement ça. Chaque fois que je m'entraînais, il y avait de légers changements en fonction de ce qui me venait sur le moment. J'adorais écouter la mélodie que j'avais choisie en boucle sans danser. Je m'asseyais, je fermais les yeux et là, les seules choses qui me venaient étaient des images très claires ou très abstraites de ce que je ressentais.

– Comment ça claires ou abstraites ?

– Parfois, je voyais toute une scène dans mon esprit, écrite dans son ensemble et d'autres fois, je sentais juste un fil directeur mais qui pourtant, me donner assez d'inspiration pour recréer toute une chorégraphie devant mon ennemi le miroir.

– Tu faisais ta chorégraphie tous les jours ?

– Non, sinon elle devenait machinale et après, il n'y avait plus de passion. Je voulais que tout le monde voit comment j'avais travaillé chaque mouvement en profondeur, comment je m'étais dépassée dans la création. Sincèrement, je me sentais la reine de l'univers dans ces moments là. J'avais l'impression que tout le monde allait s'agenouiller devant ma chorégraphie. Je savais très bien que je ne connaissais pas tout sur la danse, que je n'étais pas du niveau de Noureev mais dans ces moments-là, il n'y avait que moi qui comptait. Avec la mélodie, évidemment !

– T'avais sûrement l'impression d'avoir enfin réussi tout ce que tu devais apprendre. Comme si tu avais enfin ton rêve à portée de main, non ?

– Arlert, bon sang, arrête de tout comprendre haha ! Mais oui, absolument ! En réfléchissant bien, je me disais « eh bah voilà, tout ce que j'ai appris, je sais le faire. Je n'ai plus aucune difficulté ». Quelle naïveté ! En y repensant, je me dis que franchement, j'aurais plus faire preuve d'un peu plus d'intelligence.

– Non, tu étais jeune, c'est normal, Jōriko ! Si tu passes ton temps à être réaliste, tu ne peux pas voir les choses en grand. C'est magique ce que tu fais ! Moi je trouve ça splendide cette dévotion que tu voues à la danse classique ! Tu es splendide Jōriko, retiens bien ça.

– C'est gentil, Armin, mais ne me dis pas que je n'étais pas naïve. Je ne dis pas que ce n'est pas normal mais il faut avouer que là, je pensais pouvoir renverser des montagnes. Je me sentais même capable de faire tomber le ciel sur les Hommes ! J'étais vraiment prête à surprendre et à éblouir le jury.

❀ AVERSION | 𝗮. 𝗮𝗿𝗺𝗶𝗻Où les histoires vivent. Découvrez maintenant