Chapitre 17 : Le bilan

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Deux heures plus tard, la station est nettoyée, le courant rétabli, les ingénieurs procèdent aux réparations les plus urgentes afin de sécuriser les brèches et ramener les corps qui y sont encore. Un vaisseau de transport de troupes fait de même dans l'espace. Le spectacle est on ne peut plus macabre. Le pilote et le copilote du transporteur ont du mal à rester de marbre face à ce spectacle. L'un d'eux étant même pris d'un haut-le-cœur, se retourne. Ce ne sont que des jeunes de la première promotions des pionniers formés aux vols dans l'espace. Mais à l'intérieur de la station, à la salle de commandement réaménagée en camp de base improvisé, les blessés et les morts affluent, puisque l'infirmerie a été évacuée avec une grosse partie des médicaments, ainsi que tous le personnel valide, le site est devenu le centre névralgique de la station.

Dans l'hôpital de campagne installé dans le coin le moins exposé de la salle, Allongé sur un lit de camp, Aytham recouvre ses esprits après s'être évanouis à trop utiliser sa magie pour alimenter la radio de la station. La vue encore troublée et les oreilles continuant de bourdonner, le Major distingue des silhouette allant et venant avec des brancards. Certains avec des corps complètement recouverts d'un drap laissant une main pendante, d'autres avec des blessés critiques hurlant à la mort.
Une voix reposante lui attire l'attention. Un spec ops faisant probablement parti de l'équipe de secours, tenant la main d'une malheureuse passant ses dernières secondes d'agonie. Ce soldat porte sur son bras un patch peu commun représentant une étoile avec des ailes d'ange et avec un grade équivalent au sergent dessiné par-dessus. "Cet homme est un prêtre de l'église de la créatrice." Se dit Aytham qui se laisse bercer par les mots de l'homme accompagnant la mourante dans ses derniers instants.
"Ne craint rien ma fille. Aie confiance en la Créatrice qui t'accompagnera dans ce nouveau voyage. Tu pourras démarrer une toute nouvelle vie pleine de partage et d'amour. N'aie pas peur. N'aie pas peur, ma fille. Tu as prouvée ta bravoure en protégeant les tiens. La souffrance n'est que temporaire, mais tu partiras en état de grâce. Je t'absous de toutes tes fautes, par les pouvoirs qui me sont conférés. Au nom de la Créatrice et du Divin, je te souhaite un départ pour une nouvelle vie radieuse."
Le corps de la malheureuse s'arrêtant progressivement de trembler, s'apaise et part dans un sommeil sans fin. Le prêtre pose sa main au-dessus de sa poitrine, prend sa plaque d'identification, embrasse son front et lui murmure : "Va en paix ma fille." Avant de se redresser et d'attacher sa plaque à son trousseau constitué des plaques de tous les malheureux qu'il a dû apaiser. Il remet son casque, reprend son arme et repart comme il était venu.

Au moment où le major tente de se lever, il se rend compte au dernier moment que ses jambes ne réagissent pas et tombe avec fracas de son lit, arrachant les perfusions et le moniteur montrant son rythme cardiaque.
"C'est quoi ce bordel ?!
- Raaaah moooh ! Major ! Restez couché ! Vous n'avez plus d'énergie dans vos jambes, il faut vous reposer ! Lance Yoko à Aytham qui peine à se relever. 
Plus tard, le félidé se retrouve sur un fauteuil roulant pour chercher Iori à travers l'hôpital improvisé, quand il entend une voix derrière lui.
"Derrière-toi champion." Aytham se retourne, voit Iori, peinant à cacher sa joie de la voir vivante.
Elle se tient debout avec son bras droit enroulé dans un bandage et avec des pansements sur son visage.
"Je suis content de te revoir soeurette ! Tu as l'air d'avoir morflé ...
- Avec les combats, je ne saurais plus trop te dire ce qui m'est arrivé, mais j'ai tout le côté droit qui s'est pris le souffle d'une grenade. Ca brûle encore un peu, mais les antidouleurs font effet. Et toi ?
- J'ai dû trop donner de mon énergie pour alimenter la console pour rester en contact avec l'extérieur. Donc, pour le moment, mes jambes sont hs. C'est à peine si je les sens en les pinçant pour le moment.
- On nous l'a pourtant enseigné à l'académie. Pas de surutilisation de notre énergie vitale pour faire de la magie si on ne veut pas subir les conséquences ... Mais bon avec une pareille tête de mule comme frère de cœur, tu veux que je fasse quoi ? Bref, je t'emmène faire un tour ?
- Ouais, je veux bien aller au dernier étage, dans la bulle panoramique."

Arrivés sur site, Aytham et Iori assistent au spectacle morbide du repêchage des cadavres autour de la station.
"Drôle de spectacle hein ?
- Tu l'as dit ... J'en peux plus de ces conneries, après tout ce merdier, je promets de mettre fin à ma carrière.
- Tu penses faire quoi ? Demande Iori.
- Me lancer dans le privé. Gérer une compagnie pour assurer la protection des populations et aider à la reconstruction. Beaucoup auront besoin d'aide quand la guerre sera fini.
- Garde une place pour moi, j'ai assez donné aux forces d'auto-défense. Surtout quand c'est dirigé par des ronds de cuir du parti des conservateurs. Si je n'avais pas postulé dans le corps expéditionnaire, je n'aurai jamais quitté le pays.
- C'est vrai que tu viens de la partie conservatrice du pays.
- Ouais ... Les mœurs restent assez arriérés malgré une nette progression ces dernières années. J'ai quand même dû tenir tête à mes parents, parce qu'ils voulaient que je sois médecin et aussi cogner certains collègues encore bloquées dans leurs idées du siècle dernier, pour leur prouver mes valeurs, parce que je suis une femme ... Bref. Et maintenant ?
- Et maintenant ? ... J'espère qu'on va enfin voir le bout de cette guerre. Ce n'est pas comme si on a connu ça tous les deux depuis que nous sommes nés. Je suis même épaté que le monde n'aie pas été réduit en cendre après 30 ans de guerre.
- Ouaip ... Faisons en sorte que cette sortie soit la dernière Aytham. Dit-elle en posant sa main sur son épaule.
- Ouais ! On va tout donner pour ce dernier run Iori." Répond-t-il en esquissant un léger sourire.

New Horizon ne répond plus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant