Chapitre 1

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La porte claque et le brouhaha s'atténue. Une vieille femme, les lunettes sur le bout du nez, s'assied au bureau sans un regard à quiconque. Ses cheveux blond luisants couleur platine tombent sur sa chemise immaculée, et son air dédaigneux me dégoûte. Je me replonge dans ma composition, tandis qu'un murmure me déconcentre. Les talons de la surveillante claquent sur le sol:
- Tu sors!
- Mais...
- J'ai dis, tu sors !
Une chaise racle le sol, mon voisin se lève et, d'une démarche nonchalante, les mains dans les poches, il sort de la salle. Un silence pesant s'en suit, uniquement interrompu par le "clac, clac, clac" des talons de la surveillante. Je lui ai déjà trouvé un surnom, et je suis sûre que "la teigne" lui conviendra très bien. Je ris intérieurement de mon immaturité. Seul le "clic clac" des bic quatre couleurs brisent le silence, tandis que j'enchaîne les paragraphes, tous plus difficiles les uns que les autres.
Lorsque la sonnerie retentit, après deux heures et demies d'examen, je sors de la salle, poussée par la cohue d'élèves.
Je jette mon sac sur mon dos et me dirige vers la bibliothèque, mon petit paradis. Je pousse les grandes portes de bois et la chaleur du lieu m'entoure. La bibliothécaire passe devant moi, une pile de livres en équilibre très précaire dans ces bras. Je souris et la salue. Elle me souris à son tour. Elle est toujours en pleine action.
Je m'installe dans un fauteuil en cuir vert et me plonge dans un livre d'histoire. Un garçon s'assied en face de moi: grand, mince, les cheveux gris/blanc en bataille et les yeux vert émeraude. Plus rien ne m'étonne ici. Il me dévisage un instant puis se concentre sur son livre, un vieux grimoire à la couverture de cuir.
Une heure et demie plus tard, je m'étire et me lève de mon fauteuil. Le garçon en face de moi à disparut sans que je ne le remarque. Après avoir replacé tous mes livres dans ce labyrinthe d'étagères, je récupère mon sac et rejoins mon casier. Celui-ci est tellement en bazar que je suis obligée d'en sortir la moitié pour trouver mon carnet de notes d'économies. Je dois avouer que je ne suis pas vraiment une pro du rangement.
Sachant que j'ai vingt minutes de libre devant moi, je décide de passer à la cafétéria prendre un déjeuner. Après avoir opter pour un sandwich au saumon, je traverse les couloirs et rentre tranquillement dans l'atrium la bouche pleine, l'esprit ailleurs et le regard rivé sur mon téléphone. Je lève les yeux et stoppe mon mouvement alors que j'étais sur le point de croquer dans mon sandwich préféré ; en effet, tout l'auditoire à le regard rivé sur moi. Je baisse lentement mon sandwich et j'observe les différentes têtes qui me font face. Je me tourne vers l'élève le plus proche de moi, un sourcil levé en signe d'incompréhension.
- J'ai une tache sur le front ?
Il a dû trouver mon intervention comique car il se met à pouffer de rire, avant de se reprendre en se raclant la gorge:
- Tu es convoquée chez le directeur pour une urgence.
Une ... urgence !?! C'est la première fois que j'entends quelqu'un me parler d'une urgence chez le directeur, et je ne dois pas être la seule car l'atrium continue à me fixer comme une bête de foire. Je tourne les talons et ferme la porte en me dirigeant vers le bureau de cet illustre personnage que je vais avoir l'honneur de rencontrer en personne pour la première fois.

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