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Nue, cigarette entre les doigts, Blake regardait le soleil illuminer la ville petit à petit depuis son appartement. New York était si calme à cette heure-là, elle était même agréable, pensa-t-elle. Elle fut prise de frissons lorsqu'elle ouvrit la baie vitrée, l'air était si pur. Un soupire d'aise franchit la barrière de ses lèvres, qu'est-ce qu'elle appréciait ça... Elle adorait tant sentir son corps dénudé face à la brise humide et fraiche de l'aube. Son moment favori de la journée où elle se sentait libre de tout, où elle se sentait revivre, fut vite interrompu.

- Qu'est-ce que tu fais encore là ? demanda-t-elle sans quitter la vue qui s'offrait à elle des yeux.

- Je pensais que, peut-être, pour une fois, nous pouvions déjeuner ensemble, tenta-t-il en parcourant son corps de ses mains et déposant une pluie de baisers sur son épaule.

Elle se retourna brusquement qu'il fut contraint de s'écarter.

- Je peux savoir ce que ça veut dire ? dit-elle en le jaugeant du regard.

- Ça veut dire que je veux que nous agissions comme un couple normal...

La jeune femme ne put s'empêcher d'émettre un petit rire moqueur avant de pénétrer la pièce à vivre.

- Parce que nous sommes un couple maintenant ?

Sous les yeux choqués de son interlocuteur, Blake s'affaira à préparer le café. Cette discussion n'avait pas lieu d'être. Une perte de temps, d'énergie et de salive. Elle n'avait pas besoin de ça de si bon matin.

- Ne fais pas le choqué, nous avions déjà eu cette discussion, il y a un mois, nous nous sommes mis d'accord, non ? finit-elle par dire en posant une tasse de café fumant devant le concerné. Notre relation se limite au lit où tu t'es réveillé ce matin, Logan, c'était même toi qui avais proposé ça. Je ne vois pas pourquoi tu voudrais que ça change. Donne-moi une seule bonne raison pour ça !

- Je me rends compte que je ne peux pas continuer comme ça, je t'aime Blake, je veux que nous construisions quelque chose ensemble.

- Oh, pitié, Logan ! Epargne-moi ton baratin, s'il te plait ! lança-t-elle blasée. Donne-moi la vraie raison, tu sais, celle qui te pousse à me traiter comme une princesse depuis qu'on t'a mis au courant pour cette histoire de nouveau directeur financier.

- Mais...

- Il n'y a pas de « mais » qui tienne, Blake l'interrompit, si tu m'aimes comme tu dis, tu m'aurais demander d'être ta copine, pas ton plan-cul. Je vois clair dans ton jeu, et crois-moi, il n'aboutira à rien. Tu ne vas pas me baratiner avec tes belles paroles, je ne suis pas une de tes cruches, tu m'entends ? Et puis, il ne fallait pas te donner tant de mal pour cette malheureuse promotion, ma mère a déjà fait son choix. Tu croyais quoi ? Qu'elle allait te promouvoir parce que tu étais mon soi-disant copain ?
Elle mit sa robe de chambre en soie noire sous le regard éberlué de Logan. En se retournant, elle n'eut pas de mal de lire dans celui-ci un mélange de honte et de rage. Elle avait raison, il l'a charmé pour bien profiter de son statut et avoir ce qu'il voulait.

- Maintenant que tu as pris ton petit-déjeuner, avec moi, tu peux disposer. Je ne veux plus te revoir chez moi.

Une fois la porte claquée, Blake put enfin souffler. Elle était si soulagée de s'être enfin débarrassée de ce pot de colle, mais aussi très énervée qu'il ait pu pourrir sa matinée, qui avait si bien commencé pourtant.

Les talons claquant au sol marbré du couloir menant à son bureau, Blake saluait ses collègues sur son chemin, sans la moindre frénésie ou chaleur.

- Bonjour, Mademoiselle Blake, vous avez quatre rendez-vous aujourd'hui et une réunion pour la désignation du nouveau directeur financier. Votre mère a appelé et vous demande de revoir le contrat avec la société indienne qui nous fournit le tissu, elle m'a paru un peu sceptique quant aux clauses de celui-ci, récita l'assistante en essayant tant bien que mal de suivre la démarche rapide de sa supérieure.

Le Jeu de La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant