- Bois de cèdre -

7 4 0
                                    

La rénovation commença dès le lendemain matin. Comme convenu tout se déroula selon le plan préétabli sans aucune marge d'erreur, sans accroc. Ce n'était pas pour rien, j'étais une bonne gestionnaire et ma licence en ce domaine en certifiait le mérite. Et de surcroit, je l'avais dans le sang à l'effigie de mon grand- père, et comme le dit l'adage « tel père, telle fille » mais dans mon cas on dira

« tel grand-père, telle petite-fille ».

Tout au long des mois la maison n'était qu'un grand champ de bataille. Prenant forme petit à petit sous les mains chevronnées des grands maitres, artisans, peintres et équipes de constructions et repartions. Je faisais chair avec la maison. Chaque poutre posée, un lien se tissait. Je me démenais comme un beau diable autant que les autres travailleurs. Une entente complice s'était installée entre nous. On ne pouvait différencier le boss des travailleurs, un style de leadership participatif. Nous avions tous une seule et même mission. Un rêve commun.

Un, deux, trois, ..., six mois les journées s'écroulaient au même rythme. La maison retrouvait son éclat d'antan et un regain de vie. Le chat et moi était devenu les meilleurs amis du monde, je m'obstinais toujours à ne pas vouloir lui donner un nom, juste au cas d'une réclamation. Mais quelle personne sensée viendrait réclamer un chat dans cette région ? Un chat noir pour couronner le tout ! Vu les nombreuse superstitions a leurs égards, la probabilité était nulle. Je m'étais littéralement pris d'affection pour lui, pour autant je voulais toujours garder un semblant de distance, la raison donc de ne pas l'avoir baptisé.

Aucun incident ne venait troubler notre quiétude. Les après-midis étaient tranquilles, je partais souvent avec le chat faire une promenade le long de la rivière pour finir par un temps d'arrêt sur la falaise, regardant le soleil couché au loin rêvassant du bon vieux temps. Mes frères se trouvant hors du terroir m'appelaient souvent pour suivre avec moi l'évolution des travaux. Et à chaque fois une discussion enflammée s'entamait sur mon sobriquet ridicule, et toujours l'un ou l'autre de mes frères remportait la manche concluant sur « notre unique et adorable petite sœur toquée » ce qui a chaque fois eu raison de moi. Une grande sensible étais-je ! Les soirées aussi étaient calmes, j'en profitais pour travailler et remplir mon compte bancaire. Les affaires marchaient bien le soir. Et avec la cryptomonnaie, c'était l'avènement de l'économie.

Octobre était déjà là, une année entière s'était écoulée et le résultat final était saisissant. La maison était fin prête. Venait enfin le temps de la mise en place des meubles. Un réel plaisir car je m'investiguais aussi dans la décoration intérieure. L'heure de l'épreuve. Je récupérai les meubles au dépôt que je les avais laissés depuis leur livraison. Il m'a fallu une semaine complète pour tout arranger. Même mes frères en étaient ébahis. Ils étaient tous sans voix et me regardaient d'un air  drôle, me disant que j'étais un dinosaure si j'ai pu tout remettre comme au temps de notre enfance.

Quoique fière, j'étais moi-même arriver à me poser ces questions. Mais jamais je n'allais le crier haut et fort, et être l'objet des moqueries et inquiétudes de mes frères surtout s'ils savaient que j'ai été aidé. Et par qui Grand Dieu ? Par le chat ! Avec cette réponse-là, j'aurais été bonne pour l'asile. Heureusement je savais tenir ma langue ! Et c'était surtout contraire à mes principes de rationalité. Aider par un chat, c'en était à mourir de rire.

Le plus attrayant de tous c'était la bibliothèque qui servait aussi office de bureau, avec pour valeur ajoutée l'objet de ma folie le bureau de TUDOR. Dans les temps anciens alors que les civilisations entrainant l'évolution de l'homme n'existaient même pas, un esprit maléfique du nom de TUDOR ramenait à la vie tout être mort prématurément et désirant vivement se venger. C'était un démon puissant rendant encore plus puissant cet être ravagée par le désir de vengeance. Et comme vous pouviez l'imaginer je n'y croyais guère, c'était encore des histoires sans queue ni tête, sans logique, aucune.

Quand un démon s'y jointOù les histoires vivent. Découvrez maintenant