La jeune brune resta confinée plus d’une semaine dans son appartement. Elle se sentait trahie une seconde fois. Le plan de sa mère cessa de la tourmenter lorsqu’elle comprit que sa rupture avec Ayden avait été manigancée par sa sœur. Une question se répétait en boucle dans sa tête : pourquoi Madeline lui faisait tant de mal ? Que lui avait-elle fait pour qu’elle l’empêche régulièrement d’être heureuse ?
Ce n’était donc pas la première fois qu’elle essayait de réduire à néant son bonheur naissant.
Blake était tellement choquée. Elle peinait à croire que sa sœur puisse être aussi avide de lui briser le cœur.
En prenant son incontournable douche froide, la jeune femme se promit que cette fois-ci, personne ne gâchera sa vie. Personne.
Tailleur noir, chaussures rouges, son sac au creux de son bras, Blake fit un retour phénoménal au boulot. Cette fois-ci, c’était son sourire chaleureux et sincère son unique atout.- Bonjour, Alice, salua-t-elle son assistante qui peinait, toujours, à suivre sa démarche.
- Bonjour, Mademoiselle Blake. Tout est prêt pour la réunion, il ne manque plus que vous.
- Je suis tout aussi prête, Alice.
La salle était encore vide. Elle se délecta du silence qui l’enveloppait. Ce même silence apaisant qu’elle avait adoré lors de son week-end à la campagne. Qu’est-ce qu’elle aimerait y retourner ! Elle regrettait légèrement qu’elle soit partie aussi vite.
La journée se passa normalement. Elle reprit ses petites affaires avec un nouveau souffle ; son travail lui avait tellement manqué. Elle ne croisa pas sa mère après la réunion, ce qui tombait bien, elle avait encore besoin d’un peu de temps pour assimiler ce qu’elle lui avait cachée.
Le soir, elle décida de se faire plaisir. Elle commanda plusieurs spécialités asiatiques ; son péché mignon. Elle s’entoura de plats, s’assit par terre et mit son show préféré.
Sa tranquillité fut, malheureusement, de courte durée. Des coups à la porte l’avaient contrainte à se lever. Elle enjamba les petits délices pour aller ouvrir son antre.Un Ayden tout gêné se tenait à l’entrée. Elle le regardait longuement attendant qu’il explique la raison de sa venue aussi tardive soit elle.
- Lottie m’a dit que tu avais repris le travail. Je me suis dit que, peut-être, tu allais m’ouvrir cette fois-ci. Je sais que tu ne veux plus me voir mais je voulais t’apporter quelque chose, finit-il par dire en lui montrant un paquet.
Blake ne rétorqua pas. Elle s’effaça derrière la porte pour le laisser entrer. Une fois au salon, celui-ci fut ébahi par la quantité démesurée de plats sur la table basse et le sol.
- Sans commentaires, j’avais faim. Ça fait une semaine que je n’avais pas mangé convenablement, répondit-elle à sa question silencieuse en levant les yeux au ciel.
- Tu voulais me donner quelque chose ? Si c’est pour te faire pardonner de m’avoir menti, tu te fourres le doigt dans l’œil. Je te préviens, tu vas ramper !
- Non, ria-t-il. Enfin… Tu as oublié ça sur la terrasse l’autre jour.
Il sortit la petite boite bleue du sachet en papier et le déposa à proximité de Blake, sur le canapé. Celle-ci passa nerveusement une main dans sa chevelure.
- Bien sûr, tu… tu l’as ouverte, conclut-elle.
- Oui… Si tu ne veux pas en parler, je ferai comme si je n’avais jamais rien vu, promit Ayden en prenant sa main dans la sienne.
Elle baissa les yeux quelques instants sur leurs mains liées. Elle le regarda encore une fois, mais cette fois-ci, elle le détaillait. Il avait tant changé. Il fallait l’avouer, il était tellement séduisant. Maintenant qu’elle se rappelait tout, elle avait toujours adoré ses yeux d’un gris glacé. Elle s’y perdait à chaque fois qu’elle les croisait.
- Je te reconnais, maintenant, chuchota-t-elle. Il fut un temps où je voulais t’oublier mais tu es toujours resté dans mon cœur, la preuve, continua-t-elle en pointant la boite. Mais certains événements ont fait que je ne me souvienne plus de toi. Saches juste que pendant ces derniers mois, tu as embelli ma vie. Tu m’as fait sortir des ténèbres de mon passé douloureux, tu m’as rendu le sourire et la joie de vivre.
Il resserra sa prise sur sa main et caressa celle-ci de son pouce.
- Qu’est-ce qui t’est arrivé ? interrogea-t-il soucieux. Tu veux bien me raconter ?
