Chapitre 11

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Abby.


Ça m'a frappé comme un éclair illumine le ciel lors d'une nuit d'été.
J'étais assise en face de Channing et une petit voix dans ma tête m'a demandé ce que je foutais là. Pas dans cet appartement, pas en face d'un viel ami, mais à Londres.
Seulement je n'ai pas trouvé de réponse adéquate, je n'en avais aucune idée. Je ne savais plus ce j'étais venue chercher ici, les réponses que je pensais trouver ne venaient pas. Je n'avais pas besoin de m'enfuir, j'avais besoin de rester près de Chris parce-que c'était toujours lui que j'aimais. Même après ce qu'il m'a fait, il restera l'amour de ma vie.

Alors je me suis levée de ce canapé en expliquant à Channing que je devais rentrer, que j'avais besoin de voir Chris pour savoir si je pouvais toujours vivre avec lui. J'ai courru jusqu'à chez Aydan, pris ma valise que je n'avais même defaite, comme si j'avais déjà la solution dans un coin de ma tête mais que je ne voulais pas la laisser me guider et je suis parti à l'aéroport.

Durant tout le vol je me répétais ce que je devais lui dire une fois que je serai en face de lui. Pourtant, quand je suis rentrée et que quelques minutes après il est apparu devant moi, j'ai tout oublié. Il était là. Si beau et en même temps si torturé.

J'avais envie de sauter dans ses bras mais je me suis retenue. Je ne veux pas que ce soit trop facile pour lui, je ne veux pas qu'il croit que je peux tout oublier parce-que c'est lui.
Je suis revenue parce-que je l'aime et qu'il sera toujours fait pour moi. On a tous les deux notre part de responsabilité dans cette histoire, je suis certaine qu'avec un peu de temps je pourrais lui pardonner. J'ai du mal à lui faire confiance comme avant mais je pense que ça peut revenir.
Ce qu'on a est tellement beau que ça mérite d'essayer d'être réparé au lieu de le jeter à la poubelle.

Sous la douche, je me demande pourquoi je n'ai jamais rien pardonné à personne.

C'est vrai, à part mon père, j'ai rayé toute personne de ma vie au moindre faux pas.
J'essaye de me rassurer en me disant qu'il n'y avait pas d'autre solution, que la sentence était à hauteur du crime.
Pour ma mère et Ethan c'est vrai. Mais pour d'autre, j'aurais pu faire un effort, l'erreur est humaine. C'est peut-être justement ça le problème, toute ma jeunesse on m'a répété que je n'avais pas le droit à l'erreur et que c'était une marque de faiblesse. Je pense que je m'en suis convaincue et qu'à cause de ça, je n'accepte pas l'erreur chez les autres ce qui m'emmène à les trouver faible.
Pourtant, n'est-ce pas une force que d'admettre qu'on peut se planter tout en continuant d'avancer ?
Sénèque l'a dit : "L'erreur n'est pas un crime."

Je devrais probablement reprendre le cours de ma vie comme si il ne s'était rien passé, c'est ce qu'il y aurait de mieux à faire mais j'ai tellement peur qu'il puisse recommencer un jour.
À chaque fois que l'on va se disputer, qu'il rentrera tard ou qu'il ne me répondra pas, j'ai peur de toujours me demander ce qu'il est en train de faire. Et ce n'est pas une vie, ni pour lui, ni pour moi.
Pourtant avant cet... incident, j'avais pleinement confiance en lui. Je n'avais aucune raison de douter, je pensais qu'il m'aimait assez pour résister. Et sans doute que c'était le cas, c'est juste que ce soir là il était plus en colère qu'amoureux. Il n'est pas le seul à blâmer, j'ai été aussi stupide que lui.

Je fini de me sécher les cheveux et m'habille. Je n'y avais pas fait attention mais notre lit n'est même pas défait. Il doit dormir ailleurs et je le comprends, moi non plus je ne parviendrai pas à y trouver le sommeil si il n'était pas là.
Je prends conscience de ce que je lui ai fait, moi aussi. Je l'ai fui, je suis parti à l'autre bout du monde sans le lui dire, sans lui laisser une chance de s'expliquer.
Si les rôles avaient été inversés, j'aurais préféré qu'il reste avec moi pour que je puisse lui montrer à quel point j'étais désolée. J'ai été aussi égoïste qu'il l'a été, il n'y a pas que moi qui mérite de recevoir des excuses.

Je descend les escaliers doucement pour ne pas faire de bruit, je ne veux pas qu'il m'entende arriver. Oui, j'aime bien l'espionner de temps à autre.
Il est dans la cuisine en train de préparer le petit déjeuner, il s'est juste vêtu d'un bas de jogging et je pourrais presque lui sauter dessus si je n'avais pas décidé de le faire galérer.

- Ça sent bon ! Dis-je en sortant de ma cachette après avoir admirer la vue quelques minutes de plus.

- J'ai préparé des gaufres aux myrtilles. Sourit-il.

- C'est parfait, merci.

Je m'assoie autour de l'îlot et sers une assiette pour Chris et une pour moi. Il y a des habitudes qu'on ne change pas.

- Je pourrais t'en faire tous les matins si tu veux.

- C'est sur ta liste pour te faire pardonner ?

- Il y a une liste ? Demande t-il avec un sourcil arqué.

- J'ai commencé à en faire une.

- Oh. Et tu as mis quoi dessus ?

- Tu le sauras en temps voulu. Dis-je en commençant à manger.

Il me regarde l'air inquiet. Il doit se demander ce que je peux bien lui réserver et je ne le sais pas encore moi même, j'ai seulement envie de m'amuser un peu.

- D'accord. Sur ma liste non exhaustive, je mettrai d'apprendre à être moins jaloux.

- Oui c'est un bon point. Sourié-je. Je voudrais m'excuser, moi aussi, d'être parti sur un coup de tête sans te dire où j'allais.

- Je présume que je l'avais bien mérité de toute manière...

- Je pensais que c'était une bonne idée mais ça ne l'était pas du tout. J'avais à peine passé deux heures avec Aydan qu'il me gonflait déjà.

- Il te dit toujours ce que tu as à faire, ce n'est pas une surprise. Rit-il.

- Ouais. Mais c'est toujours dur à supporter. Grimacé-je.

Il sourit avant d'oser prendre ma main dans la sienne pour la porter à ses lèvres et dépose un bisous dessus.
Je comptais faire la grève du sexe mais le voir torse nu me donne l'envie irrésistible de lui enlever le reste de ses vêtements.


Brisés Où les histoires vivent. Découvrez maintenant