Je secoue énergiquement la tête pour en sortir toutes les idées négatives, expire un bon coup et j'ouvre la porte de la salle de bain, tandis que la vapeur s'échappe de la pièce vers le couloir. Ma serviette enroulée autour de ma poitrine, je m'engage dans le corridor en repensant à ma crise de la veille. Je passe devant la chambre de mon frère; Jason a, comme toujours, oublié d'éteindre la lumière de son bureau.
J'observe le panier de basket collé en face de son lit. Un sourire triste se dessine sur mon visage, en tentant de me rappeler le nombre de fois incalculable où je me suis mise à crier pour que les coups de ballon sur le mur qui sépare sa chambre de la mienne cessent. Je passe dans celle-ci. Mon bureau croule sous les manuels, les feuilles volantes et les fiches, et mon pyjama traine à mes pieds.
J'attrape mon sac de sport, jeté négligemment près de mon lit, et le vide sans ménagement sur le parquet. Après y avoir lancé mon téléphone et mon portefeuille, je rajoute quelques affaires indispensables et un cadre avec une phrase inspirante que mes parents m'avaient offerts pour mes quatorze ans. En redescendant, je récupère les recharges de tickets de bus que mes parents ont laissé trainer dans l'entrée et je claque la porte en soufflant.
J'ai l'impression d'être une voleuse dans ma propre maison. Je pense que je ne reviendrais plus jamais ici. Les larmes se remettent à couler le long de mes joues déjà humides. Moi qui pensais que j'avais vidé tout mon sac, je m'étais bien trompée. Je marche, le regard vide jusqu'à l'arret de bus. Le temps passe, mais semble si long, les minutes s'egrainent plus lentement que des heures dans le sablier de ma conscience, et mes souvenirs reviennent par vagues sur la grêve de mon esprit, comme si je portais le poids du monde, s'allourdissant avec le temps et les fautes des Hommes. J'ai énormément de difficultés à respirer, et mon sac en bandoulière autour de mon cou me coupe le souffle. J'émerge de cet océan sombre lorsque le vrombissement caractéristique du véhicule que j'attends s'approche de mes oreilles. Ma vue, brouillée une nouvelle fois par les larmes, et bouchée par une grosse forme noires aux contours verts et gris, et les portes du bus s'ouvrent dans un long souffle, comme si un baigneur, accoudé le long de sa piscine privée avait ouvert une bouteille de Perrier devant sous mon nez. Je souris face à cette métaphore ridicule, car une goutte de pluie vient s'écraser sur mon front, et je m'engouffre dans la rame, tandis que la chaleur étouffantes et les relents de sueur m'entoure. Les arrêts se succèdent, les gens montent puis descendent, me laissant seule, accrochée à ma barre de fer et à la dure réalité qui me cerne de toutes part et me rappelle sans cesse à elle. Je décide de descendre à White Park, malgré la mémoire des balades passées le long des plates-bandes de géraniums et de rosiers. Je me souviens aussi vaguement d'un camion de pizzas près de l'entrée ouest. Malgré l'heure avancée, j'opte pour une hawaïenne. J'attrape le carton des mains du vendeur, lui sourit rapidement et, après avoir payé mon goûter/dîner en piécettes, je rentre dans le parc pour aller m'installer sur une des nombreuses pelouses habituellement habillées des nappes de pic niques colorées. Les parts de pizza disparaissent dans mon estomac et je finis par tomber dans les bras de Morphée.[ 589 ]
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Anger & Deities
Teen FictionCassie n'a que 16 ans lorsque le destin la rattrape. Son monde s'écroule, et avec lui, ses parents et son frère. Les événements s'enchaînent sans qu'elle n'en suive le rythme et elle se retrouve le pion d'un jeu bien trop élaboré pour elle. Et si el...