- J’avais un voyage d’affaires prévu pour trois mois. Ce n’était pas la première fois que je quittais la maison aussi longtemps. Jonas avait l’habitude, il ne s’en plaignait pas. Ça devait me mettre la puce à l’oreille mais je croyais qu’il était juste TRES compréhensif.
Lorsque j’étais arrivée à l’aéroport, je m’étais sentie mal, j’avais des douleurs abdominales horribles, des vertiges… Un agent de sécurité m’avait rattrapé dans ma chute et avait appelé une ambulance.
Je fus très vite prise en charge à l’hôpital. Quelle fut ma surprise quand le médecin de garde m’avait annoncé que j’étais enceinte de presque cinq mois. Je lui avais ri au nez et je l’avais traité de menteur, dit-elle en riant amèrement.
Il m’avait expliqué alors que j’avais fait une sorte de déni de grossesse partiel, qu’il existait des cas comme ça. J’étais abasourdie. Tu sais, nous avions essayé de concevoir un bébé, en vain. J’avais perdu tout espoir et voilà qu’il me disait que j’étais enceinte à seulement quatre mois du terme.
J’avais exigé qu’un gynécologue m’ausculte dans l’heure.
En sortant de l’hôpital, j’étais à la fois sous le choc et extrêmement folle de joie. Je n’avais pas réfléchi, j’étais directement partie chercher un magasin de jouets d’enfants. Je l’avais trouvé tellement mignon ce doudou.Blake essaya d’empêcher ses larmes de couler. Sa gorge était nouée, elle l’empêchait de parler. Mais, elle voulait tellement vider son cœur qu’elle laissa toute la pression, accumulée pendant deux années, tomber.
- Je voulais tellement lui annoncer. Je savais qu’il voulait tant être papa. Je ne pouvais plus attendre.
Tout était calme à la maison cette nuit. Sans aucun bruit, j’étais montée à l’étage. C’était là où je les avais vus. Tous les deux. Leurs corps emboîtés l’un à l’autre. Jonas et Madeline.
Ils étaient en train de coucher ensemble… sous mon toit, dans ma chambre… sur mes draps…
A ce moment-là, je voulais juste fuir, effacer cette scène de ma mémoire. Je ne voulais plus les voir.
Ils m’avaient trahi. Tous les deux.
Je voulais aller tout raconter à maman. Je voulais qu’elle me réconforte, qu’elle me prenne dans ses bras, qu’elle me rassure.
Je n’avais rien vu venir. J’avais grillé le feu et je m’étais trouvée propulsée à l’autre bout de la route.
La suite, tu peux la deviner.Elle déglutit brouillement et fixa un point au loin.
- C’était un petit garçon. Je voulais l’appeler Ayden, ajouta-t-elle en lui montrant le verso de l’échographie.
Ses pleurs s’accentuèrent. Il la prit dans ses bras et la serra fermement. Il était de tout cœur avec elle, il partageait même sa souffrance.
- J’ai tué mon propre bébé. Par leur faute, réussit-elle à dire entre deux sanglots.
- Non, ne dis pas ça, Blake. Tu ne l’as pas tué.
Toujours contre son torse, la dite Blake continua à évacuer ses peines jusqu’à s’endormir. Ce qui n’empêcha pas Ayden de la garder auprès de lui et de la dorloter.Le lendemain, Blake fut réveillée par les rayons de soleil. Elle se sentait si légère.
Son ancien petit-ami dormait toujours. Elle se redressa sur ses coudes et le contempla. Ses doigts allèrent d’eux-mêmes caresser les traits carrés de son visage. Elle sourit lorsque celui-ci fronça légèrement ses sourcils.
Pour la première fois, depuis longtemps, elle se sentit heureuse. Et, elle n’avait aucune envie de dissimuler ce qu’elle ressentait.
- Je t’invite à dîner, ce soir, annonça la jolie brune une fois qu’elle fut garée devant la maison d’Ayden. Je passe te prendre à vingt heures, ça te va ?
- Ça me laisse le temps de me faire beau, répondit-il un sourire en coin. Où est-ce que tu m’emmènes ?
- Surprise ! Tu le sauras dans moins de dix heures, se moqua-t-elle en regardant sa montre alors qu’Ayden secouait sa tête en rigolant.
Il embrassa sa joue avant de quitter l’habitacle. Blake attendit qu’il rentre pour rejoindre l’entreprise familiale.
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Le Jeu de La Vie
Storie d'amoreLa vie est un jeu incertain et à risques. Quand on y joue, on en sort gagnant ou perdant. Quand on y joue, on sacrifie beaucoup de choses pour arriver à ses fins ultimes et monter sur la plus haute marche du podium. Quand on y joue, on affronte des...