QUATORZE

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Le soir, alors que tout le monde semblait dormir, cette dernière se faufila à l’extérieur. Elle voulait sentir l’air frais sur sa peau satinée. Le ciel était merveilleusement étoilé. La lune, n’en parlons même pas. Elle s’assit sur les énormes coussins qu’elle avait fait installer sur la terrasse et contempla le beau tableau qui était dessiné devant ses yeux.

Comme la plupart du temps, lorsqu’elle se retrouvait seule, elle avait toujours sa petite boite bleue entre les mains. Elle l’ouvrit consciencieusement et regarda son contenu avec tristesse. C’était le seul souvenir triste qu’elle se permit de garder.

Elle sursauta quand quelque chose de chaud se posa sur ses épaules dénudées. Un plaid.

- Tu risques d’attraper froid comme ça, chuchota Ayden toujours derrière elle.

- J’adore avoir froid, répondit-elle sur le même ton en fermant les yeux, laissant quelques larmes s’y échapper.

- Qu’est-ce qui ne va pas, ma jolie ? demanda-t-il inquiet lorsqu’elle bascula sa tête en arrière pour le regarder. C’était la première fois qu’il la voyait pleurer, même pas à l’époque où ils étaient jeunes.

- Je suis fatiguée, c’est tout.

Il la regarda longuement. Elle n’avait pas changé, toujours aussi belle. Il pouvait la contempler pendant des heures sans s’en lasser. Était-il en train de retomber amoureux d’elle ?
Il voulait tant reconstruire quelque chose avec elle, mais il fallait qu’elle le reconnaisse. Il avait l’impression de lui mentir. Il ne pouvait continuer ainsi. Charlotte lui avait donné les lettres qu’elle avait trouvé ainsi que le journal intime de Blake, il y a quelques jours de ça. C’était alors le moment rêvé pour faire éclater la vérité.

- Blake, je peux te demander quelque chose ?

- Oui, répondit-elle en se retournant complètement pour être face à lui.

- Est-ce que tu me reconnais ?

- Quelle question ! Je ne suis pas atteinte d’Alzheimer à ce que je sache, ricana-t-elle à contrecœur.

- Non, je veux dire, est-ce que tu n’as pas le souvenir de m’avoir déjà rencontré ?

- Euh, non… je… ne crois pas, rétorqua-t-elle songeuse. Je devrais, c’est ça ?

Le silence, qui s’en suivit, affirma sa pensée. D’une main tremblante, elle essuya les traces de larmes. Donc, ils se connaissaient d’avant. Elle redoutait ce qui allait se passer.

- Pourquoi tu ne m’as rien dit ? demanda-t-elle en regardant tout sauf lui.

- J’avais peur…

- Peur de quoi ? s’étonna-t-elle.

- J’avais peur que tu me rejettes encore une fois. A l’époque, des choses s’étaient passées. Des choses qui avaient fait que nous nous séparions. Ni toi, ni moi étions responsables.

- Quoi ? Attends, je ne te suis plus, là !

- Nous nous sommes rencontrés à l’internat. A quarante cinq minutes de New York. Julie et toi êtes venues en milieu d’année. Vous étiez toujours fourrées ensemble. Tu m’intriguais. Tu me plaisais.

- Julie savait qui tu étais ? Elle ne m’a rien dit ? Je ne comprends plus rien. Depuis le début, tu me mens. Vous me mentez tous ?

- Calme-toi, laisse-moi t’expliquer les choses. Après tu seras libre de penser ce que tu veux.
Il la suivit jusqu’à l’intérieur de la maison. Il la fit asseoir sur le canapé et se posa en face d’elle sur la petite table basse en bois.

Le Jeu de La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant