I don't want the world

Chapitre 15: Faire face à la réalité

Une chaleur intérieure me réchauffe et je suis envahi. Je suis envahi par un élan d'amour et paix intérieure comme jamais je n'avais pu ressentir avant contrastant avec mes sensations corporelles passées. A force, on ne se rend même plus compte que l'on souffre puis nous sommes habitués à la douleur. Plus de douleurs, mes blessures sur mon enveloppe charnelle ont guéri de manière miraculeuse. Plus de pensées parasites, je me sens entier, enfin moi-même. Paradoxalement à ce que j'ai pu ressentir auparavant je me sens plus fort, comme si on m'avait boosté avec une montagne de jus vitaminés.

Intérieurement, je reste toujours le même malgré mes runes manquantes. C'est d'ailleurs la première chose qui a frappé tout le monde. D'un air interrogatif, j'ai alors regardé mes bras, puis mes jambes, nues comme au premier jour et dont je n'ai pas pu contempler la blancheur depuis des années. Cela a au moins le mérite d'une prise de conscience d'un changement chez moi auprès de tous. Je reste conscient que ce changement peut faire peur autour de moi mais je préfère garder le silence pour l'instant, souhaitant attendre avant d'en parler à qui que ce soit. Je sais qu'Izzy ne pourra s'empêcher de me cuisiner là-dessus. D'un regard, j'intimais ma sœur son silence tout en lui promettant des explications bientôt.

Pour l'heure, la place est aux retrouvailles. Le voyage parcourut lors de ma ...mort m'a semblé si long et à la fois si court comme la notion de temps et d'espace n'existaient plus. Secrètement j'aspire à la voir pour enfin le croire pleinement, impatient à l'idée même d'un passage à la salle de bain. Mon corps porte encore les effluves de la lutte antérieure à mon...décès. Une pensée fugace s'installe Pourquoi ai-je encore des difficultés à croire que j'étais mort ? Je sais qu'il est difficile pour ma famille de me quitter alors qu'intérieurement j'aspire à plus d'intimité. J'essaie de profiter pour le moment de l'instant présent avec mes proches. Mon instinct plus accentué, je sais qu'il me reste peu de temps avant l'achèvement physique de ma transformation et ce qui en découlera. Vais-je avoir des ailes ?

Les embrassades s'atténuant je prends peu à peu conscience de mon environnement notamment l'aura de la pièce. Elle est encore empreinte de cette odeur de peurs, de chagrins et de larmes de pertes. C'est étouffant. Cette constatation mêlée à mon empathie me retourne l'estomac renforçant mon envie d'être seul. Être seul, c'est un bien grand mot, plutôt je souhaite être seul avec Magnus. Je le cherche la tête tournant dans les sens opposés mais je m'aperçois rapidement que celui-ci a quitté la pièce. Depuis combien de temps ?

Me tournant vers ma famille, je demande :

« Où est Magnus ? »

Ils se regardent, baissant la tête. Ma sœur avec un sourire de façade touche mon épaule et je sais par avance que ce qui va suivre ne va pas me faire plaisir.

« Il est dans le salon... Il avait besoin de se retirer un moment. Alec, il faut que tu comprennes que ce qu'il vient de vivre est très traumatisant pour lui... Tu es mort devant lui ». Ses yeux se remplissent d'eau lorsqu'elle prononce cette dernière phrase. Elle me sert dans ses bras pour la millionième fois. « Je ne comprends pas d'ailleurs, comment c'est possible ? Alec promet-moi, promet-le moi que tu me diras ce qu'il s'est passé ? » Je ressens alors comme si c'était moi qui le vivais la pointe de panique au fur à mesure de son discours. Je renforce ma prise souhaitant lui insuffler du réconfort et du calme. Après un temps relativement long, c'est Simon qui me sauve de son état en la prenant dans ses bras.

« Je sais... je promets que je vous dirai tout bientôt... mais comprenez que je me sens un peu submergé aussi... Pourriez-vous juste me laisser un peu de temps, me laisser un peu de temps ? Il faut que je voie Magnus. »

Après un moment de concertation et de promesses renouvelés de vérité. Ils acquiescent de concert et dans une dernière embrassade, ils quittent la pièce.