DIX

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Ça faisait quatre heures que Blake tournait en rond dans son appartement. Durant tout le trajet, son frère n’arrêtait pas de pleurer, ce qui lui fendait le cœur. Elle avait réussi à le convaincre de se reposer après qu’elle l’avait rassurée que tout allait bien se passer. Elle attendait sa mère de pied ferme.

Elle était tellement en colère contre Madeline. Comment pouvait-elle se comporter ainsi ? Certes, elle s’attendait à tout avec elle, ça ne l’étonnait guère, mais ça l’enrageait au plus haut point.
Charlotte, de son côté, était préoccupée. La voix de sa fille était beaucoup, trop, inquiétante. C’était la première fois qu’elle y décelait la colère mêlée à la peur.

- Dieu, merci, tu es enfin arrivée, s’exclama Blake en ouvrant la porte à la volée.

- Blake, que se passe-t-il ? Je suis morte d’inquiétude ! riposta Charlotte la mine grave.

- Installe-toi, j’en ai pour deux minutes.

Blake partit en trottinant vers l’autre côté du penthouse. Son frère ne l’avait même pas remarquée entrer dans la pièce, tellement il était perdu dans ses pensées.

- Noah, chéri, maman est là, dit-elle d’une voix douce en prenant sa main dans la sienne. Tout va bien se passer, je t’en fais la promesse.

Le jeune homme n’eut aucune réaction. Il ne fit que suivre son aînée au salon.

- Noah ? Qu’est-ce que tu fais là ? Tu n’es pas en cours ?

Lorsqu’elle détailla enfin son visage, elle s’affola.

- Mon grand garçon, qu’est-ce qu’il y a, hein ? Tu as pleuré ? réclama-t-elle en caressant son visage.

Ne pouvant pas maintenir son regard, il baissa la tête en laissant quelques larmes s’échapper.

- Blake, dis-moi ce qui se passe ! ordonna-t-elle. Quelqu’un s’en est pris à lui ?

- Maman, calme-toi, Noah a quelque chose de très important à te dire. Il craint un peu ta réaction même si…

- Ne me dis pas que tu veux arrêter l’école ? Je te préviens, je ne suis pas du tout d’accord, l’interrompit-elle. Comment veux-tu travailler à mes côtés si tu n’as pas de diplômes ?

- No…

- Maman, je suis homosexuel, dit-il d’une traite.

Un silence pesant régnait à présent. Noah porta sa main droite sur son visage. Sa mère n’avait émis aucune réaction. Il regarda Blake apeuré.

- Maman…

- Non, mais vous êtes sérieux ? Vous m’avez fait l’une de ces frayeurs ! J’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose de grave, bon sang !

- Maman, je viens de te dire que j’étais gay, insista-t-il. C’est tout ce que ça te fait ? Tu ne trouves pas ça « grave », toi ? Tu n’es pas choquée ? Je ne te dégoûte pas ?

- Arrête de dire des âneries pareilles. Pourquoi serai-je choquée ou même dégoûtée ? demanda-t-elle outrée par ces questions qu’elle qualifiait de stupides. Et puis, je le savais déjà.

- Quoi ? Mais, pourquoi tu ne m’as rien dit !

- Ecoutes, Noah, je suis ta mère, je sais tout de toi. Je suis attentive à tout ce que tu fais. Et puis, je ne voyais pas l’intérêt de t’en parler parce que, pour moi, c’est normal. Je t’aime quelle que soit ton orientation sexuelle, qui que tu aimes. Tu n’avais pas besoin de te laisser emporter comme ça. Suis-je à ce point fermée à tes yeux ?

- Non, mais, j’avais peur que tu le prennes mal.

- Que je le prenne mal ? répéta-t-elle en haussant les sourcils. Mon bébé, personne n’a le droit ni de t’empêcher d’aimer la personne que tu as choisie, ni de te juger sur ça. Certes, je suis ta mère, mais tu n’as pas besoin de mon approbation ou ma permission pour aimer ou être avec quelqu’un.

Elle le prit dans ses bras en le bombardant de baisers, ce qui le fait rire.

- Je t’aime inconditionnellement. Tu peux tout me dire, tout partager avec moi, sans craindre quoique ce soit.

- Moi aussi, maman, tu ne sais pas à quel point je suis soulagé. J’ai cru mourir d’angoisse !

- Mais, dis-moi, mon bébé, qu’est-ce qui t’as mis dans tous tes états ? Qu’est-ce qui t’a poussé à m’en parler, aujourd’hui ?

- C’est Madeline, intervint Blake. Elle l’a terrorisé en ayant des propos désobligeants, en le menaçant de tout te dire. Je suis tellement en colère contre elle.
Je me suis toujours tue face à ses coups bas, je n’ai même rétorqué après tout ce qu’elle m’a fait subir. Mais, je ne la laisserai pas détruire Noah. Ça, jamais !

- Non, c’est à moi de régler cette histoire. Tout ça, c’est notre faute, votre père et moi, nous en avions fait une personne dure, aigrie, jalouse et dénuée de sentiments envers les autres. Entre vous écarter, Julie et toi, de la maison, et accepter tous ses caprices et folies, nous avions fait le mauvais choix.

Le Jeu de La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant