Le Jeu de La Vie

TROIS

Le début du vol s’était passé sans encombre. Si les autres s’amusaient à l’arrière du jet avec différents jeux de société, Blake ne cessait de réfléchir, les yeux rivés dans le vide, à travers le hublot. Le paysage était époustouflant, elle ne pouvait le nier, mais autre chose occupait son esprit jusqu’à ce qu’une main se pose sur son épaule la faisant sursauter.

- Tu ne veux pas venir jouer avec nous ? demanda Noah toujours la main sur son épaule.

- Non, j’ai horreur de ça, refusa-t-elle.

- Ce n’est pas vrai, chuchota-t-il en s’asseyant à ses côtés, tu adorais jouer avec moi. Avant. Qu’est-ce qui t’arrive ?

Elle ne put réprimer un soupir et retourna sa tête pour échapper aux yeux bleus de son petit frère.

- Je vois bien que tu es malheureuse. Tu peux te confier à moi, je ne suis plus petit, je peux comprendre, commença-t-il. C’est à cause de Jonas et Madeline ?

- Ce n’est pas aussi simple que ça, Noah… Je n’ai pas envie d’en parler, s’il te plaît. Tu ferais mieux d’aller rejoindre les autres et t’amuser, chéri.
S’attendant à ce qu’il rebrousse le chemin pour rejoindre le reste de la famille, elle fut prise de court lorsque celui-ci se jette dans ses bras, l’enlaçant très fort.

- Ça fait longtemps que tu ne m’as pas appelé comme ça. Ça commençait à me manquer. J’ai cru que je t’avais perdu à jamais, moi !

Blake le serra à son tour en embrassant le sommet de sa tête.

- Fais-moi plaisir, viens avec moi, supplia-il avec une moue toute mignonne, en plus, Juju ne se gêne pas de faire rager Madeline. C’est complétement hilarant !

Après cela, le reste du vol se passa sans encombre si l’on oubliait les petits accrochages de Julie avec le couple. Mais, il fallait avouer que celle-ci possédait l’art de la faire rire intérieurement.

Bali. La destination rêvée pour décompresser, pour s’épanouir.
Elle ne regrettait pas une seconde les presque vingt-deux heures de vol.
Ça en valait largement la peine.
Une fois installés dans la villa, la famille s’était réunie sur la terrasse pour déguster le premier repas sur ce paradis. Tous mettaient la main à la pâte. Enfin, relativement, tous. Le jeune couple avait pris congé dans un petit coin éloigné, à côté de la piscine, pour se bécoter.

- Ça commence bien, geint Julie en posant un plateau de fromage et de charcuterie sur la table à manger. Je crois que je ne m’y ferai jamais à ce genre de spectacle.

- Moi, non plus, figure-toi, s’écria Noah blasé, je n’arrive même pas à trouver ça mignon.

- Quand est-ce que vous allez arrêter de vous plaindre tous les deux ? Nous sommes ici pour passer un bon moment. Laissez-les tranquilles, un peu.

- Si papa était encore là, il n’aurait jamais accepté cette situation, murmura-t-il plus pour lui que pour les autres mais ça n’échappa pas aux oreilles de sa mère.

Le reste de la matinée se passa sans encombre. Les deux acolytes, alias Noah et Julie, avaient même réussi à arracher quelques minces sourires à Blake.

Quelques heures passèrent et sous les protestations de Queen Madeline, ils se retrouvèrent tous au bord de la mer.
C’était avec les lunettes posées sur le bout du nez, un chapeau en paille sur la tête, une longue robe banche de plage et un bouquin à la main que Blake les rejoignit un peu plus tard.

- Blakie, cria Noah de loin. L’eau est parfaite !

Elle se contenta de lui faire un signe de la main. Elle regrettait les moments qu’elle avait manqué avec son frère. A cause de son chagrin, Blake s’était isolée de tous mais surtout de son petit protégé. Ce n’était que maintenant qu’elle remarqua que ce dernier avait bien grandi et commençait à prendre en maturité et en allure.

Elle s’installa sur un transat, ne le quittant pas une seconde des yeux. Ce voyage était l’occasion rêvée pour retisser les liens avec lui.
Elle laissa tomber ses affaires sur le sable et décida d’aller le rejoindre une serviette à la main.

- Tu viens, chéri ? demanda-t-elle.
Et c’est avec un sourire aux lèvres qu’elle l’entortilla dans le linge en frottant ses épaules.

- Ça te dit une balade au bord de la mer ? Rien que toi et moi ?

- Oui, j’en serai ravi.