Je marchais par étapes courtes, il fallait rentrer, les mots du chat ou de ma sœur j'en sais plus me revenaient comme une litanie dans la tête. Il faisait nuit noire, aucune lune, aucune étoile. Chaque enjambée m'était pénible, je marchais lentement. Me fixant un point, un arbre, un rocher, un buisson, je m'efforçais de les atteindre et de ne pas encore sombre dans l'inconscience. Je franchissais ces courtes distances sans quitter ces différents repères des yeux. Le chat désormais transformé, trottinais à mes cotes. L'ignorant, Je m'arrêtais parfois pour reprendre des forces et me remettre le peu d'idée qui me restait en ordre. Chaque étape était une victoire qui me donnait la force pour la suivante, je me concentrais sur ces moments de lucides fugaces.
Etonnant comme l'entre humain était résistant et faisait tout pour s'en sortir alors que tout lui échappait. L'esprit humain était fascinant. La volonté de m'en sortir était grande et mon désir de revoir la maison pour me confronter à la réalité me stimulait. J'arrivais enfin à la maison. Diane ne me reconnaissait pas. J'étais sale, pleins d'ecchymoses, les yeux fiévreux, même moi je ne reconnais l'image que me renvoyait le miroir de l'entrée. J'avais vraiment l'air d'un cadavre. Inquiète de mon état, elle me prit la main et m'entraina au salon quand soudain elle s'arrêta.
Ah, elle devrait l'avoir vu, ce n'était plus une présence vague, c'était une personne entière. Elle trembla de tous ses membres. Lui tirant les bras à mon tour je lui fis s'assoir sur un canapé. Qu'importe sa vivacité, c'était une femme d'un âge avance et d'esprit fragile. Je ne voulais pas qu'elle ait une de ces crises de blocage. Je courais pendre mon téléphone pour appeler le docteur quand un ricanement m'arrêta.
« Que c'est bon d'être en famille ! Susurrait le chat, (je continuais d'appeler mon sosie ainsi pour ne pas sombrer totalement dans la folie) très chère sœur devrais- je te présenter notre grand-papa ou tu le sais déjà ? A mon expression figée et le rictus de Diane elle eut la réponse qui bien sur elle savait déjà, ah j'imagine qu'il ne t'avait rien dit, poursuivait-elle durement sans s'émouvoir nullement de notre émoi, tout comme nos parents il a toujours voulu te protéger, t'évitant la moindre peine, allant même à enfermer mon esprit aux tréfonds de l'oubli et à faire de moi une imagination dans vos têtes à toi et mes frères. J'étais quoi putain ! criait-elle larves en effusion en plongeant sur Diane, j'étais quoi putain ? Réponds-moi grand-papa. N'avais pas moi aussi de votre amour, affection, protection ? Et voilà tu as peur maintenant, ne t'inquiètes pas papy tout va bien se passer. On va enfin être la famille que j'ai toujours voulue. On sera tous de nouveau réunis et tout le monde se souviendra de tout le monde. Ce serait ma vengeance ! »
Se détournant de Diane elle se rapprocha de la fenêtre regardant au loin. Ce soir il pleuvait, balayant ainsi l'éclat qu'aurait eu la lune. Ça aurait pu être un moment de pur bonheur dans une autre vie, mais pour nous ce n'était pas une pluie comme les autres car il pleuvait autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Tout se faisait jours dans ma tête, Diane était en vrai grand-père et tous nos moments ensembles actuels et passés se défilaient dans ma tête. Se rapprochant, se confondant. Regrets, remords, frustrations et colères tous se confondaient. Les flots de l'amertume, de l'angoisse et de la peur me noyaient et à chaque brasse au lieu de m'en sortir je m'enfonçais encore plus dans l'abîme. Et alors que j'essayais encore et encore de prendre pied dans ma vie d'avant pleine de rationalité, je me perdais dans les profondeurs des faits et du surnaturelles. Ce soir je me noyais, ma vie défilait sous mes yeux en un éclair emportant mon dernier souffle de lucidité.
Alors que je rêvais d'une main secourable qui m'aurait été tendue et pris dans la sécurité de ses bras afin de me protéger de l'averse autour et en moi, elle se rapprocha de moi, me caressant le visage plein de larmes de ses mains froides.
« Tu es une bonne fille, tu as toujours su prendre soin de moi. Non ! Du chat que dis-je, reprit-elle souriante. Et tu as toujours fait selon mon bon vouloir
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Quand un démon s'y joint
ParanormalJe n'ai pas voulu ça. J'en ai désiré des choses pourtant. Mais tout, sauf ça.