Après avoir longtemps discuté, Hector et moi allons rejoindre les deux femmes sur les nerfs, comme me l'avais dit Gastiel.
Que de monde ! On dirait un vrai spectacle à participation gratuite d'un·e·x de ses DJ du coin. On le dirait mais les zens rassemblent beaucoup plus de monde que n'importe quelle activité lucrative à Marc-aux-os. Lui et moi glissons rapidement entre ces a-rien-à-faire qui crient des propos acerbes... Au cœur de cette énorme vague de gens agité comme une marmite d'eau bouillante en ébullition sur un réchaud à charbon de bois de campagne qui ne tient pas se trouve nos deux amoureuses.
Gastiel me dit de suggérer à Hector de s'approcher. C'est ce qu'il fait. Hector s'approche. À peine les deux femmes très énervées l'ont vu, elles se sont jetées sur lui. Gastiel m'ordonne d'intervenir. Je me mets à la tâche. J'arrive à les séparer.
Un silence s'installe soudainement dans la foule. J'ai pu entendre des colibris dans le bois d'à côté. Cela fait une décennie que je n'en ai pas entendu. J'ai donc commencé mon discours. Au début, je ne faisais que répéter les dires de Gastiel. À un moment, j'ai enlevé l'écouteur et j'ai continué seul. J'ai parlé à Maridza, j'ai parlé à Jasmine. J'ai parlé à Hector. J'ai parlé à la foule qui à la fin de mon discours, se disperse.
De la tristesse, du regret, de la joie, de la reconnaissance, cette place, cette rue était un creuset où ces émotions venait s'y fondre.
Le ciel devient grisâtre. Je pense à Gastiel. Je regardais cette surface parallèle à la TERRE. Son ventre gargouillait, il allait vomir. Alors que nous, les humains, on aurait eu faim si c'était nous. Ce ciel cache bien des choses. C'est comme le rideau bleu de la salle de bain lorsque je me prends ma douche. Quelle force saura tirer ce rideau et dévoiler cette nudité qui s'y baigne derrière ? Ça aurait fait rigoler beaucoup de gens. Ça aurait déçu certains, ceux-là qui attendent la parousie patiemment, surtout. Oisifs, sont- ils !
Gastiel avait vu juste. La pluie commençait à tomber. Elle crée une vraie pagaille dans les rues de Port-au-Prince. Je me suis dépêché de retourner à la maison. J'étais tout trempé.
Gastiel m'ouvre a porte le sourire aux lèvres. En me voyant, il pousse un de ses rires bruyants et frustrant mais ça me faisait un plaisir immense de voir qu'il a eu raison et qu'il m'a aidé à quitter mon cocon. Je lui fait un câlin. Il me dit qu'il est fier de moi. Je lui dit que je suis fier de nous. Des larmes faufilaient entre temps de mes yeux qui rougissaient.
- Maintenant, je vais pouvoir me baigner.
- Viens, on se baigne ensemble.
- Euh, ensemble ?
- Oui. Il rit...
- D'accord.
12 juin, 8h PM
Lui et moi sommes devenus très fusionnels. On se partageait tout. Je me voyais en lui. Il me disait toujours qu'il était moi et que je n'étais certainement pas un démon. Donc, lui ne l'est pas.
Il avait raison. C'était moi. Il était moi. Mon moi, dans un autre corps pour que j'apprenne à mieux me connaître. Je suis très sspirituel. J'ai déjà fait beaucoup d'expérience qui serait peut-être très mystérieuse à l'égard des autres. Mais jamais je n'aurais imaginé en faire une telle. J'aimerais que cela dure tout le temps. J'ai peur que cela prenne fin un jour.
Ce soir, on regardait une série lui et moi devant un gros bol de friandises de toutes sortes. On riait. Tout à coup, il me parle, il me pose une question. C'est la première fois qu'il essaie d'entamer une conversation avec moi. C'est toujours moi qui fait le premier pas.
- Parle-moi de toi.
- Hein ?
- Parle-moi de toi.
- On ne m'a pas jamais posé cette question avant.
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Quand un démon s'y joint
ParanormalJe n'ai pas voulu ça. J'en ai désiré des choses pourtant. Mais tout, sauf ça.