Le magasin semble ne pas s'agiter. Aucun trouble ! Or, je le voyais éclore tel un œuf géant d'un portail qui s'est mystérieusement formé dans le couloir où je me trouvais. Cette créature, est-ce uniquement moi qui peut la voir ? À force d'écouter tous les jours des discours dans les médias autour d'une potentielle invasion du monde des humains par des démons d'ailleurs _du monde des démons_, je finis par croire que tout être vivant extérieur à la TERRE est un démon ! Je commence à stresser. Je sens le sang courir dans mes vaisseaux comme s'il voulait prendre la fuite les jambes à son coup mais que malheureusement il se trouvait dans une impasse... Ce n'est pas de la peur.
J'oublie brusquement au même moment les noms de meubles que je venais de citer. Je me demande aussi pourquoi je n'ai pas eu peur. Oui, me connaissant, en le voyant, une peur bleue aurait dû me draper. Il a une longue carpe blanche qui obscurcit son visage _je doute qu'il en ait._ Je me résouds à courir. Mes pieds restent figé, pourtant, malgré mes maintes tentative de fuite. Tout en moi veut fuir, s'éparpiller un peu partout ; mon corps à la merci des charognes, le reste à la merci d'un autre corps disponible pour lui. Je sens une énergie m'attirer vers lui. Pas que moi, il attire tous les meubles que j'avais choisi vers lui. Je vois les gens faire leur course paisiblement pourtant... Que se passe-t-il dans ce magasin ? je me demande. Je ne savais pas que cet être extraordinaire va donner un sens bouleversant à ma piteuse vie.
Chez moi, 9 juin, 8h AM
J'habite à Port-au-Prince, la capitale de mon pays natal, dans un quartier nommé le Marc-aux-os. On n'y entend que du bruit, une pollution sonore à nulle autre pareille. Si ce n'est pas de la musique que des radios passent à fond, c'est les vociférations de fans suant à grosses gouttes dans une pièce où à un mur est accroché une télévision à l'issue ou pendant un match de football... Si ce n'est pas une prière (chants à pleine gorge) orchestrée par un groupe de dames chez une sœur, c'est un zen dans une famille. Du bruit, il y en a toujours dans cet énième recoin de la capitale aux milles visages tous aussi péris.
Je repense à ce qui s'est passé hier. J'ai pris ces meubles sans dépenser une gourde. Ils ont été installés chez moi sans que je ne brûle ne serait-ce qu'une miette de calorie. Je repense à ce câlin qui a fait tombé sa carpe. Je repense à comment j'étais surpris parce qu'on était jumeaux. Enfin, c'est ce que j'ai cru jusqu'à ce qu'il m'explique que c'est parce que c'est mon visage qui a dû apparaître dans le noir de la carpe blanche. Jumeaux ! Nous sommes jumeaux... Il s'appelle Gastiel. Je l'ai nommé Gastiel.
- Bonjour.
- Bonjour.
-Tu viens de te réveiller ?
- Oui, je viens de me réveiller. C'est bizarre, il ne fait jamais autant clair chez moi.
- Gastiel, ça s'appelle le jour.
- Je sais.
- Et comment ? Je n'ai pas pris qu'un corps ressemblant parfaitement au tien comme réceptacle. J'ai photocopié ton toi abstrait quelque part dans ma mémoire.
- Étonnant ! dis-je. Tu sais donc tout ce que je sais.
- Oui. Tout. Je peux même prédire ton avenir... Par exemple, il va pleuvoir aujourd'hui. Tu seras dehors et tu seras mouillé par l'averse.
- Tu es risible.
- Vas y. Ris. Je rirai aussi quand tu rentreras tout trempé. À moins que...
- Quoi ?
- Je décide d'intervenir et de controverser le cours des événements.
Le ciel était pommé de nuages. Il était froid malgré la chaleur du soleil. Gastiel depuis grâce à moi qu'il a subi son anthropomorphie, des questionnements sur lui sillonne les ravins de mon cerveau. Je me suis dit que je devrais lui en parler.
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Quand un démon s'y joint
ParanormalJe n'ai pas voulu ça. J'en ai désiré des choses pourtant. Mais tout, sauf ça.