ONZE

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Sur le trajet de retour, Charlotte avait tout fait pour rassurer son fils ; il devait s’accepter, il n’avait pas à avoir honte de ce qu’il était et éprouvait pour ce garçon. Elle le conseilla de ne pas tomber dans le terrain d’animosité que créait sa sœur, en lui promettant de régler tout problème.

Elle devait avoir une discussion sérieuse avec elle. Charlotte se rendit compte qu’après l’échec des punitions sur la petite Madeline, elle ne l’avait plus réprimandée pour ses actes, elle la laissait faire comme bon lui semblait… Elle était même à sa merci, à chaque fois qu’elle faisait un caprice, de crainte de subir ses colères.

A la maison, c’était Madeline qui faisait la loi. Ni papa, ni maman, ni personne d’autre. Les parents avaient trouvé judicieux de lui laisser un total pouvoir sur eux, comme sur le reste de la famille, pour être tranquilles. Quelle idée !
Ils ne s’étaient pas rendu compte des appels au secours de leurs enfants ; Madeline incluse. Si elle était comme ça, c’était sûrement parce qu’elle était mal. On ne pouvait pas être aussi méchant gratuitement, non ?

Une fois qu’ils franchirent le seuil de la porte de la grande demeure, Madeline accourut vers sa mère. Elle ne fit même pas attention à son frère qui la regardait, à présent, de travers.

- Maman, il faut que je te parle, s’écria-t-elle. C’est une catastrophe !

Charlotte ne rétorqua point. Elle ne fit que la suivre jusqu’au petit salon à l’entrée.

- Maman, je voudrais que tu respires un coup avant d’entendre ce que j’ai à te dire, continua-t-elle en aidant sa mère à s’assoir comme si cette dernière peinait à le faire seule.

- Qu’est-ce que tu fais là, toi ? demanda-t-elle avec mépris. Je voudrais être seule avec maman. Tu n’es pas le bienvenu !

- Reste, ordonna celle-ci lorsque Noah s’apprêtait à s’en aller.

- Mais, ce n’est pas possible ! Je voudrai te parler de lui.

- Raison de plus pour qu’il reste, trancha-t-elle.

- Ton fils est…, elle s’interrompit en arborant une mine dégoûtée, c’est une pédale. Il fricote avec des mecs, je l’ai surpris ! Tu devrais le faire soigner, il est complètement anormal…

Un strident son la coupa dans son élan.

Furieuse, Charlotte l’avait giflée tellement fort que les oreilles de sa fille bourdonnaient. Une main sur sa joue endolorie, Madeline peinait à ouvrir la bouche.

- Pourquoi ? fut le seul mot qui échappa de sa bouche tremblante.

- Tu es horrible, Madeline. Complètement horrible. Tu te rends compte de ce que tu es en train de dire ? Comment peux-tu dire des choses pareilles ? Je ne sais pas la quelle des erreurs que j’ai commis a fait de toi une personne aussi cruelle. C’est sûr que je t’ai trop laissé faire. Tu parles d’une catastrophe, d’anormalité… de soins ? Mais, c’est toi, ma petite chérie, qui a besoin de soins !
Je te préviens, je ne permettrai plus ce genre de discours et d’insultes sous mon toit. Et j’exige que tu présentes des excuses à ton frère !
Je ne veux plus te voir, va dans ta chambre, tout de suite !

Celle-ci ne se fit pas prier et quitta la pièce en trombe en sanglotant.

De son côté, Jonas, son fiancé, venait aussi de se prendre une grosse gifle de la part de Blake. On pouvait dire que le couple était sur la même longueur d’ondes. Depuis leur retour de Bali, il ne cessait de lui tourner autour. Il était tellement pathétique, pensait la jeune femme. Comment pouvait-il se jouer des femmes ainsi ? Qu’est-ce qui ne tournait pas rond dans sa tête vide ? Du vent, peut-être.

Cet homme n’avait donc aucune éthique. Un jour, il veut à tout prix Madeline, un autre, il veut reprendre Blake.

Malgré tous les désaccords qu’elle avait avec sa sœur, elle ne pouvait pas le laisser faire par pur vengeance envers celle-ci. Même si Madeline ne s’était pas gênée de le faire.

Blake n’était pas comme ça, elle était droite et n’espérait jamais le malheur des autres ; même ceux qui lui avaient causé du tort.  

Le Jeu de La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant