I don't want the world

Chapitre 13 : Ce qui compte réellement

Allongé sur le canapé, je m'efforce de détendre mes muscles. Mon corps semble ne pas me répondre comme essayant de lutter de toutes ses forces contre la magie de Magnus. Aussi, je mets toute mon énergie dans cette lutte acharnée. La peau nue de mon torse est couverte de sueurs et mes bras sont entravés magiquement. Ma tête part d'avant en arrière de façon frénétique. La lutte me semble infernale alors qu'elle a à peine commencé. J'entends comme au loin Magnus me dire des mots rassurant mais je n'entends que des bourdonnements puis des hurlements incessants me sommant d'arrêter ça. Cependant, malgré mes supplications ça ne s'arrête pas.

Au fur et à mesure que la magie s'infiltre ce n'est plus ma propre voix que j'entends mais autre chose une intonation légèrement plus grave et intense... presque...démoniaque. La panique s'installe au fur et à mesure que j'entends hurler cette voix et plus je l'entends, plus mon corps se débat et je convulse. Je sens comme des lacérations à l'intérieur de mon corps me faisant hurler de douleurs. C'est comme si on m'arrachait lentement mes organes de l'intérieur. Après un moment, j'ai perdu la notion du temps, j'ai perdu la notion d'espace. Tous ce que je perçois est la douleur, mes forces semblent peu à peu m'abandonner. J'entends un autre hurlement puis rien.

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Ce fût un tout, un rien, puis le vide, le néant. Je me retrouve dans une pièce noire, sans lumière avec pour seule compagnie ma propre voix. Je ne ressens rien, plus rien comme si j'avais trouvé la paix. Je n'ai pas peur, je ne suis pas heureux, je ne suis pas triste, juste le vide.

Le temps et l'espace n'existe pas, le seul fil conducteur reste ma propre conscience et cette conscience tourne irrémédiablement vers les personnes que j'aime, comme un film se déroulant en continu dans mon imagination. Je me vois bébé ouvrir les yeux pour la première fois et contempler le visage de ma mère comme émerveiller. Je sens sa main chaude me caresser la joue, son contact semble si réel. Je ressens une sensation d'apaisement, de sécurité et d'amour. Puis, un peu plus tard, je dois avoir dans les trois ans, je me vois contempler ma petite sœur dans son berceau en train de mâchouiller son hochet. Je me vois sourire et tendre la main vers elle. La sensation est extraordinaire, je ressens à ce moment précis une sensation de responsabilité. Je me revois lui dire avec mes mots d'enfants : « Tu es ma p'tite sœur, j'vais protéger toi ».

Puis, le souvenir s'efface pour en laisser place à un autre. Je me revois choisir mon arc et tirer ma première flèche. Un tir très brouillon mais le sourire et le bonheur ressenti à cet instant est indéfinissable. Je me revois la ramasser avec un intense sentiment de fierté comme si j'avais trouvé ma voie. Le brouillard intérieur s'épaissit pour laisser place à une autre scène. Mon frère Jace, je me souviens que c'est quelque temps après son arrivée. Nous nous étions disputés pour une bêtise et nous nous sommes battus pour la première fois. Hodge nous avait assigné aux corvées de nettoyage. Je nous vois user de la ruse chacun pour embêter l'autre pour finalement finir par exploser de rire. Je crois que c'est à partir de cet instant où j'ai commencé à développer de réels sentiments amoureux pour Jace. Le regard complice qu'il m'a lancé ne m'avait pas laissé indifférent. Je sens mon cœur loupé un battement, puis un rougissement apparaitre sur mes joues. Cependant, je ne ressens que le positif de cet échange, je ressens alors comme des picotements, un étrange sentiment d'appartenance et une autre forme d'amour que j'avais pu connaitre jusqu'alors.

Le nuage de fumée s'épaissit encore pour laisser place à la cérémonie de Parabatai. L'intensité du moment de l'échange est à son comble. Je suis Jace et il est Alec. Nous sommes un. Nous sommes deux, où qu'il aille je suis, où que j'aille, il est. La sensation est grisante et indéfinissable en soi mais il m'appartient tout comme je lui appartiens. Une alliance à jamais et éternelle. C'est la joie qui prime, c'est la vie en lui qui coule dans la mienne et c'est ma vie en lui qui coule dans la sienne.