DEUX

14 4 0
                                    

Un mois était passé à la vitesse de l’éclair, les jours se ressemblaient, à vrai dire, ils devenaient plus ou moins ennuyeux. C’était pour ça que Blake s’était plongée dans son monde professionnel. Son travail était plus qu’important pour elle. Elle s’y donnait corps et âme, sans jamais se plaindre. C’était une sorte d’échappatoire qui la passionnait.

Charlotte, désarmée, essayait tant bien que mal de comprendre ce qui avait pu bien se passer pour que sa fille soit aussi triste et fermée. Selon elle, la rupture avec son ex-mari ne pouvait pas la rendre aussi malheureuse, c’était inconcevable. Elle était presque certaine qu’il y avait une autre raison derrière toute cette aigreur.
Blake était une jeune femme qui aimait la vie, qui la croquait à pleines dents. Elle faisait ce qu’elle voulait. Rien ni personne ne pouvait l’en empêcher, même pas sa mère. C’est vrai qu’elle avait toujours été d’une rigueur exemplaire lorsqu’il s’agissait de ses études ou son travail, mais ça ne changeait pas le fait qu’elle était vivante, souriante et radieuse.
Aujourd’hui, les seuls sourires qu’elle accordait aux autres étaient narquois ou moqueurs.

- Alice, pouvez-vous décaler mon rendez-vous de 20 heures ? annonça-t-elle en appuyant sur son interphone. J’ai encore quelques dossiers à boucler.

- Bien, Mademoiselle, répondit l’assistance. Désiriez-vous autre chose ? tenta-t-elle.

- Non, je vous remercie. Il se fait tard, vous pouvez rentrer chez vous.

Elle décrocha rapidement pour allumer une énième cigarette. Elle était si stressée ces temps-ci que sa consommation avait triplé. Mais, ça, elle n’en avait rien à cirer. Il fallait qu’elle termine ça avant la fin du mois.

- Je pensais que tu avais arrêté ! surgit une voix de nulle part.
Surprise, elle leva sa tête brusquement sans se ménager, ce qui lui donna le tournis.

- Je peux savoir ce que vous faites là ? demanda-t-elle dépitée.

- Blake, s’il te plait, enterrons la hache de guerre. Il faut vraiment que nous discutions, dit-il en prenant place en face d’elle sans attendre qu’elle l’y invite.

- Je n’ai rien à vous dire, lança-t-elle en continuant ce qu’elle avait à faire, je vous prierai donc de sortir de mon bureau. J’ai du travail.

- Tu peux arrêter de me parler comme si j’étais un de tes subordonnés ! Merde, Blake, nous n’allons pas arrêter de parler juste parce que nous ne sommes plus ensemble, cracha-t-il, nous étions amis avant de tomber amoureux et de nous marier. Nous étions complices ! Qu’en fais-tu de tout ça ? Tu ne vas pas oublier tous nos merveilleux moments ensemble.

Le visage impassible, le regard perçant et la cigarette brulant légèrement le bout de ses doigts, Blake n’émit aucune réaction. Elle le détaillait. Il avait tout de même un sacré culot de se présenter ici pour lui demander des comptes, deux ans après l’incident.

- Arrête de me regarder comme ça, je suis sérieux, je ne veux pas qu’il y ait des tensions entre nous, émit-il quelques minutes plutard, cette ambiance est invivable que ce soit pour nous ou pour le reste des convives. Ça en devient lassant à force, il s’est passé deux ans depuis… Même Charlotte est d’accord sur ce point. Donc, ce soir, s’il te plait, conduis-toi en adulte, ne gâche pas tout, encore.

- Quelle audace, dites donc ! C’est assez gonflé de votre part de venir jusqu’ici pour me dire ça, dit-elle enfin en contournant son bureau. Vous ne trouvez pas ? C’est vous qui parlez d’amitié, d’amour et de merveilleux moments ? Vous vous en êtes rappelés lorsque vous avez décidé de fricoter avec ma sœur lorsque j’avais le dos tourné ? Je crois bien que non.

Le Jeu de La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant