chapitre 44

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Sans grande surprise, Saga trouva Camus et Milo en plein combat. Ils s'affrontaient sur une des falaises qui entouraient le temple culminant. Le Verseau était si déchainé qu'il avait mis de la glace à plusieurs kilomètres à la ronde. Les montagnes entourant le sanctuaire ressemblaient maintenant aux paysages des terres d'Asgard. Il y avait du givre et de la neige un peu partout, et les températures avaient chuté comme au Pôle Nord. Milo tentait de lui faire face avec son cosmos, tout en supportant difficilement le froid et les mots durs du Verseau. Camus était tellement en colère qu'il se montrait d'une grande cruauté. Milo se sentait dépassé par les réactions de celui qui avait été autrefois son ami. Il ne savait pas comment apaiser ses tourments ni sa peine. Et il n'y avait hélas rien qu'il puisse faire, si ce n'était qu'attendre que le temps fasse son œuvre. Le Verseau n'arrivait pas à pleurer tellement il se sentait tourmenté. Il ne pouvait pas faire de travail pour apaiser la douleur parce qu'il ne voulait pas accepter ses propres sentiments. Il ne pouvait pas accepter de voir Milo plus épanoui avec Aiolia, son opposé : une personnalité solaire qui n'avait aucune difficulté à montrer des preuves d'affections. Camus se sentait perdu, humilié, rabaissé par ses propres pensées qui le persuadaient d'être indigne de l'affection de Milo. C'est pourquoi il devait s'en prendre à lui. Il voyait les sentiments humains comme une faiblesse à enfouir. Et il l'avait si bien fait durant toute sa vie qu'il avait battit un mur de glace devant ceux qui lui étaient chers. Camus préférait tout faire disparaître dans un coin, plutôt que de se montrer faible. C'est ce qu'il avait toujours fait, et c'est ce qu'il avait appris à son élève Hyoga en l'obligeant à oublier sa mère. Et aujourd'hui, cela lui jouait des tours, car ses émotions devant la perte de Milo étaient si incontrôlables que toutes les couches de glace du monde ne suffiraient jamais à les cacher. Si Hyoga le voyait ainsi, il aurait trouvé la situation bien ironique.

Les chevaliers d'or buvaient et bavardaient bruyamment lorsque Saga revenait enfin avec Camus et Milo. Il les avait calmés en leur tirant les oreilles. Il les avait ensuite trainés jusqu'à la salle des conseils sans lâcher leurs lobes. Lorsqu'ils furent libérés, le Scorpion galopa jusqu'à Aiolia pendant que le Verseau se posait le plus loin possible de lui. Les larmes coulaient sur les joues de Camus, submergé par la frustration et la colère d'avoir perdu Milo. Saga s'installa près de Shura pour lui dire deux mots avant d'entamer la réunion ;

— Shura, je peux compter sur toi pour conserver ton binôme avec Camus ?

— Je suppose que c'est faisable, répondit le sabreur. Enfin, s'il l'accepte.

— Tu es plus âgé, et plus sage, poursuivit Saga. Camus a l'air très immature émotionnellement. Il a besoin qu'on lui apprenne à accepter ce qu'il ressent. Tu es un bon professeur, je sais que tu es capable de l'aider. Si Shion vous avait placé ensemble, c'est parce qu'il avait senti le potentiel de votre binôme. Camus a besoin d'une personne comme toi pour s'améliorer et s'épanouir.

— Tu le penses vraiment ? fit Shura qui avait l'air tout à coup moins triste.

— Bien sûr, approuva Saga qui se sentait rassuré devant la réaction du Capricorne.

Shura avait été peiné par le comportement de Camus, il avait peur de ne pas être à la hauteur et de perdre son binôme. Mais Saga avait probablement raison. Camus avait besoin d'une personne sage, calme et mature à ses côtés. De plus, tous les deux partageaient beaucoup de points communs qui avaient contribué à la naissance d'une belle complicité. Shura ne désirait pas blâmer ou punir Camus pour la réaction qu'il avait eue dans la bibliothèque. Il préféra plutôt le rejoindre à table, et en discuter pour l'aider à comprendre ce qu'il avait ressenti. Shura lui servit même un verre du vin d'Elysion qu'il n'avait pas encore goûté et le rassura en lui expliquant qu'il ne lui en voulait pas. Le sabreur exprima également son souhait de vouloir conserver son binôme avec lui, ce qui semblait faire plaisir à Camus qui avait probablement eu peur de le perdre. Au final, le Verseau semblait s'apaiser devant les paroles de son ainé, et l'air furieux qui déformait son visage s'évapora en récupérant son verre. Saga eut un sourire en les voyant boire ensemble. Il avait pris la bonne décision en s'entretenant avec Shura. Il décida ensuite d'ouvrir la discussion à propos d'Ares. Les deux déesses firent part des informations qu'elles avaient à son sujet et préparaient des notes sur les armées du dieu rouge. Milo n'écoutait plus vraiment, étant trop fatigué et angoissé par sa confrontation avec Camus. Il avait encaissé tellement d'épreuves et de difficultés ces derniers mois qu'il n'avait plus qu'une envie ; retrouver son lit dans ses appartements. La journée lui avait paru longue, trop longue. Il avait dû se battre contre Orion et Mnémosyne, il avait été en enfer, avait failli mourir sous son propre venin, et ensuite, il avait dû encaisser la colère de Camus. Aiolia voyait que son compagnon tenait difficilement sur sa chaise. Il s'était affalé sur la table tout en se forçant à écouter Saga. Aiolia lui tendit un verre de vin pour lui redonner du courage ainsi que quelques douceurs qui trainaient sur la table. Milo avala tout d'une traite en espérant que la réunion se termine vite. Ensuite, ses souvenirs devenaient flous. Le Scorpion se souvenait surtout d'Aiolia qui le trainait par-dessus son épaule jusqu'à leurs appartements. Le Lion avait changé les draps avant de dormir et l'aida à se coucher et à quitter son armure. Milo ne faisait même pas attention à la poussière qui avait couvert leurs meubles à cause de leur absence ; il s'effondra à sa place et se laissa bercer par Aiolia qui le veillait pendant qu'il s'endormait. Le Lion gardait son compagnon contre son torse et lui parlait avec douceur ;

Les chevaliers du Zodiaque. Prométhée {TERMINE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant