Chapitre 5

11 0 0
                                    

Je suis plongée dans un cercle vicieux, car plus j'ai peur, plus je panique, et plus je panique, plus j'ai peur. Mes pensées tournoient dans mon esprit comme une tornade et m'enfonce encore plus profondément dans mon malheur. Je ne peux pas, ce n'est pas possible, ils ne peuvent pas me laisser, je vais rester seule, ils ne peuvent pas m'abandonner, je ne peux pas, je ne veux pas... Ma respiration s'accélère et je me mets à suffoquer, mon souffle est rauque, je transpire, je suis coincée, j'ai besoin d'aide, je ne peux plus respirer. Ma poitrine se soulève mais l'air ne rentre pas dans mes poumons, mes muscles sont crispés et me font horriblement mal, je suis coincée. Le tourbillon qui m'entraîne me plonge encore plus profond dans cette spirale infernale et je perds connaissance pour la deuxième fois, sombrant dans les eaux noires de l'inconscience.

Je me réveille brutalement, une main sur la gorge, en suffoquant. Je tente de reprendre ma respiration, mais mes souvenirs me rattrapent et me frappent de plein fouet, me bloquant le souffle du même coup. Mes larmes se remettent à labourer mes joues, alors que je pensais avoir déversé tout mon soul avant de m'endormir. Je regarde m'a montre, et malgré mes yeux embués, je me rends compte qu'il est seize heures moins le quart. Tous mes membres sont lourds et engourdis, et je me sens fatiguée, mais malgré tout, une colère sourde me monte à la gorge, se déversant comme un ras de marée dans ma conscience. Je suis seule, sans attache ni personne, à cause de ce destin pourri, et de cette vie horrible. J'en veux à toute la terre, aux hommes, aux femmes, aux enfants, au monde entier. Un rage sans nom m'enserre le coeur comme un étau, et je voudrai hurler à la terre entière ma fureur et mon incompréhension face à ce que je vis. Je me lève mais mes jambes ne me soutiennent pas, et je m'etalle sur le parquet vernis de ma chambre, secouée de spasmes et les yeux rougis de tant pleurer. Je me redresse sur un coude et hurle à m'en arracher les cordes vocales, mais je m'en fiche, je voudrais seulement que quelqu'un m'entende, que quelqu'un m'écoute, au lieu de se concentrer sur sa petite vie pourrie et d'être égoïste. Mon poing s'écrase sur le sol, et une douleur fulgurante me traverse le poignet. Je relève ma main gauche devant mes yeux embués et prends conscience de ma situation. Je me relève avec difficulté, tandis que ma tête se met à tourner dangereusement et que mes jambes manquent plusieurs fois de me lâcher. Je me traîne jusqu'à la salle de bain et, sans même prendre le temps de me déshabiller, je tourne la poignée d'eau chaude, et le liquide brulant s'écoule le long de mon cou endolori en s'infiltrant dans mes vêtements froissés. Le jet m'apaise, et je me détends, la tête en avant et les épaules décontractées. Je me débarrasse finalement de ma tenue, devenue collante à cause de l'eau et de la sueur. Le miroir en face de moi s'embue, et je finis par sortir de la douche avec regret lorsque le jet commence à refroidir. Je m'enroule dans une serviette épaisse et moelleuse et m'assieds sur le rebord de la baignoire en me plongeant dans mes pensées.

[ 559 ]

Anger & DeitiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant